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Actualités - ANALYSE

Municipales : à petits pas vers le report...

Va-t-on cette fois encore invoquer la marge trop étroite des délais pour justifier un nouveau report des municipales?… Ou va-t-on reconnaître que ce renvoi a pour cause le conflit sur le principe de la désignation d’édiles qui peut entraîner de la part des députés un recours devant le Conseil constitutionnel?…
Le ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, a précisé que la loi sur les municipales doit être prête au plus tard le 10 décembre — entendre déjà votée — si l’on veut que ses services puissent organiser le scrutin en avril-mai comme prévu. Autrement, on se retrouverait dans une fourchette de temps empiétant sur la saison touristique d’été; et si l’on veut éviter cet inconvénient on retomberait, l’automne venu, en pleine période de campagne pour les présidentielles focalisant l’attention du public comme des politiciens. Au rythme où se développe l’examen du texte en commissions, M. Murr doute que les délais normaux puissent être respectés…
Concernant la question des désignations, le ministre a répété devant les députés les motivations déjà connues, à savoir principalement le souci qu’au sein des grandes municipalités ou dans les villages des déplacés chaque composante communautaire puisse être représentée. En clair, il s’agit d’éviter que, sur l’ensemble, les mahométans n’occupent les trois quarts des sièges et les chrétiens le quart seulement, ceci au nom des équilibres confessionnels et de «l’entente nationale» comprise comme une affaire de quotas… M. Murr a cependant souligné que si les pôles politiques ou religieux chrétiens rejettent eux-mêmes les désignations, il ne serait pas pour sa part plus royaliste que le roi et reste disposé à demander lui-même au Conseil des ministres d’annuler l’article du projet en cause, les nominations ne devant plus se faire que dans les villages occupés et en bordure de la zone frontalière. Si le gouvernement souscrit à cette requête d’abrogation, la Chambre serait saisie d’un texte modifié en conséquence; et si le Conseil des ministres décide de maintenir le principe des désignations, le dernier mot reviendrait alors à la majorité parlementaire. Après s’être montré ainsi conciliant, le ministre a quand même souligné que chaque ministre, chaque député, qui aura fait opposition au principe des désignations devra assumer la responsabilité du fait que toutes les parties ne pourront pas être représentées dans les conseils municipaux pour répondre aux besoins de l’entente nationale…

Difficultés

Interrogé sur la proposition du président Hussein Husseini de subdiviser pour les élections les municipalités en zones en vue d’une représentativité plus pointue des édiles, le ministre a indiqué qu’à ce jour sur 800 municipalités seules une cinquantaine sont topographiquement morcelées en quartiers. Ce serait un travail de titan, a-t-il dit, que de découper les agglomérations en quartiers, d’en délimiter les contours (ce qui peut provoquer des querelles «frontalières» au sein des localités) et d’élaborer en conséquence de nouveaux fichiers d’état-civil pour les résidents. Il faudrait mobiliser les mohafazats, l’Urbanisme, le Cadastre, les services de cartographie, l’état-civil, le coût serait énorme et cela prendrait beaucoup de temps, une année au moins. Sans compter qu’il faudrait renoncer au travail déjà accompli pour les listes d’électeurs, établies en base des bordereaux administratifs dans leur état géographique actuel.
Toujours est-il que dans le speech prononcé lors du dîner du Conseil maronite central le président Elias Hraoui, qui est à l’origine de l’idée des désignations pour les municipales, a laissé entendre qu’il est décontenancé par les contradictions auxquelles il se trouve confronté. «On pousse les hauts cris si je ne garantis pas les droits des citoyens à travers les élections des conseils municipaux, du fait qu’une majorité d’une communauté déterminée mettrait à plat une minorité d’une autre communauté… Mais quand je demande des réformes pour passer du confessionnalisme au régime civil, on rejette cette orientation sous prétexte qu’il faut préserver l’équilibre communautaire. Et si je ménage cet équilibre, on m’objecte que c’est contre la démocratie et la réforme…» Il a répété dans son discours de Kaslick que «nous sommes perplexes: le peuple libanais ne veut-il pas que l’entente nationale prévaille dans les agglomérations principalement dans les grandes villes? Quand nous proposons la désignation d’un tiers des édiles pour préserver les équilibres, nous entendons des voix s’élever pour dénoncer «l’hérésie démocratique». Comment assurer les droits (des minorités) à Tripoli, Beyrouth, Saïda, Tyr, Nabatyeh, Baalbeck, comment instaurer l’entente nationale à Zahlé?»
A dire vrai c’est encore une fois un problème de confiance. Si le tollé contre les désignations est aussi général, c’est que tout le monde est convaincu que le pouvoir, qui se soucie comme d’une guigne de l’entente nationale, veut ainsi installer ses hommes aux commandes dans les municipalités comme il a su le faire, à quelques rescapés-opposants près, à la Chambre lors des dernières législatives «libres»…

E.K.
Va-t-on cette fois encore invoquer la marge trop étroite des délais pour justifier un nouveau report des municipales?… Ou va-t-on reconnaître que ce renvoi a pour cause le conflit sur le principe de la désignation d’édiles qui peut entraîner de la part des députés un recours devant le Conseil constitutionnel?…Le ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, a précisé que...