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Actualités - REPORTAGE

Le ministère de la réforme administrative tente de donner un nouveau souffle à l'appareil étatique

Le Liban sera-t-il doté un jour d’une Administration publique efficace et performante? Les Libanais pourront-ils, dans un avenir plus ou moins proche, accomplir des formalités le plus simplement du monde, sans avoir à se déplacer à plusieurs reprises et à payer des frais supplémentaires, sans aucune mesure avec les tarifs officiels qui devraient être pratiqués? Force est de constater que de nombreux facteurs contribuent à justifier le profond scepticisme manifesté par la population sur ce plan. Pourtant, des efforts louables et sérieux sont déployés à ce propos dans le cadre du ministère de la Réforme administrative.
Dans le but, précisément, d’exposer à l’opinion publique l’action qui est actuellement entreprise en vue de réhabiliter, réformer et développer l’administration étatique, le ministère de la Réforme administrative a organisé à l’intention des responsables des médias un séminaire qui a pris la forme d’une «journée portes ouvertes». Du ministre en fonction, M. Béchara Merhej, aux différents experts, en passant par les cadres et les responsables du Bureau du ministre (l’OMSAR, ou Office of the Minister of State for Administrative Reform), tout le département en question s’est mobilisé durant toute une journée, au siège du ministère situé au centre Starco, afin d’évoquer le dossier épineux de la réforme administrative.
Un rapide coup d’œil sur les bureaux et l’organisation du ministère permet de déceler un climat différent de celui qui règne traditionnellement dans d’autres ministères ou administrations publiques. Cette impression de sérieux et de professionnalisme ne se limite d’ailleurs pas aux seules apparences. De fait, une équipe d’experts qualifiés et de cadres supérieurs entoure le ministre, formant l’OMSAR qui représente en quelque sorte une vaste cellule de travail planchant sur le dossier de la refonte de l’appareil étatique.
Les grandes lignes de l’action du ministère sur ce plan visent à mettre sur pied une administration restreinte et performante qui soit «un instrument au service du citoyen, plutôt qu’un instrument de pouvoir», comme le souligne M. Merhej. Une distinction est faite à ce propos entre la «réforme administrative» et la «réhabilitation administrative». La première constitue une action programmée et continue portant essentiellement sur trois volets: les textes (qui définissent la mission, les objectifs et l’organigramme des administrations publiques); l’organisation interne (les moyens d’action); et l’élément humain.
Quant à la «réhabilitation administrative», elle représente une action ponctuelle, limitée dans le temps, visant à réhabiliter l’administration publique de manière à combler les lacunes dues aux années de guerre. Ce volet de la refonte administrative a pour but d’assurer les édifices administratifs adéquats, fournir l’équipement technologique et informatique nécessaire aux administrations, former les fonctionnaires à l’utilisation de l’équipement moderne... D’une manière plus concrète, le ministère a déjà fourni du matériel informatique et des ordinateurs à plusieurs administrations publiques dont un certain nombre ont, en outre, été branchées sur le réseau Internet.

Deux cellules de travail

Dans le but de mener à bien sa mission, le ministère a formé deux cellules de travail: l’Unité de Développement Administratif (IDU, Institutional Development Unit); et l’Unité de Coopération technique (TCU, Technical Cooperation Unit).
La IDU a été formée conformément à un accord signé le 9 décembre 1994 entre le gouvernement libanais et le Programme des Nations Unies pour le développement. L’objectif de cette cellule est d’élaborer, notamment, une stratégie globale définissant la vision de l’Etat concernant les mesures qui devraient être prises afin de permettre à l’administration d’assumer ses responsabilités sur les plans de la reconstruction et du développement socio-économique.
La IDU a également pour mission de réviser la structure des administrations étatiques, établir un nouvel organigramme des ministères, mettre sur rail la décentralisation administrative, définir clairement la mission de chaque ministère, établir une nouvelle classification des postes au sein de l’administration, définir les critères qui doivent correspondre aux postes en question (pour fixer les salaires adéquats et les conditions de promotion), aider les administrations à se réorganiser etc...
La TCU, créée à la suite d’un accord signé avec le PNUD le 27 mai 1994, a pour objectif d’introduire un équipement moderne et les méthodes de travail informatiques dans les ministères et les administrations publiques. Parallèlement à sa mission qui consiste à élaborer et exécuter les programmes d’assistance technique destinés aux ministères et aux administrations, dans le cadre du programme national de réhabilitation administratif, la TCU a également pour tâche d’assurer la coordination au niveau de l’exécution des projets financés par la Banque mondiale, l’Union européenne, et le Fonds arabe.

La réhabilitation
administrative

Dans la pratique, le ministère a mis en chantier un programme national de réhabilitation administrative qui a pour ambition de placer les administrations et les organismes étatiques à la hauteur des défis du XXIe siècle et du plan de reconstruction en cours dans le pays.
Le programme de réhabilitation est axé sur trois volets: la modernisation des bureaux des ministères et des administrations publiques; la formation des fonctionnaires; la réhabilitation technique (afin de permettre aux hauts fonctionnaires de gérer d’une manière efficace et moderne les ministères). Ce programme a bénéficié d’un financement préliminaire de 120 millions de dollars qui a été couvert, notamment, par l’Union européenne (48 millions de dollars), la Banque Mondiale (20 millions de dollars), le Fonds arabe (20 millions), l’Etat libanais (20 millions).
Les montants provenant de ce financement ont été utilisés comme suit: informatisation et fourniture d’équipement informatique (42 pour cent); aide technique et services de soutien (28%); formation (12%); équipements divers (12%).
Cet ambitieux plan global de réforme et de réhabilitation administratives a connu un début d’application. De nombreux ministères ont été branchés sur Internet et un large éventail d’équipement électronique et informatique a été fourni à plusieurs administrations étatiques. Parallèlement, les nouveaux organigrammes du ministère de l’Environnement, du ministère du Travail et de l’Institution nationale de l’Habitat ont été définitivement et officiellement approuvés.
Reste à savoir si les efforts déployés en vue de donner un nouveau souffle à l’administration pourront surmonter les deux défis qu’aucun gouvernement n’a réussi jusqu’à présent à surmonter: le clientélisme politicien; et le problème crucial de l’échelle des salaires. Ce dernier facteur constitue incontestablement un passage obligé à toute initiative visant à insuffler une nouvelle mentalité aux fonctionnaires, une nouvelle façon de concevoir la mission de l’administration publique. Mais les hauts responsables se laisseront-ils convaincre, à leur tour, que l’efficacité et la performance de l’appareil étatique vont de pair avec une nécessaire transparence au niveau de l’action du gouvernement et de l’administration publique?

Michel TOUMA
Le Liban sera-t-il doté un jour d’une Administration publique efficace et performante? Les Libanais pourront-ils, dans un avenir plus ou moins proche, accomplir des formalités le plus simplement du monde, sans avoir à se déplacer à plusieurs reprises et à payer des frais supplémentaires, sans aucune mesure avec les tarifs officiels qui devraient être pratiqués? Force est de...