Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Au sein du cabinet, un climat de pré-vacances ...

Etant donné qu’avec le Nouvel An, on aborde la phase terminale de l’ère Hraoui, donc du Cabinet en place, cette institution se laisse aller à la douce euphorie, aux privautés qui, dans tout collège, accompagnent l’approche des grandes vacances. Sur les trente ministres, il en est très peu qui ont l’assurance formelle de rester plus tard en place. Et, dès lors, tous ces partants en puissance se sentent, un peu prématurément, pousser des ailes de volatiles libérés des contraintes de la gravitation. Ils se détachent ainsi de plus en plus de l’orbite haririenne, pour prendre leurs distances avec les positions du président du Conseil «même, affirme un de ces futurs retraités, quand ils sont «comptés sur lui» comme on dit en dialectal». Et de préciser que «le président Rafic Hariri lui-même, sous les coups sans doute de ses derniers revers politiques et d’une impopularité croissante qu’il est bien obligé de reconnaître, se montre désormais moins impérieux en Conseil des ministres. Il admet volontiers le débat et ne tente plus d’imposer ses idées. Nous ne sommes plus à ses yeux des figurants appelés à se soumettre ou à se démettre pour un oui pour un non. On a peut-être de la peine à le croire, mais cet homme se démocratise…». Il faut dire que, comme lors de tout son premier Cabinet, M. Hariri a eu fort à faire avec son opposition intérieure. Elle n’a pas atteint cette fois l’acuité frondeuse de la précédente expérience, qui avait amené l’intéressé à exiger un changement d’équipe, mais elle s’est étendue en nombre pour englober les hraouistes et les berriyistes. L’on a vu aussi des haririens bon teint prendre parfois le contre-pied des positions de leur chef. Cela a été le cas pour le projet de surtaxation de l’essence, au sujet duquel le Conseil a désavoué par vote M. Hariri et on avait pu noter qu’auparavant le ministre de la Justice s’était insurgé contre la loi électorale… Un mouvement de contestation qui risque de prendre de l’ampleur au cours des prochains mois, étant donné, répétons-le, que la discipline des troupes se relâche naturellement à l’approche de la quille, entendre du départ en congé. Préparatifs de bataille De plus, certains membres actifs de l’anti-haririsme ministériel se proposent d’organiser le mouvement, de former un phalanstère qui tiendrait des réunions régulières et se battrait sur divers dossiers contre le chef du gouvernement, à coups de déclarations tonitruantes, en précisant qu’ils continuent cependant à se soumettre à la volonté de la majorité ministérielle quand elle se prononce contre eux. Leur but reste toutefois de marquer assez de points d’ici la fin du mandat Hraoui pour que M. Hariri ne se succède plus automatiquement à lui-même sous le prochain régime comme c’est le cas depuis 1992. Ils veulent démontrer que le personnage n’est pas, ou n’est plus, une «nécessité nationale» comme on dit communément. A priori et au stade actuel — on ne sait pas comment peuvent évoluer les choses — cet objectif paraît toujours irréalisable car, même en mettant de côté l’indéniable soutien des décideurs, M. Hariri apparaît toujours comme un bouclier solide pour la protection de la monnaie nationale, comme les 600 millions de dollars de l’Arabie Séoudite en apportent la preuve concrète. Quoi qu’il en soit, les ministres opposants affirment qu’ils ne vont pas céder un pouce de terrain et que, pour commencer, ils vont pinailler et ferrailler autant que faire se peut autour du projet dit des 800 millions de dollars que M. Hariri compte remettre sur rails après l’approbation du budget à la Chambre. A leur avis, en effet, avec un tel plan, qui s’inscrit dans le prolongement de la trajectoire gestionnaire «lamentable» des haririens, on ne peut qu’aggraver ce déficit budgétaire qu’on prétend vouloir réduire «car, souligne un ministre, il n’y a pas d’études détaillées concernant les projets de développement agraire envisagés ni de mécanismes précis pour des dépenses qui vont donc être engagées d’une manière anarchique, avec toutes les fuites, toutes les gabegies, tous les détournements de fonds, tous les gaspillages que cela peut impliquer». Autrement dit, ces opposants, parmi lesquels on compte nombre de ministres chargés des services publics, qui savent donc de quoi ils causent, mettent en garde contre un nouveau trou causé dans les caisses publiques par la souveraine légèreté de la gestion financière conduite par les haririens. Un soupçon cruel et qui va provoquer beaucoup d’empoignades: le camp du président du Conseil affirme en effet qu’il est lui aussi résolu à se battre œil pour œil dent pour dent et qu’il ne laissera passer aucune critique, surtout émanant de ses ministres, sans y riposter vertement… L’année politique — avec les municipales et les présidentielles qui approchent — risque donc de ne pas manquer de punch. Tout ce qu’on peut souhaiter c’est que ce ne soit pas le pays qui accuse le coup… Ph. A-A.
Etant donné qu’avec le Nouvel An, on aborde la phase terminale de l’ère Hraoui, donc du Cabinet en place, cette institution se laisse aller à la douce euphorie, aux privautés qui, dans tout collège, accompagnent l’approche des grandes vacances. Sur les trente ministres, il en est très peu qui ont l’assurance formelle de rester plus tard en place. Et, dès lors, tous ces...