Le cas Bardawil : la garde à vue peut-elle se prolonger indéfiniment ?

Placé en garde à vue depuis 15 jours, M. Marwan Bardawil commence à poser un problème sérieux à la justice. De plus en plus de voix s’élèvent désormais contre la durée de sa détention préventive, surtout que, dans son cas, il n’y a pas vraiment crime. Hier, une sorte de polémique indirecte a opposé le procureur général près la Cour de cassation, M. Adnan Addoum, aux avocats de Bardawil, MM. Badawi Abou Dib, Joe Khoury-Hélou, Antoine Abou Dib et Assaad Najm. Ceux-ci ont adressé une note au procureur dans laquelle ils rappellent que la mise en détention préventive est l’exception et, par conséquent, elle doit être utilisée lorsqu’elle est indispensable. Selon les avocats, aucun texte de loi n’autorise le procureur général à placer une personne en garde à vue pour une durée indéterminée. A quoi M. Addoum répond qu’aucun texte ne l’interdit non plus. Mais, pour les avocats, en matière pénale, les textes doivent être interprétés d’une manière restrictive et une longue détention préventive se justifie uniquement dans les cas où les personnes interpellées constituent une menace pour l’ordre public.
Les avocats expliquent ainsi que la détention de Marwan Bardawil est injustifiée, puisque de l’aveu même du procureur général, il n’a pas fait l’objet de poursuites et il n’y a aucun mandat d’arrêt contre lui. Le jeune homme est placé depuis 15 jours aux arrêts du Palais de justice et il n’a été entendu que deux fois par le général Salem. Comme il est en détention préventive «officiellement pour les besoins de l’enquête», il est mis au secret et nul n’a le droit de le rencontrer, ni ses avocats, ni ses proches.
Enfin, les avocats rappellent que leur client n’a strictement rien à voir avec le contrat de bail signé par la MEA avec la Singapore Airlines. Ils présentent, pour confirmer leurs dires, un document de la SALE (qui a racheté les avions loués à la MEA par la Singapore Airlines) qui atteste que ni Marwan, ni la Bardawil Aviation ne sont impliqués dans cette transation. Ils présentent aussi plusieurs lettres de la Boullioun (dont les Bardawil sont les représentants au Liban) dans lesquelles la compagnie américaine affirme que les Bardawil n’ont touché aucune commission et n’ont rien à voir avec la double transaction de location puis de rachat d’avions. Cette note a-t-elle ému le Parquet? On ne saurait le dire. Toutefois, le général Salem a annoncé hier qu’il entendrait probablement aujourd’hui M. Marwan Bardawil. Ou alors, il le fera, au plus tard, demain jeudi.