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Actualités - REPORTAGE

A l'atelier du Monot, une mise en scène de Michel Jabre Elle, en l'absence de l'amour et de la mort : une tempête dans un verre d'eau (photos)

Le théâtre de poche du Monot présente jusqu’au 15 décembre (reprise fin janvier), «Hiya fi ghiyab al-houb wal mawt» (Elle, en l’absence de l’amour et de la mort) adaptation d’une pièce du dramaturge contemporain russe Edward Raznidsky, mise en scène par Michel Jabre. Un face-à-face d’une centaine de minutes entre Nina (Carole Samaha) et Georges (Joe Kodeih). Elle, amoureuse bafouée, rejetée et qui décide de se venger de l’homme qui l’a rendue esclave de son amour. Lui, égoïste, lâche, qui n’affronte la femme que parce qu’il y est forcé. Le jeu des acteurs est puissant, mais la longueur des tirades affaiblit par moments l’action dramatique qui, plus ramassée, gagnerait en intensité.
Le théâtre du Monot a une petite salle en retrait qui sert d’atelier théâtral. C’est une pièce rectangulaire dont l’espace a été divisé en deux parties: un gradin en bois où se juchent quelque soixante chaises en plastique; une scène à même le sol. Une promiscuité qui met en contact direct l’artiste et son public.
Au fond, un bar en bois marron figure une kitchenette. Au milieu de la pièce, un canapé recouvert de satin rose affiche ostensiblement les couleurs d’une passion au teint quelque peu vulgaire... A droite de la scène, une échelle conduit à un étage en mezzanine, c’est la chambre à coucher avec armoire et parc pour bébé.
Une jeune femme se tient debout dans l’encadrement de la porte de ce studio. Appuyée contre le cadre, elle laisse échapper un petit rire que l’angoisse brise sec. Chez Nina, les sentiments sont à peine esquissés. Leur simple évocation semble déchaîner des torrents de douleur. Une souffrance qui la tient en équilibre instable, à la limite d’un monde de folie. Un moment confiante, l’instant d’après violemment hystérique, elle s’épuise dans ce jeu de balance. Elle y perd petit à petit son âme.
Nina, amoureuse de Georges, est délaissée par lui. Les supplications n’ayant servi à rien, elle conçoit de se venger de l’homme à qui elle s’était donnée corps et âme. Elle se rend au restaurant qu’il a l’habitude de fréquenter; s’installe à la table voisine de celle qu’il occupe en compagnie d’une nouvelle conquête; aiguise sa jalousie en dansant avec un garde du corps; rentre chez elle en espérant voir débarquer son homme, consumé de jalousie et de désir.
Alors qu’elle est dans son studio, en train de raconter, à une interlocutrice imaginaire, son amour, et la quête obsessionnelle à laquelle il l’a menée, Georges se tient derrière la porte. Il y sonne inlassablement, tentant en vain de s’introduire chez elle. Dans le dialogue qui s’engage à travers la cloison, Georges se fait passer pour un autre. Protégé par ce double masque, à la fois physique et psychologique, il n’hésite pas à laisser percer une certaine tendresse. Du moins, une douceur que Nina veut interpréter comme telle. Par jeu ou par sincérité, elle se laisse attendrir, voyant dans ce changement d’attitude le présage d’un franc repentir. Alors qu’elle ouvre la porte, le rire moqueur de Georges lui saute au visage comme un camouflet... Poussée à bout, elle n’a plus qu’une idée en tête, le forcer à écouter ce qu’elle a à lui dire. Elle l’enferme chez elle, le menace d’un revolver et le force à jouer avec elle la dernière scène d’une histoire qu’il a écrite et qui n’est autre que la leur...
Utilisant aussi bien l’arabe parlé que le français; n’hésitant pas à parsemer les tirades de références classiques mais également d’expressions ordurières, Michel Jabre mélange les genres. Les comédiens signent une performance de belle qualité. Carole Samaha, remarquée entre autres, dans «Le rituel des signes et des métamorphoses», accomplit une prouesse scénique puisqu’elle tient les planches du début à la fin. Joe Kodeih, dont le rôle est plus secondaire, campe un Georges pétri de lâcheté.
L’atelier du Monot est un théâtre de création. Michel Jabre, metteur en scène et enseignant à l’IESAV (USJ), a emprunté pour sa nouvelle pièce, de nombreux jeunes talents. Côté scène et côté coulisses, une liste de noms qui font de «Elle, en l’absence de l’amour et de la mort» une pièce intéressante, à plus d’un titre.

Aline GEMAYEL
Le théâtre de poche du Monot présente jusqu’au 15 décembre (reprise fin janvier), «Hiya fi ghiyab al-houb wal mawt» (Elle, en l’absence de l’amour et de la mort) adaptation d’une pièce du dramaturge contemporain russe Edward Raznidsky, mise en scène par Michel Jabre. Un face-à-face d’une centaine de minutes entre Nina (Carole Samaha) et Georges (Joe Kodeih). Elle,...