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Actualités - CHRONOLOGIE

Le pouvoir rejette une proposition américaine d'enquête internationale Les massacres prennent un caractère d'extermination en Algérie

En une semaine seulement de Ramadan — le mois de tous les dangers depuis le début de la guerre civile il y a six ans — l’Algérie a connu ses pires violences: un millier de morts selon le bilan cumulé des divers journaux, ce qui donne à ces massacres un caractère d’extermination Le pouvoir politique algérien, qui ne reconnaît jusqu’à présent que le massacre de 78 personnes, mardi dernier, dans la région de Rélizane, continue de son côté à affirmer que «le terrorisme destructeur vit ses dernières heures». Mais ni la population algérienne, qui, selon des témoins, fuit en masse les villages de l’Ouest où se sont produits les derniers massacres pour trouver refuge dans les villes, ni la communauté internationale, notamment occidentale, ne semblent plus y croire. La pression internationale sur le régime du président Liamine Zéroual s’accroît pour qu’il protège efficacement sa population et autorise une enquête internationale sur les véritables responsabilités dans les massacres — une pression rejetée par Alger comme une ingérence «inacceptable». D’ailleurs l’ambassadeur des Etats-Unis dans la capitale algérienne a été convoqué hier en soirée au ministère des Affaires étrangères où des «explications» lui ont été demandées sur une déclaration américaine demandant une commission internationale d’enquête sur les massacres. Selon l’agence officielle APS, le diplomate s’est vu signifier une fin de non- recevoir de la part de l’Algérie à cette demande américaine. Les derniers carnages, rapportés sans confirmation officielle possible par le journal «La Tribune», ont eu lieu, comme ceux des jours précédents, dans la région de Rélizane, à 240 km à l’ouest d’Alger: 117 personnes tuées samedi soir au village de Remka, «plusieurs centaines d’autres» — sans précision — brûlées vives la nuit suivante à Ammi Moussa, dans la même région. Compte-tenu des divers autres massacres rapportés par plusieurs journaux, les six premiers jours du Ramadan ont ainsi coûté la vie à plus d’un millier de civils — alors que le bilan de ce mois de jeûne, jugé par les islamistes armés propice à leur djihad, n’avait jamais auparavant dépassé 600 morts. Cette accélération spectaculaire de la violence, qui a fait au total, selon les organisations humanitaires internationales, au moins 80.000 morts depuis 1992, pousse l’étranger à réagir en prenant moins de pincettes que naguère vis-à-vis d’un pays connu pour être particulièrement sourcilleux sur son indépendance. ONU, USA, UE, Paris, Bonn... Le nouveau haut commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, l’ancienne présidente irlandaise Mary Robinson, a réaffirmé hier son souhait d’envoyer «dès que possible» des enquêteurs sur place. Elle s’est félicitée que Washington, Paris, Bonn et Rome, notamment soient sortis de leur prudence diplomatique. Les Etats-Unis, premiers clients du gaz et du pétrole algérien, ont estimé qu’il fallait que l’Algérie accepte la venue de ces «rapporteurs» des Nations Unies. La nouvelle présidence britannique de l’Union européenne a déploré et condamné les «écœurants» massacres du début du Ramadan, qu’«aucun motif ne peut justifier» et s’est déclarée prête à étudier avec le gouvernement algérien et les ONG les moyens de venir en aide aux victimes. Rome et Paris ont appuyé une proposition allemande d’envoyer la «troïka» européenne en Algérie pour discuter des massacres et venir en aide à leurs victimes. Klaus Kinkel, ministre allemand des Affaires étrangères, a en outre demandé que l’Algérie figure à l’ordre du jour de la prochaine réunion diplomatique des Quinze, demain à Bruxelles. Le département d’Etat et le Quai d’Orsay ont chacun rappelé le pouvoir algérien à ses devoirs de protection de sa population. Jusqu’à présent, le gouvernement algérien n’a répliqué qu’à Paris, en estimant sa prise de position «malvenue» et «en tout point inacceptable». La France s’est défendue hier de toute ingérence et a assuré avoir seulement réaffirmé sa politique: émotion devant l’horreur qui frappe la population, condamnation sans réserve des crimes terroristes et souhaite que tout soit fait pour rétablir la paix civile. (Reuters, AFP)
En une semaine seulement de Ramadan — le mois de tous les dangers depuis le début de la guerre civile il y a six ans — l’Algérie a connu ses pires violences: un millier de morts selon le bilan cumulé des divers journaux, ce qui donne à ces massacres un caractère d’extermination Le pouvoir politique algérien, qui ne reconnaît jusqu’à présent que le massacre de 78...