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Actualités - CHRONOLOGIE

Hariri voulait 800 millions de dollars .. Il en obtient 2 milliards Accord de Baabda : tout est dans l'application La réunion ministérielle d'aujourd'hui annulée. Motif invoqué : l'absence de sujets importants


L’accord de Baabda sur un programme de réforme devant déboucher sur un renflouement du Trésor a été rendu public hier, bien que les trois pôles du Pouvoir eurent convenu de ne pas en divulguer la teneur, en attendant, au moins, de le présenter au Conseil des ministres. Respect du rôle des institutions oblige.

Cet accord s’articule autour de quatre grands thèmes: la réforme administrative, la rationalisation des dépenses, l’amélioration des recettes, et la gestion de la dette, devant tous conduire à un même objectif: assainir des finances publiques qui se portent plutôt mal (VOIR PAGE 2 L’ENSEMBLE DES POINTS DE L’ACCORD). L’élément le plus important du programme adopté par les trois présidents reste l’autorisation accordée au gouvernement de contracter un prêt de 2 milliards de dollars pour couvrir le service de la dette interne et combler le déficit budgétaire, que l’Exécutif souhaite ramener à 37, 45% en 1998.
Il s’agit bien sûr d’un projet qui, pour être réalisé, doit obtenir d’abord l’aval du Conseil des ministres et ensuite celui du Parlement où un important mouvement d’opposition se manifeste, comme on le sait, contre la politique d’endettement du Cabinet Hariri. Il aurait pu être débattu aujourd’hui en Conseil des ministres, qui était supposé aussi prendre connaissance du ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, des réserves exprimées par les députés au sujet du projet de nominations au sein de certains conseils municipaux. Mais pour une raison obscure, la réunion du gouvernement a été reportée. Motif invoqué par la présidence du Conseil: l’absence de textes «importants» inscrits à son ordre du jour (!).
Ce n’est donc que la semaine prochaine que les ministres pourront prendre connaissance officiellement du texte du plan prévu pour le redressement (qui est rappelle-t-on, le fruit de quatre réunions de travail tenues entre le Législatif et l’Exécutif) et débattre de son opportunité et des éventuels risques que comporte le projet d’emprunt de 2 milliards de livres.
Si le gouvernement a donné l’impression de vouloir faire montre de discrétion, on ne peut pas en dire autant du côté de la place de l’Etoile où le chef du Législatif, M. Nabih Berry, et le président de la commission parlementaire des Finances et du budget, ont communiqué le premier aux membres du Bureau de la Chambre, et le deuxième aux députés membres de la commission, le texte de l’accord qui sera examiné plus en profondeur la semaine prochaine par cette même commission. Dans le même temps, des sources proches de la présidence de la Chambre informaient les correspondants de presse dans le détail de ce qui a été convenu à Baabda. Cette démarche peut être perçue comme un ballon d’essai que la présidence de la Chambre a voulu lancer pour voir les réactions au programme de réforme et plus particulièrement au projet d’emprunt. Les sources proches de M. Berry ont fait montre d’un peu de réserve en indiquant que le programme est «bon sur le plan théorique» et que «tout dépend de l’application».

Un projet à risques?

Qu’en-est-il du projet d’emprunt de 2 milliards de dollars? Est-il bon pour le Liban? Ne comporte-il aucun risque surtout qu’il aggrave la dette de l’Etat? Les artisans du projet, et c’est normal, n’ont présenté que le bon côté des choses. Des sources proches de la présidence du Conseil ont indiqué en soirée que des experts ont été consultés à ce sujet, sans préciser quand et quel genre d’experts. On sait en effet, que seul, M. Khalil Hraoui a sondé récemment, dans le cadre de l’examen du projet de Budget 1998, les représentants des organismes économiques ainsi que des experts financiers au sujet d’éventuelles solutions à la crise financière. Le député a reconnu qu’un endettement externe risque d’hypothéquer l’avenir du pays. Le président Sélim Hoss a soulevé le même point et a reproché à l’Etat de ne pas avoir fondé son initiative sur une étude globale effectuée par des experts. Dans certains milieux financiers, on fait remarquer que l’accroissement du volume de la dette externe rend le Liban plus vulnérable aux secousses des marchés internationaux.
Mais dans les milieux proches du chef du gouvernement, qui a donc fini par obtenir deux milliards de dollars au lieu des 800 millions qu’il voulait avoir (bien qu’il soit difficile d’établir une comparaison entre les deux projets d’emprunt du moment qu’ils sont destinés à des usages différents), on n’a pas hésité à indiquer que la seule annonce du projet de prêt a causé une détente sur le marché financier local. De mêmes sources, on a précisé qu’il n’était pas possible au gouvernement d’emprunter du marché local pour combler le déficit de 1998, ce qui aurait provoqué une crise de liquidité. On a fait aussi remarquer que le taux d’intérêt sur un prêt extérieur est réduit et que le remboursement de la dette sera échelonnée sur plusieurs années alors qu’une dette interne doit être remboursée dans un délai d’un ou de deux ans seulement. De mêmes sources, on précise qu’un compte spécial sera ouvert à la Banque du Liban et sera alimenté grâce à une taxe de 1% sur toutes les ventes. Ce sont ces recettes qui permettront de payer le service de la dette, a-t-on ajouté.

Les municipales

Le dossier financier a quelque peu occulté celui des municipales. Alors que la commission parlementaire de l’Administration et de la Justice est engagée dans une course contre la montre pour achever l’examen du projet de loi dans les délais, le gouvernement prend tout son temps. Il était supposé plancher de nouveau aujourd’hui sur le projet de nominations au sein des conseils municipaux, mais voilà qu’il ajourne sa réunion prétextant l’absence de sujets «importants» à son ordre du jour.
Pourtant, si le texte n’est pas voté au plus tard le 15 décembre, il sera difficile au gouvernement de pouvoir organiser les élections municipales et de moukhtars, comme prévu, à partir du 20 avril. Les départements du ministère de l’Intérieur ont besoin de cinq mois pour achever les préparatifs techniques des élections. Si un recours en invalidation du texte est présenté devant le Conseil constitutionnel, au cas où le principe des nominations au sein des conseils municipaux serait maintenu, l’organisation des élections sera alors franchement compromise. Acculé à organiser en 1998 les municipales, à cause de l’invalidation par le Conseil constitutionnel de la loi prorogeant jusqu’en 1999 le mandat des conseils municipaux et de moukhtars, l’Exécutif s’est vu obligé d’organiser le scrutin au printemps prochain. Mais si les délais ne sont pas respectés, les élections seront encore une fois reportées... jusqu’au printemps de 1999.
La commission, que préside M. Chaker Abou Sleiman, avait reporté l’examen de l’article relatif aux nominations en attendant d’avoir la réponse du gouvernement et avait entre-temps entamé l’examen des articles techniques du texte. Elle en a voté 8 hier, dont deux sous une forme légèrement amendée. M. Abou Sleiman a annoncé au terme de la réunion qu’il tiendra deux autres, mardi et jeudi prochains, pour achever l’examen du texte, d’autant, pensait-il que l’Exécutif aurait fait savoir ce qu’il compte faire au sujet des nominations. Mais apparemment, la commission doit attendre encore.
L’accord de Baabda sur un programme de réforme devant déboucher sur un renflouement du Trésor a été rendu public hier, bien que les trois pôles du Pouvoir eurent convenu de ne pas en divulguer la teneur, en attendant, au moins, de le présenter au Conseil des ministres. Respect du rôle des institutions oblige.Cet accord s’articule autour de quatre grands thèmes: la réforme...