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Actualités - CHRONOLOGIE

Algérie : les rescapés du carnage de Rélizane veulent s'armer

Des rescapés du massacre de Rélizane, dans l’ouest algérien, ont demandé des armes pour défendre leurs villages, sur fond de critiques, dimanche, sur le mutisme des autorités et la «léthargie» de la classe politique face à ce nouveau bain de sang. Le décompte des victimes, des paysans de trois hameaux, égorgés et mutilés au premier jour du Ramadan, mardi, variait toujours de 78 morts — chiffre officiel — à 412, bilan donné par le quotidien privé Liberté Enfants au crâne fracassé, victimes laissées pour mortes, à moitié égorgées, femmes tuées à coups de pioches, de haches: de nouveaux récits témoignaient de la barbarie de la tuerie, qualifiée de «génocide» par certains journaux. Des rescapés ont affirmé avoir reconnu d’anciens villageois parmi les assaillants. «Ce sont des enfants du bled», a expliqué l’un d’eux. «On ne veut plus se faire massacrer. On veut des armes», ont déclaré un jeune et un paysan d’une quarantaine d’années. D’autres témoignages, cités par la presse, ont indiqué en revanche qu’une partie des habitants, terrorisés, ont fui les douars isolés, disséminés dans les montagnes de l’Ouarsenis (250 km d’Alger). Les assaillants, arrivés en début de soirée, après la rupture du jeûne, ont été décrits par certains rescapés comme vêtus «à l’afghane». Ils ont détroussé les habitants avant de tuer «sans distinction». «Mon heure n’avait pas sonné», a dit Taouz, 16 ans, blessée au ventre d’un coup de hache. En l’absence de revendications, la responsabilité des massacres était unanimement attribuée au Groupe islamique armé (GIA). Des maquis de l’Armée islamique du Salut (AIS), la branche armée du Front islamique du Salut (FIS — dissous) sont aussi implantés dans ces régions montagneuses et boisées. Mais l’AIS a proclamé une trêve unilatérale depuis le 1er octobre, confirmée par son émir (chef) de l’ouest, Ahmed Benaïcha. L’AIS a expliqué protéger les habitants des zones où elle est implantée. La logique génocidaire Pourquoi ces villages ont-ils été décimés? La presse avançait de nouveau la thèse de la fuite en avant, de la «logique génocidaire» des groupes armés, qui veulent se venger après avoir perdu le soutien de la population. «Certains des derniers raids pourraient être dirigés par le GIA contre des villages considérés comme proches de l’AIS», estime un analyste occidental. En massacrant à l’Ouest, le GIA cherche à soulager la pression des forces de sécurité pesant dans l’Algérois sur ses commandos, affirme la presse. Autre indication, des tracts avaient circulé il y a deux mois dans l’Ouest, selon des habitants, annonçant que le GIA frapperait dans cette région. «Nous avons déjeuné à Alger, nous dînerons à Oran», proclamait un de ces tracts. Si l’Ouest accaparait l’attention, la violence n’en continuait pas moins dans le centre, où plus de vingt-cinq civils ont été tués ces derniers jours, dont sept vendredi dans l’attaque d’un quartier des hauteurs d’Alger et plusieurs attentats déjoués. Le Matin a indiqué que les services de sécurité pensaient que les groupes armés tenteraient de frapper durant la seconde moitié du Ramadan à Alger. L’onde de choc du massacre a suscité des critiques sur le mutisme des autorités, l’absence de réaction des partis et le flou des bilans. «Qui détient les vrais chiffres?», s’interrogeait dimanche Le Matin, qui avançait un bilan de 252 morts, attribué à la protection civile de Rélizane. Seul le premier parti islamiste légal, le Mouvement de la société de la paix (MSP, ex-Hamas, 7 portefeuilles au gouvernement) avait réagi pour dénoncer l’absence de réactions officielles et réclamer des mesures de sécurité supplémentaires. «La mort des petites gens est désormais banalisée à outrance», estimait le quotidien La Tribune. «Le silence de la classe politique est gênant et pesant», notait Le Matin. Depuis l’Allemagne, l’instance exécutive du FIS a condamné ce «crime contre l’humanité», dont elle a rendu responsable le gouvernement. L’Iran, qui préside l’Organisation de la conférence islamique (OCI) a condamné ce massacre «impitoyable» et appelé le monde musulman à rompre avec «l’indifférence». Alger avait rompu ses relations diplomatiques avec Téhéran en 1993, et accuse l’Iran d’avoir encouragé le «terrorisme» dans le pays, où plus de 60.000 personnes — en majorité des civils — ont été tuées depuis 1992, selon des sources occidentales.
Des rescapés du massacre de Rélizane, dans l’ouest algérien, ont demandé des armes pour défendre leurs villages, sur fond de critiques, dimanche, sur le mutisme des autorités et la «léthargie» de la classe politique face à ce nouveau bain de sang. Le décompte des victimes, des paysans de trois hameaux, égorgés et mutilés au premier jour du Ramadan, mardi, variait...