Budget d'austérité , municipales, présidentielle, trois échéances majeurs en 1998

Mais, d’un autre côté, le chef du Législatif a affirmé qu’«aucune force ne peut empêcher la tenue des élections municipales».
Même assurance du côté du chef du gouvernement qui a souligné à sa sortie du sérail gouvernemental le caractère inéluctable de la tenue du scrutin. Les milieux proches de M. Hariri ont indiqué que les dirigeants syriens encouragent l’organisation de ces élections. Ces précisions sont intervenues hier au lendemain d’une visite de M. Hariri à Damas, où il s’est entretenu avec le vice-président syrien, M. Abdel-Halim Khaddam.
Selon M. Murr, «il y a 99% de chance» pour que les municipales aient lieu à la date prévue. Le ministre de l’Intérieur n’a pas attendu le début de la nouvelle année pour s’occuper de ce dossier. Il a présidé hier la première réunion de préparatifs administratifs en présence des mohafez et des hauts fonctionnaires de son département. Entre la promulgation de la loi et la tenue du scrutin, il y a en effet un long chemin, parfois rocailleux, à parcourir. Les différentes administrations seront mobilisées pendant les prochaines semaines pour terminer les listes et les cartes électorales, achever le découpage administratif là où de nouvelles municipalités doivent être créées, définir les localités aux populations déplacées qui seront privées de scrutin et préparer les décrets relatifs aux budgets nécessaires pour l’organisation des élections.
Le débat politique sur les municipales n’est pas clos pour autant. Avec l’abolition par le Parlement de la clause concernant la désignation d’une partie des membres des conseils municipaux, les Libanais sont dotés pour la première fois d’une loi non confessionnelle qui permettra de mesurer leur degré de maturité politique. En effet, dans la plupart des grandes villes, les électeurs mahométans sont plus nombreux que les chrétiens et les élections municipales seront une occasion pour tester réellement les disponibilités des Libanais à vivre ensemble, loin des discours grandiloquents et parfois hypocrites sur l’entente nationale et la convivialité.

Budget: Les jeux sont faits

Contrairement au dossier des municipales qui contient encore un peu de suspense, l’examen de la loi de finances s’annonce sans grandes surprises. L’accord laborieusement négocié en novembre entre MM. Berry et Hariri et qui a obtenu la bénédiction de M. Hraoui ôte au débat parlementaire une partie de son intérêt. Le chef du Législatif et le premier ministre dirigent à eux deux les plus importants blocs parlementaires, auxquels il faut ajouter les députés proches du président de la République. Il est donc certain que le projet de budget ne subira pas d’amendements majeurs à la Chambre, puisque le président de la commission des Finances, M. Khalil Hraoui, a été étroitement associé aux négociations qui ont défini les grandes lignes des orientations à venir du gouvernement: austérité, limitation des dépenses et amélioration des recettes. Evidemment, cela ne va pas empêcher les députés de l’opposition de se livrer à une critique de l’action de l’Exécutif. Leurs interventions députés pourront faire office de baromètre pour savoir dans quelle mesure les nouveaux choix du gouvernement seront à même de juguler la crise économique qui sévit dans le pays.
Pour la présidentielle, il est encore trop tôt pour affirmer que les élections auront lieu et il est encore plus hasardeux d’avancer des noms. Pour définir les traits de la personnalité du prochain président, il faudra sans doute observer attentivement l’évolution des relations entre Damas et Washington. Mais dix mois avant la date de cette échéance, les supputations vont bon train. Il suffit pour cela d’écouter un ministre proche de Damas qui pense, que lors du prochain mandat, la distance Beyrouth-Washington sera réduite au détriment de la distance Beyrouth-Damas. Mais sait-on jamais?