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Actualités - REPORTAGE

Des communautés méconnues Les chrétiens d'orient en France

PARIS. — de Mirèse AKAR

Ils sont quelque cinq cent mille fidèles des «églises-sœurs» de l’Eglise de France — maronites, grecs, coptes, arméniens, syriaques, assyro-chaldéens — et sans doute fallait-il être marseillais pour s’intéresser à ces communautés méconnues et s’attacher à retracer leur histoire comme le fait Jean-Michel Billioud dans «Les chrétiens d’Orient en France» qui vient de paraître chez Fayard.
C’est en effet à Marseille, ville aux liens multiséculaires avec les pays du Levant, qu’ont débarqué leurs premiers membres au siècle dernier, inaugurant des diasporas qui, depuis, allaient constamment s’étoffer au gré des tragédies vécues en Asie Mineure et au Proche-Orient par ceux qui, pour l’auteur, y font figure de «minoritaires absolus», victimes du «jeu des nations».

Une double identité

Dans sa lettre apostolique «Orientale Lumen» du 2 mai 1995, le pape Jean-Paul II évoquait la «merveilleuse variété de la mosaïque» des fois orientales, faite de «tant de tesselles différentes». Différentes quoique pas entièrement dissemblables, et c’est à dessein que Jean-Michel Billioud a choisi pour épigraphe cette belle réflexion d’un anonyme orthodoxe: «Les murs de la séparation ne montent pas jusqu’au ciel».
Constitué de témoignages et d’interviews, son livre indique les foyers d’implantation de chacune des communautés, et notamment des maronites, surtout présents dans le bassin parisien, le Sud-Est, la région Rhône-Alpes et la Gironde. Face à la troisième génération de cette diaspora, les prêtres — six pour la France entière dont quatre à Paris, un à Marseille et un à Lyon — se montrent soucieux de donner aux jeunes «une double identité», leur recommandant à la fois «le respect de leur tradition et le respect de leur culture d’accueil».

Intégration ou
assimilation?

Mgr Pierre Harfouche qui, depuis 1978, est le curé de la paroisse Notre-Dame du Liban, rue d’Ulm, a récapitulé pour Jean-Michel Billioud l’histoire de la communauté maronite en France où son culte est autorisé par un arrêté du 1er septembre 1892 obtenu grâce aux qualités de diplomate de son patriarche d’alors, Mgr Hoyek. La première célébration a lieu le 12 février de l’année suivante, jour de la Saint-Maron, dans la chapelle du Sénat.
Que les maronites ne se soient pas comportés en exilés falots et désengagés, Mgr Harfouche ne manque pas de le souligner, rappelant qu’un bataillon de Libanais, formé au Mexique, était venu combattre dans les tranchées françaises et qu’un peu plus tard, une délégation maronite était présente à la Conférence de la paix: parmi ses membres, un ancien étudiant de la Faculté d’Aix-en-Provence, devenu docteur es-lettres et qui avait nom Emile Eddé.
Aujourd’hui, les jeunes Libanais qui ont grandi loin de chez eux doivent affronter le problème d’une intégration insidieusement guettée par l’assimilation. Mgr Harfouche s’est toujours refusé à parrainer des centres d’enseignement qui se poseraient en concurrents de l’école républicaine française. Il encourage, en revanche, les cours d’arabe et de catéchisme, la création de chorales et de clubs: façon d’encadrer ces jeunes, de leur fournir des repères et de leur inspirer l’envie de retourner dans leur pays.
A Marseille, un vicariat maronite fut créé après la dernière guerre dans le quartier du parc Borély, et si le père Amine Chahine y exerce principalement son sacerdoce, il est également responsable de toute la région comprise entre Monaco et Montpellier, c’est-à-dire d’environ quinze mille maronites, même s’il chiffre à quatre cents les familles qui pratiquent régulièrement. Son choix est net: préparer les Libanais au retour plutôt qu’à l’intégration. Interrogé sur l’avenir des chrétiens au Proche-Orient, il n’en fait pas moins une réponse d’une troublante ambiguïté: «Je n’ai pas le droit de ne pas croire en l’espérance, mais je n’ai pas le droit de ne pas crier au secours».
PARIS. — de Mirèse AKARIls sont quelque cinq cent mille fidèles des «églises-sœurs» de l’Eglise de France — maronites, grecs, coptes, arméniens, syriaques, assyro-chaldéens — et sans doute fallait-il être marseillais pour s’intéresser à ces communautés méconnues et s’attacher à retracer leur histoire comme le fait Jean-Michel Billioud dans «Les chrétiens d’Orient en...