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Actualités - ANALYSE

Désignations : les explications d'Abousleiman...

Les jeux sont faits: par ordre exprès des décideurs, le pouvoir obtient tout ce qu’il veut et c’est sous le signe de la désignation des édiles que les soi-disant élections municipales auront lieu au printemps. Les commissions parlementaires réunies vont donc applaudir aujourd’hui, après l’avoir conspué pendant des mois, le projet de loi gouvernemental que la commission de l’Administration et de la Justice leur a transmis après l’avoir approuvé.
Le président de cette commission, le juriste Chaker Abousleiman, livre en substance sur ces péripéties les explications suivantes:
— «Il existe un facteur psychologique à prendre en compte et au titre duquel il est normal que la question des désignations suscite des réactions de rejet en ce qu’elle intervient en même temps que les élections et paraît contraire à leur principe démocratique. Mais les dispositions antérieures, et surtout la loi de l’année 1977 établie sous le régime du président Elias Sarkis, autorisaient également les désignations, dans les grandes villes comme Tripoli et Beyrouth. Nous y avons ajouté cette fois trois villes, Zahlé, Baalbeck et Saïda qui sont devenues de grandes métropoles. Quant à la zone frontalière, la loi laisse les mains libres au gouvernement. Il peut ou non y utiliser son droit de désignation, pour une seule fois, et en attendant que l’occupation soit abolie. En ce qui concerne les villégiatures, on a rajouté à la liste des localités où le gouvernement peut désigner le tiers des édiles Bhamdoun, Aley et Souk el-Gharb. D’autre part, les députés du Chouf et de la région d’Aley ont demandé que l’on procède également aux désignations dans les villages «exodés», pour préserver les équilibres rompus par le déplacement de population ainsi que pour sauvegarder l’entente et le brassage. Il y a eu à ce propos beaucoup de propositions dont celle de faire voter les déplacés là où ils se trouvent mais notre commission a estimé préférable de laisser le gouvernement procéder à des désignations. Et c’est au Conseil des ministres qu’il appartiendra par décret de publier la liste des villages concernés».
Toujours est-il que ni à l’est du pays ni à l’est de Beyrouth on n’est content. Les députés du Hezbollah ont protesté contre l’inclusion de Baalbeck dans la liste des villes où les désignations pourront avoir lieu. Ils ont demandé pourquoi on n’en faisait pas de même, par exemple, avec Jounieh. Le ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, leur a répondu qu’à Jounieh il n’y a pas de problème de minorité confessionnelle, alors qu’il s’en trouve à Baalbeck et qu’il s’agit par les désignations de sauvegarder les équilibres sur ce plan. Il a répété que le recours aux désignations, qui est en soi une anomalie, répond à deux situations anormales en termes démocratiques, le clivage confessionnel, d’une part et l’occupation israélienne, d’autre part.
A Beyrouth-Est, enfin, on s’indigne que le gouvernement ait pris comme prétexte la défense des intérêts des chrétiens pour justifier des désignations qui n’ont d’autre but que de lui permettre de contrôler les municipalités. On affirme que loin d’être un avantage pour le camp de l’opposition dont le nucleus est justement chrétien, les désignations viennent l’empêcher de montrer sa force politique au niveau de la base nationale.

Ph. A-A.
Les jeux sont faits: par ordre exprès des décideurs, le pouvoir obtient tout ce qu’il veut et c’est sous le signe de la désignation des édiles que les soi-disant élections municipales auront lieu au printemps. Les commissions parlementaires réunies vont donc applaudir aujourd’hui, après l’avoir conspué pendant des mois, le projet de loi gouvernemental que la commission...