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Actualités - CHRONOLOGIE

Menaces de poursuites judiciaires contre Montazeri La lutte pour le pouvoir s'aggrave en Iran entre civils et religieux

Les milieux conservateurs iraniens sont partis en guerre contre tout amoindrissement du pouvoir théocratique en lançant mercredi une violente offensive contre ceux qui voudraient remettre en cause la nature même du régime. Après la mise à sac de l’école coranique de l’ayatollah Hossein-Ali Montazéri, à Qom, la justice se préparait hier à ouvrir une enquête contre l’ex-dauphin de l’imam Khomeiny.
L’instruction judiciaire viserait les déclarations de l’ayatollah Montazéri mettant en cause l’autorité du guide de la République islamique et numéro un du pays, l’ayatollah Ali Khamenei. M. Ali Razini, chef du pouvoir judiciaire de Téhéran, a déclaré que l’ayatollah Montazéri avait violé un décret de l’imam Khomeiny datant de 1989 lui interdisant toute activité politique.
«Le tribunal spécial du clergé enquêtera le moment venu sur cette violation commise par ce naïf», a déclaré M. Razini, cité par le journal conservateur «Resalât».
M. Montazéri, «à l’instigation de certaines personnes, a répété les mêmes choses qui autrefois avaient fait beaucoup de mal à l’Imam» (Khomeiny) a-t-il ajouté.
L’ayatollah Montazéri, ainsi qu’un autre ayatollah de Qom, Ahmad Azari-Qomi, sont accusés d’avoir mis en question le principe central du régime, le «Vélayat-é-faghih», qui assure la prééminence de l’ayatollah Ali Khamenei, détenteur de la légitimité théocratique.
«Comment se fait-il que M. Montazéri pense que le Vélayat-é-faghih doive être limité à une simple supervision, alors que lui-même, quand il était en position d’accéder à la fonction, se mêlait de tout» accusait jeudi «Resalât».
Véritable capitale religieuse de l’Iran, en plus de la capitale politique Téhéran, Qom influe fortement sur les orientations du régime, notamment à travers la puissante Société des enseignants de théologie de la ville.
Bruissant en permanence des luttes internes qui agitent le régime, la ville sainte est dans le même temps extrêmement secrète, et il est exceptionnel que les conflits qui s’y déroulent soient ainsi mis sur la place publique.
La violence des réactions des milieux conservateurs contre l’ayatollah Montazéri a eu pour effet paradoxal de remettre sur le devant de l’actualité cet ex-dauphin de Khomeiny âgé de 75 ans, écarté du pouvoir peu avant la mort de ce dernier en 1989 et envoyé en résidence surveillée à Qom.
Egalement significative, une autre manifestation de soutien au guide Khamenei a eu lieu mercredi dans l’autre grande ville sainte d’Iran, Machhad, fief conservateur, a également rapporté la presse.
Le très influent ayatollah Abbas Vaez-Tabassi, chargé du sanctuaire de l’imam Reza à Machhad, premier lieu de pèlerinage iranien, a déclaré que «à partir de maintenant, tous ceux qui par la plume ou par le verbe feront la moindre publicité au groupe de Montazéri connaîtront un avenir amer».
L’Association du clergé combattant (ACC), puissante nébuleuse politico-religieuse conservatrice, a proclamé son attachement au principe de la direction d’un guide, qualifié de «pilier religieux de l’Iran islamique».
Le débat sur la direction religieuse du pays est latent dans la société iranienne et le clergé depuis la mort en 1989 de l’imam Khomeiny, qui avait fait du «Vélayat-é-faghih» le thème central de sa pensée politique.
Les manifestations et les violences de Qom témoignent toutefois d’une brusque aggravation des oppositions sur ce sujet, avivés par l’élection en mai dernier du président Mohammad Khatami avec près de 70% des voix.
M. Khatami, fils d’un grand religieux de Yazd et religieux lui-même, est favorable à un renforcement de l’état de droit et de la société civile, des thèmes considérés comme potentiellement dangereux pour la pérennité théocratique du système par les conservateurs.



Les milieux conservateurs iraniens sont partis en guerre contre tout amoindrissement du pouvoir théocratique en lançant mercredi une violente offensive contre ceux qui voudraient remettre en cause la nature même du régime. Après la mise à sac de l’école coranique de l’ayatollah Hossein-Ali Montazéri, à Qom, la justice se préparait hier à ouvrir une enquête contre...