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Actualités - DISCOURS

Dans son message pour le 54e anniversaire de l'Indépendance Hraoui : programme global de réformes pour sortir de la crise "La démocratie ne couvre pas la corruption", souligne le chef de l'état

Le Liban fête aujourd’hui le 54e anniversaire de son indépendance et les cérémonies officielles ont commencé hier partout dans le pays où des couronnes de fleurs ont été déposées sur les tombes des pères de l’Indépendance (VOIR PAGE 4). Aujourd’hui, comme chaque année, un défilé militaire sera organisé à partir de 8h sur l’avenue Abdallah el-Yafi. Dans son message traditionnel à la nation, le chef de l’Etat, M. Elias Hraoui, a mis l’accent sur la nécessité de consolider l’indépendance par «l’établissement d’un Etat unifié, fort et efficient». Le président de la République n’a pas évoqué le branle-bas de combat mené à l’heure actuelle pour trouver une issue à la crise financière et économique dans laquelle le pays se débat. Il y a fait seulement allusion, en insistant sur les principes qui doivent constituer la base de tout projet de redressement. Le président Hraoui a particulièrement souligné la nécessité d’un Etat moderne et fort, d’une administration compétente, d’une solidarité sociale. Il s’est aussi prononcé en faveur d’une politique d’austérité en donnant l’exemple de l’Europe après la Deuxième Guerre mondiale et a affirmé que le retour des déplacés reste une priorité pour l’Etat.
Le chef de l’Etat a commencé par souligner que «toutes les réalisations importantes dans le pays ont été le fruit de notre entente et de notre unité» et que «la plupart des crises qui ont secoué le Liban étaient le résultat du démembrement et de la division». «On ne gagne pas l’indépendance en se libérant seulement de l’emprise de l’étranger, mais on la consolide en réussissant à établir un Etat unifié, fort et efficient», a-t-il encore dit.
Le président Hraoui a ensuite rendu un vibrant hommage à l’armée. S’adressant aux militaires, il a déclaré: «Votre institution a été créée pour défendre l’indépendance, protéger le système et préserver la souveraineté de la loi ainsi que les libertés. Grâce à son unité, vous avez réussi à veiller sur le maintien de la sécurité et de la stabilité et vous avez accompli avec succès les missions que l’Etat vous a confiées. Un grand hommage à vous tous, commandement, officiers et soldats ainsi qu’à tous les membres de nos forces de sécurité, sans oublier vos martyrs. Soyez sûrs que la force de l’indépendance est garantie par la force de votre engagement aux principes de l’honneur, de la loyauté et du sacrifice. Que Dieu vous garde pour le Liban».
Le chef de l’Etat a ensuite abordé dans son discours les problèmes de redressement dans le pays: «Le Liban a besoin d’une culture nationale globale. ce n’est pas par le ressentiment et ce n’est pas en se réjouissant du malheur des autres que nous sauverons le Trésor et que nous réglerons les problèmes sociaux. Nous nous débarrasserons des lourdes charges lorsque nous mettrons en application un programme global de réformes, pour tout l’Etat, pour la société, ainsi que pour tous les secteurs et les régions. Nous nous en débarrasserons lorsque la refonte administrative sera conjuguée à la réforme sociale. Deux voies nous permettront de nous remettre sur pied: le respect de l’institution qu’est l’administration et la dynamisation de la solidarité sociale. Nous devons tous travailler ensemble pour moderniser la vie politique. N’essayez pas de ramener le Liban tel qu’il était au cours des années 60 et 70 mais conduisez-le jusqu’après l’an 2000».

L’édification de l’Etat

Le président Hraoui a poursuivi en affirmant: «Notre sort est lié à celui du monde arabe et nous attirons aujourd’hui sur nous l’intérêt de la communauté internationale. Le défi auquel nous sommes confrontés est de définir le nouveau rôle du Liban à l’avenir. Nous devons axer nos efforts sur deux tâches principales: libérer la terre occupée au Sud et dans la Békaa-Ouest pour préserver l’entité libanaise et construire le pays en édifiant l’Etat et la société».
Il a estimé qu’une «grande part de franchise est désormais requise». Pour le chef de l’Etat, «les responsables et le peuple sont des partenaires dans l’édification de l’Etat et de son avenir.» «Il n’est pas permis, a-t-il ajouté, de punir tous les Libanais si quelques-uns parmi leurs compatriotes commettent des erreurs. Il est nécessaire de revoir radicalement la structure de nos administrations pour les rendre plus productives, de revoir aussi la politique de dépenses et de dynamiser le rôle des organismes de contrôle. Le pays n’a pas besoin d’une administration qui serait à l’image du jeu politique mais d’une administration qui reflète le rôle de l’Etat et sa raison d’être. Nous avons besoin d’une administration qui puisse elle aussi contribuer à l’édification d’une paix nationale. La démocratie n’est pas synonyme d’absence de vérification et de contrôle. La démocratie ne couvre pas la corruption et l’hémorragie».
Le président Hraoui s’est ensuite interrogé sur le point de savoir «comment le redressement peut se réaliser, si nous ne coopérons pas ensemble et nous ne mobilisons pas nos forces». «Tout comme nous avons contribué à l’essor arabe, il est nécessaire que nous réussissions à la réalisation de l’essor de notre pays. Tout comme nous nous surpassons à l’étranger, il est normal que nous puissions parvenir à nous développer de l’intérieur», a-t-il fait valoir.
Le chef de l’Etat a reconnu que «le règlement des problèmes économiques est difficile». Il a toutefois considéré que cette difficulté «doit nous inciter à jeter rapidement les bases d’une solution». «De la sorte, a ajouté M. Hraoui, nous consoliderons la confiance dans l’Etat, celle-ci représentant le fondement de tout redressement». Et de poursuivre: «Vous savez que les pertes matérielles du Liban durant 16 ans de guerre ont été estimées par la Banque mondiale à 30 milliards de dollars, soit 12 fois le produit national de 1990. La France et certains pays d’Europe n’avaient perdu qu’une petite partie de leur produit national à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. N’empêche qu’ils ont établi le plan Marshall pour soutenir leurs efforts de redressement. Pendant de longues années, ils ont aussi appliqué une politique d’austérité et cessé toute importation. Leurs populations attendaient en file pour pouvoir obtenir des denrées alimentaires. Où en sommes-nous de tout cela?».
Il a enchaîné en évoquant «la situation des jeunes dans les grandes villes, laquelle commande une grande attention». Il a aussi jugé tout autant nécessaire de s’occuper davantage de la jeunesse dans les zones rurales. «Tout cela, a-t-il dit, dans le but de les préparer à devenir les piliers de l’avenir».
Il a souligné dans ce cadre le rôle que l’information peut jouer: «L’information, a déclaré le président Hraoui, a besoin d’une âme qui puisse lui éviter de sombrer totalement dans la course commerciale. Nous avons voulu que notre pays soit celui de la liberté et de la démocratie. Il est cependant regrettable de constater que certains journaux et certains médias audiovisuels dévient, volontairement ou pas, dans un sens détruisant le pays et portant atteinte aux moeurs».
Le chef de l’Etat a ensuite assuré que «les secteurs de la Sécurité, de la justice, des services et de la production constituent un pilier fondamental de toute opération de redressement et de construction». Concernant le dossier des déplacés, il a affirmé que le retour des populations qui avaient été poussées à l’exode chez elles «reste une priorité nationale, sociale et de développement». «Nous sommes, a-t-il ajouté, en faveur de tout ce qui est de nature à accélérer ce retour, même s’il commande l’établissement d’une taxe spéciale».
M. Hraoui a en outre déclaré: «Nous ne laisserons pas nos problèmes nous distraire des plans qui se trament autour de nous et qui déterminent l’avenir de la région au détriment du Liban. Nous ne sommes pas favorables à un gel du processus de paix dans la région. Celle-ci n’est pas un otage aux mains d’Israël. La paix juste et globale est plus qu’un choix au Moyen-Orient. C’est un moyen de façonner l’avenir».
Déplorant le laxisme international devant les pratiques israéliennes, il a affirmé: «La mobilisation mondiale contre l’Irak ne fait pas oublier la responsabilité mondiale qui consiste à se mobiliser contre l’obstination d’Israël à poursuivre ses agressions quotidiennes contre nos frères au Liban-Sud et dans la Békaa, aux fins de faire subir à notre pays qui cherche à se rétablir le plus de pertes possibles et à violer notre souveraineté».
Après avoir souligné l’attachement du Liban aux arrangements du 26 avril, il s’est interrogé sur l’opportunité des réunions du Comité de surveillance à Naqoura «alors qu’Israël poursuit quotidiennement ses attaques au Liban-Sud». «La solution, a déclaré le président Hraoui, est de faire appliquer la résolution 425 du Conseil de Sécurité. Nous voulons une paix qui garantisse l’exécution des résolutions internationales et du principe de la terre contre la paix. Le monde entier est convaincu de l’opportunité de nos constantes. Il est aujourd’hui invité à les concrétiser».
Et de conclure: «Nos réalisations ont permis d’unifier davantage le pays. Toutes les tentatives de semer les troubles sur son sol ne parviendront pas à miner la stabilité qui y prévaut. Il ne nous reste plus qu’à poursuivre ces réalisations pour consolider notre indépendance».

Le Liban fête aujourd’hui le 54e anniversaire de son indépendance et les cérémonies officielles ont commencé hier partout dans le pays où des couronnes de fleurs ont été déposées sur les tombes des pères de l’Indépendance (VOIR PAGE 4). Aujourd’hui, comme chaque année, un défilé militaire sera organisé à partir de 8h sur l’avenue Abdallah el-Yafi. Dans son...