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Actualités - ANALYSE

Le programme commun : peut-être pas de sitôt ...

Les points sur lesquels les trois présidents se sont mis d’accord en vue de traiter la crise socio-économique, de réduire le déficit budgétaire et d’assainir les finances publiques, nécessitent l’approbation du Conseil des ministres et de l’Assemblée nationale.

Cela signifie qu’on va en débattre, qu’il peut y avoir des controverses prolongées au-delà même du vote du Budget 98 et qu’à la limite, le mandat du présent régime qui vient à expiration dans un an sera terminé avant qu’une décision globale définitive n’ait été prise... D’autant qu’il y a en principe les municipales, au printemps prochain, qu’ensuite tout le monde sera centré sur la bataille des présidentielles et qu’on laissera de côté tout le reste.
Ainsi un opposant de poids estime que «ce que la troïka vient de mettre au point nous a tout l’air de constituer un programme de travail préétabli pour le prochain régime, plutôt que pour l’actuel. Certes mieux vaut tard que jamais mais les Libanais sont en droit de regretter que les responsables aient perdu tant de temps et aient laissé la situation socio-économique s’envenimer à ce point».
Durcissant le ton, cette personnalité vilipendie sans ménagement «ces enfants prodigues qui ont jeté l’argent de l’Etat par les fenêtres, pour mener eux-mêmes une vie de luxe et de lucre, se griser de somptueux voyages, construire des palais, encourager la corruption politico-administrative et qui veulent nous faire croire que touchés par une grâce subite ils se placent désormais sous la bannière de l’austérité, de la rigueur et de la vertu républicaine. Qu’ils commencent, s’ils sont sérieux, par supprimer les innombrables ministères, offices, caisses ou conseils inutiles qu’ils ont créés ou les ambassades ouvertes dans des pays où l’on n’en a nul besoin. Qu’ils annulent les «placements» pléthoriques en fonctionnaires ou employés-clients, tout aussi inutiles, qu’ils ont effectués dans les administrations publiques mais aussi à la MEA dont le quart du personnel, pistonné par ces messieurs, touche sans rien faire ce qui met la compagnie en difficulté, bien plus sûrement qu’avec l’affaire lamentable des trois avions».
Sur le plan pratique, un spécialiste de l’Est estime qu’il faudra «au moins six ans de restrictions budgétaires pour éponger la dette publique, redresser la barre et équilibrer la balance. C’est en principe le prochain régime qui va payer les pots cassés en tentant de remplir les caisses de l’Etat joyeusement vidées par les taëfistes toutes tendances confondues». Et de se demander ensuite si «cette République voudra jamais mettre ses bonnes résolutions à exécution. On sait en effet qu’une quantité impressionnante de décrets et d’arrêtés ont été pris ces dernières années sans jamais être appliqués, notamment en ce qui concerne la réactivation des organismes de contrôle administratifs ou l’adoption d’un système de rotation pour les postes de première catégorie. La tentation de refiler la patate chaude au prochain régime sera sans doute trop forte, ajoute cette personnalité, pour que le programme annoncé soit concrétisé dans les prochains mois».
Mais c’est oublier que, très probablement,la continuité du pouvoir resterait garantie, qu’il y ait ou non un nouveau locataire à Baabda, par le biais de la présidence de la Chambre et de la présidence du Conseil qui garderaient les mêmes titulaires. C’est oublier aussi que dans le système issu de Taëf, ce n’est pas le régime, entendre la présidence de la République, qui est responsable et ce n’est pas à lui d’assumer ou d’entreprendre.
Toujours est-il que M. Sélim Hoss, économiste de métier, tire la sonnette d’alarme: il faut, explique-t-il, que le transfert d’une partie de la dette publique intérieure en dette extérieure (par l’emprunt des 2 milliards de dollars) ne soit pas effectué sans une solide étude technique préalable abordant toutes les retombées possibles, positives ou négatives, d’une telle mesure. Sinon on n’aurait fait que reporter le traitement effectif du problème du déficit budgétaire.

Les points sur lesquels les trois présidents se sont mis d’accord en vue de traiter la crise socio-économique, de réduire le déficit budgétaire et d’assainir les finances publiques, nécessitent l’approbation du Conseil des ministres et de l’Assemblée nationale.Cela signifie qu’on va en débattre, qu’il peut y avoir des controverses prolongées au-delà même du vote...