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Actualités - ANALYSE

Présidentielles : pour Raymond Eddé, la prorogation serait un moindre mal

M. Raymond Eddé, leader du Bloc national, répète en substance que si le président Bill Clinton veut vraiment que le Liban recouvre sa pleine souveraineté, pour être en mesure d’organiser des élections présidentielles, législatives ou municipales libres, il lui suffit de porter Israël à se retirer du Sud et de la Békaa-Ouest pour que le retrait syrien devienne possible. M. Eddé proteste derechef contre le souhait émis par le chef de la Maison-Blanche de voir se dérouler au Liban des élections présidentielles ou même municipales à l’ombre de l’occupation israélienne, de la présence syrienne et d’une souveraineté amputée. Il souligne qu’il ne peut y avoir de différence entre une nouvelle prorogation du mandat de M. Elias Hraoui et l’élection d’un nouveau président de la République puisque ce dernier se trouvera soumis à la volonté de Damas. On n’aurait fait que changer de personne et non d’état de fait.
C’est dans cette optique, qui vise aussi à ce qu’on respecte le concept de démocratie en évitant de procéder à des élections qui dans leur finalité ne seraient que pur simulacre, que M. Eddé recommande -depuis 1992 en fait- que l’on prolonge tout simplement le mandat de la Chambre en place. Car, précise-t-il encore une fois, des législatives ne changeraient en rien un tableau marqué par la docilité de l’écrasante majorité des parlementaires à l’égard de la Syrie dont ils exécutent fidèlement les directives.
Le leader du B.N. se prononce donc pour une nouvelle prorogation du mandat de M. Elias Hraoui. Une option qui certes va à l’encontre des principes de la démocratie mais qu’on peut retenir comme un moindre mal. Et qui offre l’avantage de constituer par elle-même une sorte de protestation implicite de l’état de fait aberrant, imposé depuis des années au Liban. En sortant de la procédure ordinaire, qui consisterait à organiser des élections présidentielles, le Liban attirerait l’attention de la communauté internationale sur le fait, justement, qu’il reste plongé dans une situation tout à fait anormale. On ne devrait pas agir comme si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes en organisant des élections comme si de rien n’était.

Perspectives

Pour reprendre le raisonnement de M. Eddé à ses prémisses, tout est finalement de savoir si Israël va oui ou non se retirer du Sud et de la Békaa-Ouest. On en parle évidemment beaucoup ces derniers mois et un débat houleux agite à ce propos l’Etat hébreu tout entier. Dernier en date, Yossi Beilin, cadre influent du parti travailliste, va jusqu’à proposer l’application de la 425. Avant lui, le principal intéressé sur le plan technique, Avram Levine, général commandant en chef de la région Nord ( autrement dit des forces occupantes présentes au Liban-Sud) a recommandé un retrait «unilatéral», c’est-à-dire sans dispositions pour une relève par les réguliers libanais ou par une force multinationale.
Mais à l’intérieur même du pouvoir israélien, le chef du gouvernement Benjamin Netanyahu avait tranché, après Ansarieh, en faveur du maintien de l’occupation jusqu’à ce que les conditions israéliennes soient acceptées par les Libanais et les Syriens: neutralisation du Hezbollah, force tampon multinationale englobant en garantie l’armée syrienne et protection ultérieure des collaborateurs de l’occupant notamment… De même la proposition Beilin n’est pas vraiment prise au sérieux puisque l’ancien ministre appartient maintenant à l’opposition et peut très bien lancer des propos en l’air, un ballon d’essai à des fins de consommation intérieure, pour relancer un débat qui désarçonne le Likoud dont les têtes de file sont fortement divisées sur les options concernant le cas libanais.
A Beyrouth, une source ministérielle réaffirme que «si le seul obstacle à un retrait israélien est d’ordre sécuritaire, l’Etat hébreu doit indiquer nettement quel genre de garantie il veut pour sa frontière nord. Et de rappeler que le chef de l’Etat M. Elias Hraoui a maintes fois répété qu’aucune balle ne sera tirée en direction du territoire contrôlé par les Israéliens au-delà des frontières internationalement reconnues une fois qu’ils se seront retirés du territoire libanais. Si ces assurances ne sont pas suffisantes, ajoute le ministre, quelle serait la garantie exigée, la Syrie? Une force multinationale ou des mesures de sécurité qui feraient l’objet d’un accord?»
Le fait est que les Israéliens ont multiplié depuis Madrid et jusqu’à l’avènement de Netanyahu les propositions et les plans contradictoires, pour gagner du temps et continuer à occuper le Sud. Aujourd’hui, de toute évidence, ils songent sérieusement à se retirer car le prix de l’occupation devient pour eux de plus en plus lourd à cause de la montée en puissance et en efficacité de la résistance active. Mais même dans ces conditions… ils veulent poser leurs conditions, ce que la 425 et le droit des nations n’admettent pas.

E.K.
M. Raymond Eddé, leader du Bloc national, répète en substance que si le président Bill Clinton veut vraiment que le Liban recouvre sa pleine souveraineté, pour être en mesure d’organiser des élections présidentielles, législatives ou municipales libres, il lui suffit de porter Israël à se retirer du Sud et de la Békaa-Ouest pour que le retrait syrien devienne possible. M....