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Actualités - REPORTAGE

Sfeir à l'Elysée : un autre son de cloche sur la situation des chrétiens Chirac réaffirme sa confiance dans l'avenir du Liban (photo)

Au deuxième jour de sa visite pastorale en France, le patriarche Nasrallah Sfeir a eu, vendredi, au palais de l’Elysée, un entretien d’une heure avec le président Jacques Chirac, entretien qui a été qualifié de «chaleureux» par un proche collaborateur du maître des lieux.
Pour le chef spirituel de la communauté maronite, il s’agissait en fait de brosser devant le président de la «Fille aînée de l’Eglise» un tableau réaliste de la situation au Liban, aux plans interne et régional.
Des milieux proches de M. Chirac, notamment d’influents dirigeants du RPR, ont tenu en effet à ce que le président français entende de Mgr Sfeir un autre son de cloche que celui que transmet le chef du gouvernement libanais, M. Rafic Hariri, lors de ses fréquentes visites à Paris.
Et le patriarche n’aurait pas manqué d’exprimer à l’Elysée les inquiétudes des Libanais en général et des communautés chrétiennes en particulier sur la conjoncture actuelle et les perspectives d’avenir.
Le président Chirac s’est montré sur ce plan confiant quant à l’avenir du Liban. Il a rappelé à ce sujet «l’attachement de la France à l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’indépendance du Liban». Cité par le porte-parole de l’Elysée Catherine Colonna, le chef de l’Etat français «s’est réjoui de la visite pastorale en France» de Mgr Sfeir. Il a évoqué avec lui la visite du pape Jean-Paul II à Beyrouth, en mai dernier, soulignant qu’elle avait été «un grand succès pour la communauté chrétienne et pour le Liban». Le porte-parole de l’Elysée a précisé en outre que le président Chirac a exprimé sa «confiance dans l’avenir du Liban» ainsi que son attachement personnel à la communauté maronite.
Le tête-à-tête avec le président français a constitué ainsi un signe d’espoir et le cardinal Sfeir n’a pas manqué de souligner lui aussi, dans sa déclaration à l’issue de la réunion, l’optimisme du chef de l’Etat français quant au sort du Liban.
Après avoir été raccompagné par le président français jusqu’au perron du palais, le patriarche a répondu aux questions des journalistes.
Sur la teneur et l’importance de la réunion, Mgr Sfeir a indiqué que les résultats ne manqueront pas de paraître prochainement et que les sujets les plus divers ont été abordés.
Il a réaffirmé, en réponse à une question, l’engagement ferme de la France à l’égard du Liban soulignant que Paris a toujours clamé haut et fort la nécessité d’appliquer toutes les résolutions de l’ONU en faveur de notre pays.

Nouvelle visite
de Chirac?

«Le président Chirac a visité et visitera encore le Liban» a poursuivi le patriarche maronite qui a ajouté que le chef de l’Etat français est «connu pour ses prises de position aux côtés du Liban».
Sur le point de savoir si des questions telles que les élections présidentielles libanaises et l’éventualité d’un déploiement de troupes françaises au Liban-Sud (en cas de retrait israélien unilatéral) avaient été abordées au cours de l’entretien, Mgr Sfeir a répondu par la négative, rappelant que le scrutin présidentiel est une question strictement libanaise et qu’il ne peut rien dire sur un éventuel déploiement de troupes françaises au Liban-Sud.
Il s’est contenté de réaffirmer que «la France, tout comme le Liban, souhaite que la paix règne et que le Liban retrouve une situation normale».
Prié de dire s’il avait constaté chez son hôte une inquiétude à l’égard de la conjoncture libanaise présente, le chef de l’Eglise marontie a répondu: «Le président Chirac n’est nullement inquiet et il est très optimiste quant à l’avenir du Liban».
Interrogé sur ses entretiens, jeudi dernier, à Paris, avec le président Amine Gemayel, le général Michel Aoun, et le «Amid» du Bloc national, M. Raymond Eddé, le cardinal Sfeir a précisé qu’il avait rencontré les trois leaders en sa qualité de patriarche. «J’ai le devoir d’être rassembleur, dans la mesure de mes possibilités, et tous les Libanais doivent se rassembler pour relever le pays», a déclaré Mgr Sfeir qui a poursuivi: «La crise, tout le monde la connaît. C’est une crise à la fois politique et économique, mais on espère qu’elle sera quand même surmontée».
Au sujet de sa rencontre avec le général Aoun, le patriarche a répété qu’il s’agissait d’une rencontre marquée par la franchise et que l’on ne peut parler de réconciliation puisqu’en tant que patriarche, a-t-il précisé, «je n’ai pas d’adversaires pour qu’il y ait des réconciliations».
«Nous œuvrons constamment pour l’unification des rangs pour que tous les Libanais travaillent la main dans la main pour le Liban», a conclu le patriarche qui devait quitter aussitôt Paris pour Marseille en vue d’assister aux cérémonies d’inauguration du «Foyer Notre-Dame du Liban» érigé dans la deuxième ville de France.

Pas de rencontre
avec Jospin

Une tentative d’organiser une rencontre entre le patriarche Sfeir et le premier ministre français, vendredi, a eu lieu mais n’a pas abouti. Officiellement en raison des engagements de M. Jospin qui doit rencontrer aujourd’hui Mme Madeleine Albright et M. Benjamin Netanyahu tous deux à Paris.
Mais officiellement, des proches de Matignon ont indiqué que la visite de Mgr Sfeir en France est une visite pastorale et non officielle et qu’il n’est pas de coutume dans de pareils cas que le premier ministre de la France républicaine et laïque rencontre un chef spirituel étranger.
E.M.
Au deuxième jour de sa visite pastorale en France, le patriarche Nasrallah Sfeir a eu, vendredi, au palais de l’Elysée, un entretien d’une heure avec le président Jacques Chirac, entretien qui a été qualifié de «chaleureux» par un proche collaborateur du maître des lieux.Pour le chef spirituel de la communauté maronite, il s’agissait en fait de brosser devant le...