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Actualités - OPINION

Vient de paraître Chawki Abi Chacra ou l'état de poésie (photo)

Rares sont les poètes qui s’investissent autant dans les sortilèges des mots. Chawki Abi Chacra est de ces hommes de lettres dont l’œuvre retient l’attention à plus d’un titre. Originale, riche, fourmillant d’inventions verbales, usant de l’arabe dans une modernité étonnante sans renier les trésors du passé, cette œuvre s’inscrit dans une somptueuse vision littéraire surréaliste où se répondent images insolites et associations verbales insoupçonnées. Né en 1935, Chawki Abi Chakra est l’auteur de plus d’une dizaine d’ouvrages poétiques où il entreprend de formuler une inspiration dominée par un lyrisme intense. Des jalons qui ont ponctué son parcours, on cite volontiers «Les pas du roi», «Les sacs des pauvres», «Un écureuil tombe de la tour» et surtout son avant-dernier livre au titre à la fois étrange et révélateur «prière de nostalgie sur un lit de solitude». Aujourd’hui, mûr d’une carrière où la poésie a revêtu plus d’un atour, Chawki Abi Chacra publie dans la lignée de sa narration poétique dense un recueil intitulé «Siyab, al wahat wal echbet» (qui se traduirait par «tenue de soirée» Dar Nelson - 212 pages). De quoi parle un poète, écho de son siècle comme dirait Hugo? De la vie, de ses frémissements, des sentiments qui nous submergent, des sensations qui nous assaillent, de l’espoir, des battements du cœur, de la société, de la nature... Thèmes foisonnants et se chevauchant que Chawki Abi Chacra aborde avec originalité et qu’il tente de cerner à travers des images colorées, lumineuses... Non seulement images retentissantes comme seuls les vrais poètes savent en capturer dans les rets de leurs mots, mais sonorités qui les accompagnent elle une musique somptueuse dont on perçoit la cadence et les rythmes. Voilà une voix «différente» dans le monde de la poésie arabe, faite de l’audace d’innover littérairement et du courage d’avouer ce que les autres frôlent à peine. Dans un style porté à l’emphase majestueuse et à la métaphore hiératique le poète, avec l’imperceptible douceur d’une plume, prend les rêves du pouvoir... De ce que capte le cœur et le regard un exemple de cette poésie aux vers libres, aux rimes riches: «A ma droite les brises de l’équateur et les lettres de rupture A ma gauche le frisson de la patrie et des parfums...» Dans ces pages débordantes d’une vie intérieure où tout est minutieusement épinglé, le poète chante la liberté et la libération. En témoigne, cette expression. Aux confins de l’expérimental mais jamais soumise ou asservie aux rigueurs d’une prosodie poétique conventionnelle, avec des termes neufs qui frappent souvent le lecteur, Chawki Abi Chacra est ce «visionnaire» qui n’ignore rien de «l’ange de la folie», du «scorpion de l’imaginaire et de «la prière de l’encens»... Voilà une poésie qui sort des sentiers battus et qui est admirablement servie par une langue puissante à l’éclat neuf où le poème est travail d’orfèvre et de musicien. EDGAR DAVIDIAN
Rares sont les poètes qui s’investissent autant dans les sortilèges des mots. Chawki Abi Chacra est de ces hommes de lettres dont l’œuvre retient l’attention à plus d’un titre. Originale, riche, fourmillant d’inventions verbales, usant de l’arabe dans une modernité étonnante sans renier les trésors du passé, cette œuvre s’inscrit dans une somptueuse vision littéraire...