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Actualités - CHRONOLOGIE

La réalité dépasse la fiction Emprisonné puis recruté par les israéliens, Moussa Zein s'enfuit grâce au Hezbollah et aux services libanais (photo)

Moussa Zein était le garde du corps de l’ancien secrétaire général du Hezbollah, Abbas Moussawi, tué par les Israéliens avec sa femme et son fils en 1991. En juillet 1992, il avait été arrêté au point de passage de Beit Yahoun, entre la zone occupée par Israël au Sud, et le reste du pays.

Emmené dans diverses prisons israéliennes, il a été ensuite été recruté par le Mossad qui lui demandait des informations sur le Hezbollah. Mais Moussa Zein a réussi à garder un contact avec le parti islamiste libanais et il a pu coopérer avec lui, à l’insu des Israéliens... jusqu’au jour où, voyant qu’il pourrait être grillé, le Hezbollah a préféré le rapatrier dans la plus grande discrétion. C’est cette histoire ahurissante que Moussa Zein a raconté hier aux journalistes au centre de presse du Hezbollah à Haret Hreik. Malgré un démenti de l’armée israélienne (qui, selon l’AFP, a nié hier «avoir eu connaissance d’un tel cas»), le «prisonnier libéré» a longuement narré ses péripéties en Israël, dans le Sud-Est asiatique et en Europe, où il aurait été envoyé en mission par le Mossad pour surveiller les cellules du Hezbollah, tout en restant discret sur «sa libération proprement dite».

Torturé à Khiam

Dans une brève présentation «du cas», le responsable de l’information du Hezbollah, Nayef Karim, a indiqué que «Moussa Zein, détenu dans les prisons de l’ennemi depuis 6 ans, a regagné sa patrie avec l’aide des services officiels libanais». M. Karim a rendu un vibrant hommage à la résistance, qui, selon lui, a non seulement remporté une grande victoire mais aussi a montré une fois de plus que «l’invincible armée israélienne est en fait un géant aux pieds d’argile». Il a ajouté qu’après avoir achevé sa période de détention, Moussa Zein avait réussi à convaincre le Mossad qu’il comptait travailler pour lui «et pendant une longue période, il a donné aux services de renseignements ennemis de fausses informations sur le Hezbollah». M. Karim a conclu sa présentation en assurant que la résistance poursuivra ses attaques contre l’ennemi israélien et «chaque nouveau jour d’occupation lui coûtera encore plus cher...».
Moussa Zein a ensuite raconté son histoire. Il a commencé par expliquer comment, alors qu’il accompagnait une personne à proximité du point de passage de Beit Yahoun, il est tombé dans un piège préparé par les agents israéliens. Il avait alors essayé de fuir, mais son véhicule est tombé dans une ornière, en raison des tirs nourris. Zein a d’abord été transporté «au poste 17» (israélien) à Bint Jbeil, puis il a été emmené à la prison de Khiam où il a été torturé. Des papiers compromettants ayant été trouvés sur lui, Zein a dû reconnaître qu’il était lié au Hezbollah et qu’il faisait partie de l’équipe de gardes du corps de l’ancien secrétaire général du parti. Aussitôt, il a été emmené en Israël et là il a erré entre plusieurs geôles, étant à chaque fois torturé, afin de divulguer toutes les informations en sa possession.
«J’en ai donné certaines, a reconnu Zein, mais Dieu m’a aidé et j’ai pu garder les plus importantes. La presse libanaise ayant parlé de ma présence en Israël, m’accusant d’être un agent de l’ennemi et d’avoir fui, après l’assassinat de cheikh Abbas Moussawi que j’aurais facilité, les Israéliens ont commencé à exercer des pressions terribles sur moi afin que j’accepte de coopérer avec eux». Les Israéliens lui disaient notamment qu’il ne pouvait plus rentrer au Liban vu qu’il y était considéré comme un espion. Zein a finalement cédé aux pressions et il a accepté de collaborer avec les Israéliens qui l’ont alors autorisé à recevoir les visites des délégués du CICR ( Croix-Rouge Internationale), tout en dissimulant dans ses vêtements un petit enregistreur afin de contrôler toutes ses conversations. «Par le biais d’un moujahed palestinien, j’ai pu entrer en contact avec mes frères de la résistance et leur expliquer ma situation, tout en leur demandant des instructions».
Entre-temps, les Israéliens avaient décidé d’utiliser Moussa Zein pour obtenir des informations sur le Hezbollah et ils lui avaient même délivré un faux passeport au nom d’«Albert Pylos». Le nouvel agent a été envoyé en mission dans le Sud-Est asiatique sous les ordres de deux officiers du Mossad appelés Hanan et Jibar. En même temps, il suivait les instructions que lui transmettait régulièrement le Hezbollah et c’est ainsi qu’il a pu, grâce à son aide, se rendre dans une capitale européenne, où il a reçu dans la plus grande discrétion un passeport spécial délivré par l’un des consulats libanais en Europe. Et c’est avec ce document qu’il a pu rentrer au Liban. Son retour a été gardé secret pendant quelque temps, afin de ne pas alerter les Israéliens. Mais aujourd’hui, l’opération étant entièrement terminée et les personnes impliquées ayant été sauvées, Moussa Zein vit au grand jour et témoigne non seulement de la détermination du Hezbollah mais aussi de sa puissance et de sa foi dans sa cause. «Je jure devant Dieu et devant sayed Nasrallah que je poursuivrai la lutte jusqu’au bout. En dépit de tous ses moyens, l’ennemi ne nous fait pas peur et, avec l’aide de Dieu, la victoire sera proche». C’est ainsi que Zein, le rescapé de l’enfer, a conclu son histoire, digne d’un roman. Mais, pour une fois, la réalité a été au-delà de la fiction.x
Moussa Zein était le garde du corps de l’ancien secrétaire général du Hezbollah, Abbas Moussawi, tué par les Israéliens avec sa femme et son fils en 1991. En juillet 1992, il avait été arrêté au point de passage de Beit Yahoun, entre la zone occupée par Israël au Sud, et le reste du pays.Emmené dans diverses prisons israéliennes, il a été ensuite été recruté par le...