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Actualités - CHRONOLOGIE

Le Mouvement aouniste en pleine mutation et réorganisation

En réalité, l’urgence d’une telle réorganisation se faisait sentir depuis des mois en raison des tiraillements entre plusieurs composantes du mouvement et l’incompatibilité entre certains de ses hauts responsables. Selon des sources bien informées, cette incompatibilité rendait extrêmement difficile l’élaboration d’un programme d’action cohérent et efficace.
Après avoir pris la décision de procéder à d’importants bouleversements à la tête du mouvement au Liban, le général Michel Aoun a annoncé de Paris la couleur des changements à venir. Dans plusieurs déclarations, notamment après sa récente rencontre avec le patriarche maronite Mgr Nasrallah Sfeir, l’ancien chef du gouvernement militaire a refusé de qualifier le courant qu’il dirige d’«opposition chrétienne». «Nous sommes une opposition nationale», avait-il martelé devant les journalistes qui l’interrogeaient.

Volonté d’ouverture

Visiblement, les propos du général Aoun expriment une volonté de s’ouvrir aux différentes forces et communautés libanaises et la réorganisation amorcée il y a quelque temps semble refléter ces choix politiques. Selon les mêmes sources, le responsable estudiantin du mouvement, M. Hikmat Dib (également membre du Conseil de l’Ordre des ingénieurs), devrait être prochainement remplacé par une nouvelle figure, un jeune professeur d’université qui a habité le secteur ouest de la capitale pendant toute la guerre et qui y travaille aujourd’hui. Son nom devrait en principe être rendu public dans les deux prochaines semaines. Ces changements se font même sentir au niveau de la base. Un des principaux responsables du mouvement aouniste à l’Université américaine de Beyrouth (AUB) serait de confession mahométane.
Le professeur d’université pressenti pour diriger la branche estudiantine du mouvement ne cache pas ses affinités «gauchistes» pour ce qui concerne l’approche sociale du courant aouniste. «Le mouvement aouniste n’est pas une secte chrétienne mais un courant authentiquement national, dit-il. Si aujourd’hui une grande partie de la jeunesse chrétienne se fait l’écho du discours du général Aoun, notre objectif est de nous ouvrir à toutes les communautés et d’élaborer un programme à consonance nationale».
Le militant aouniste reconnaît l’existence de tiraillements entre les différentes composantes du mouvement. «Notre principale tâche sera d’unifier tous les groupes et de former des cadres que nous recruterons même au sein des mouvances qui ne sont pas nécessairement proches du courant aouniste. Il est temps d’élaborer un programme politique cohérent où la dimension sociale occupera une place particulière», ajoute-t-il.
Le responsable du mouvement aouniste a exprimé son souhait de renforcer la coopération avec les forces et les personnalités politiques des différentes régions du pays. Il n’a pas exclu des actions communes avec le «Mouvement du peuple» animé par le député de Beyrouth, M. Najah Wakim.
La réorganisation du mouvement aouniste ressemble plutôt à une véritable mutation. Changement de personnes, mais aussi d’options et de tactiques politiques. En lançant sa vague de répression, le pouvoir ne cherche-t-il pas à étouffer dans l’œuf cette tentative de renouveau?

Paul KHALIFEH
En réalité, l’urgence d’une telle réorganisation se faisait sentir depuis des mois en raison des tiraillements entre plusieurs composantes du mouvement et l’incompatibilité entre certains de ses hauts responsables. Selon des sources bien informées, cette incompatibilité rendait extrêmement difficile l’élaboration d’un programme d’action cohérent et efficace.Après...