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Actualités - ANALYSE

Le redéploiement syrien : polémique sur les délais...

Le débat organisé par RMC avec le général Michel Aoun et le vice-président de l’Assemblée nationale, M. Elie Ferzli, a mis en relief le différend interlibanais portant sur la présence de l’armée syrienne. La controverse s’articulant non pas tant sur la légitimité ou les motivations de cette présence mais sur sa durée.
Les Libanais, c’est bien connu, sont unanimes à exiger la libération du Sud et de la Békaa-Ouest occupés par Israël. Ils pensent tous que l’on doit arriver à faire appliquer la 425, par les canaux diplomatiques comme par la résistance active, les deux se combinant sans dissonance notable.
Par contre, ils ne sont pas d’accord pour ce qui est d’interpréter le pacte de Taëf en ce qui concerne la présence syrienne. Si le texte devait être respecté à la lettre, c’est en septembre 92 au plus tard que les forces syriennes auraient dû se redéployer, pour se cantonner dans un premier temps dans la Békaa, et pour céder la place aux réguliers libanais au titre de la souveraineté nationale, ce qui n’est toujours pas fait.
Pour expliquer la non-application des accords de 89 sur ce point, ainsi d’ailleurs que leur mauvaise application ailleurs, un taëfiste affirme que «les circonstances ont rapidement changé après la conclusion de ces accords. Il y a eu la guerre du Golfe qui a fait voler en éclats le comité tripartite arabe de suivi (Arabie Séoudite, Maroc, Algérie) qui devait faire le point sur la concrétisation des accords de Taëf devant un sommet arabe spécial qui ne s’est jamais tenu. Ce sommet devait aider le Liban à se relever et à rétablir sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire, notamment en le secondant dans des pourparlers à cet effet avec la Syrie. Dans un délai de deux ans, on serait parvenu à redonner à l’Etat libanais le contrôle exclusif de son territoire non occupé par Israël, sous une ombrelle arabe, considérée comme «cadre naturel » pour une vraie solution de la crise interne libanaise. Dans le prolongement du sommet de Casablanca, le comité tripartite devait traiter à travers des émissaires les éventuels problèmes auxquels un gouvernement libanais d’entente nationale aurait pu se heurter. Mais cette instance a disparu corps et biens, entraînant avec elle le Fonds d’aide de deux milliards de dollars qui nous était promis et qui est resté lettre morte. Donc, comme pour la Force de frappe arabe (FFA) auparavant, le Liban s’est retrouvé en tête-à-tête avec la Syrie et avec personne d’autre pour l’application des accords de Taëf. Une concrétisation qui s’est retrouvée modifiée en profondeur par le changement de circonstances».
«D’autre part, poursuit cette personnalité, les données ont également changé de fond en comble en ce qui concerne la région du Proche-Orient. L’espoir d’un règlement relativement rapide, en trois ou quatre ans, soulevé par la conférence de Madrid, a commencé à se dissiper avec la défaite électorale de George Bush, initiateur du processus, pour s’évaporer totalement avec l’avènement de Netanyahu il y a deux ans. L’histoire se répète: en 1978 ce sont les Israéliens qui auraient dû se retirer, après la résolution 425 établie par les Américains. Mais alors les cartes s’étaient brouillées, les événements intérieurs du Liban reprenant de plus belle après la bombe Sadate qui avait conclu la paix avec l’Etat hébreu. Le renouvellement de la «guerre civile libanaise» a porté Washington à fermer les yeux — ce qu’il continue de faire — sur le maintien de l’occupation israélienne, pour contrer la Syrie… Qu’on le veuille ou non, qu’on l’avoue ou non, l’équation est depuis lors très claire: tant que les Israéliens occupent une partie du Liban, les Syriens y maintiennent des unités. Dès lors, qu’on l’admette ou non, la 425 se trouve liée aux 242-338. A cette nuance près que, comme le fiasco de l’accord dit du 17 mai l’a prouvé il y a 12 ans, si les Syriens pourraient se retirer après un retrait israélien, il n’est pas question qu’ils le fassent avant ou d’une manière simultanée».
En pratique, le problème est donc réglé. Il n’empêche qu’en théorie il reste posé, notamment par l’opposition de l’Est. Un courant qui s’étonne qu’on puisse faire le lien entre l’occupation israélienne et la présence syrienne en soulignant que ce genre d’équation ou de comparaison nuit bien plus au frère qu’à l’étranger, à l’ami qu’à l’ennemi, au bon qu’au méchant. Ce à quoi un loyaliste répond par le mot de la fin: «Il n’est pas du tout question, dit-il, de lier la présence syrienne à l’occupation israélienne. La preuve: nous aurons encore besoin de l’aide sécuritaire syrienne bien après le retrait israélien…».

E.K.
Le débat organisé par RMC avec le général Michel Aoun et le vice-président de l’Assemblée nationale, M. Elie Ferzli, a mis en relief le différend interlibanais portant sur la présence de l’armée syrienne. La controverse s’articulant non pas tant sur la légitimité ou les motivations de cette présence mais sur sa durée.Les Libanais, c’est bien connu, sont unanimes...