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Actualités - INTERVIEWS

Moawad : l'éducation, une responsabilité collective

«Le dossier de l’éducation est primordial, et une mobilisation au niveau de l’Etat mais aussi de la société civile s’impose, afin que des solutions rapides à la crise actuelle soient trouvées», affirme Mme Nayla Moawad, présidente de la sous-commission parlementaire pour l’enfant. Elle ajoute: «Nous paierons très cher une négligence à ce propos, car les conséquences économiques et sociales d’une telle crise sont d’une grande gravité. Voilà pourquoi tous les projets sociaux doivent converger vers le dossier de l’éducation».

La crise au niveau des écoles, Mme Moawad la résume ainsi: «L’école privée est soumise à de très fortes pressions parce qu’un nombre non négligeable de parents n’a pas pu payer la scolarité de l’année dernière. D’autre part, l’école publique n’est pas assez bien équipée pour recevoir un nombre grandissant d’élèves. A Tripoli seulement, huit mille élèves environ n’ont pas pu être casés dans les établissements officiels».
Pour Mme Moawad, le fléau de l’analphabétisme est bien réel puisque aujourd’hui «l’analphabétisme atteint 40% environ de la population féminine au Liban (selon la Fondation René Moawad qui lutte contre ce problème), et un pourcentage substantiel (bien que moins élevé) de la population masculine». Sans compter qu’il y a plusieurs degrés d’analphabétisme, nous explique le député du Liban-Nord: «Certaines personnes sont complètement analphabètes, d’autres savent seulement signer leur nom, une troisième catégorie sait à peine lire et écrire, etc.». Plusieurs circonstances peuvent mener à ces cas-là: soit les personnes ne mettent pas les pieds à l’école, soit elles la quittent pour des raisons d’ordre financier mais aussi culturel (aptitude limitée, manque d’encouragement des parents...)
Ce sont là les raisons qui poussent Mme Moawad à considérer qu’il est impératif que «le dossier de l’éducation fasse l’objet d’un projet de société parce qu’il relève d’une responsabilité collective». Le président de la sous-commission pour l’enfant cite les priorités suivantes:
— Le vote d’une loi sur la scolarisation obligatoire: ce projet auquel travaille Mme Moawad prévoit la scolarisation obligatoire jusqu’à l’âge de douze ans (le primaire en gros). Interrogée sur l’applicabilité d’une telle loi dans le contexte de la crise actuelle, le député a déclaré: «L’existence de cette loi est nécessaire car elle constitue une base sur laquelle on peut commencer à travailler: d’une part elle donne au Législatif un moyen de pression et de contrôle en la matière; d’autre part elle pousse le gouvernement à présenter au plus tôt un agenda d’exécution (l’éducation, qui fait partie d’un projet de développement des ressources humaines, a jusque-là été au bas de l’échelle des préoccupations du gouvernement). Enfin, elle marque la détermination du Liban à assurer un siège scolaire à chaque enfant».
— Développement de l’école publique: il faut que l’enseignement public devienne un choix réel pour le citoyen, et non une simple alternative pour ceux qui n’ont plus les moyens d’inscrire leurs enfants dans le privé. Pour cela, le niveau devrait être à la hauteur des aspirations des citoyens, afin que le fossé entre les classes sociales ne se creuse pas davantage.
«L’année dernière, poursuit Mme Moawad, une loi pour le développement de l’éducation a été votée: elle prévoit de dépenser 100 milliards de livres libanaises sur le secteur public, sur une période de quatre ans. 10 milliards étaient réservés pour l’année 96-97, mais le gaspillage aidant, peu de résultats ont été obtenus».
Le paysage culturel est-il menacé par la crise actuelle? Mme Moawad confirme: «Le problème de l’éducation doit être vu sous toutes ses formes. Si nous ne prévoyons pas, dans les plus brefs délais, un planning familial réel, nous paierons dans quelques années le prix de la paupérisation qui résultera de l’ignorance croissante de la population».

«Le dossier de l’éducation est primordial, et une mobilisation au niveau de l’Etat mais aussi de la société civile s’impose, afin que des solutions rapides à la crise actuelle soient trouvées», affirme Mme Nayla Moawad, présidente de la sous-commission parlementaire pour l’enfant. Elle ajoute: «Nous paierons très cher une négligence à ce propos, car les...