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Actualités - CHRONOLOGIE

Réunion de travail exécutif-législatif centrée sur le projet de budget Hariri : c'est plus qu'un début d'accord (photo)


«Nous avons parlé du budget et de nombreuses autres questions. Tout a été débattu avec une entière franchise et dans une atmosphère très positive. Je sors de la réunion extrêmement satisfait. C’est plus qu’un début d’accord». C’est par ces mots que le chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, a décrit le résultat de la réunion de travail élargie qu’il venait d’avoir (entre 18h45 et 21h45) avec le président de l’Assemblée nationale et un certain nombre de ministres et députés, à Aïn el-Tineh. M. Hariri a ajouté, avant de s’engouffrer dans sa voiture, que les discussions reprendront aujourd’hui, après le conseil des ministres, et qu’elles pourraient se prolonger tard dans la nuit.
La réunion a notamment servi à réfléchir sur les moyens de financer la nouvelle échelle des salaires dans le secteur public (600 milliards de L.L. pour 1997, sans compter la somme due, à titre d’effet rétroactif, depuis le 1er janvier 1996). Elle a également été consacrée à l’examen des moyens de comprimer les dépenses et d’augmenter les recettes fiscales de l’Etat, afin que le déficit budgétaire prévu (37,5%) pour l’année 1998, ne soit pas dépassé. Le gouvernement souhaitait imposer une surtaxe de 5.000 L.L. sur les 20 litres d’essence, ce qu’une majorité parlementaire refuse catégoriquement, en réclamant, au nom de la justice sociale, un rééquilibrage de la politique fiscale reposant essentiellement sur des taxes indirectes. La question du développement des régions pauvres du pays, notamment de la région de Baalbeck-Hermel, grâce à un emprunt de 800 millions de dollars, faisait également partie des sujets examinés.
D’autres sujets de relativement moindre «poids» ont également été passés en revue, notamment le paiement des arriérés aux hôpitaux privés, le rapport accablant sur le gaspillage des ressources du Trésor présenté par les organismes de contrôle, etc.
Tout cela, bien entendu, sans perdre de vue le paiement du service de la dette publique, ainsi que le financement du retour des déplacés, une priorité nationale.
Ont pris part à la réunion de Aïn el-Tineh MM. Fouad Siniora (Finances), Yassine Jaber (Economie), ainsi que les députés Khalil Hraoui, président de la commission parlementaire des finances, Anouar el-Khalil et Mohammed Abdel Hamid Beydoun.
Connu pour sa loquacité, M. Mohammed Beydoun est resté très réservé à l’issue de la réunion, affirmant qu’un esprit de coopération entre l’Exécutif et le Législatif a prévalu, et «qu’une politique d’austérité pourrait éviter au pays de nouveaux impôts». Apercevant M. Beydoun en compagnie de journalistes, le chef du gouvernement lui a conseillé gentiment de «passer avant lui», pour bien s’assurer qu’il n’y aura pas d’indiscrétions en direction de la presse.
Il faudra donc provisoirement croire M. Hariri et supposer que le débat autour du budget a véritablement progressé. Car le sujet est extrêmement compliqué et entraîne des choix particulièrement délicats, voire difficiles. Ce qui divise la classe politique, en l’occurence l’Assemblée et le gouvernement de M. Hariri, ce ne sont pas seulement des impôts indirects, mais une politique économique et fiscale qui reflète des options sociales divergentes. Qu’il faille mettre un frein au gaspillage et trouver de l’argent pour combler, relativement, le déficit budgétaire, tout le monde en convient. Mais comment le faire, sur quoi dépenser et où trouver l’argent, voilà où les désaccords apparaissent.
Ces points de désaccord avaient été passés en revue, le matin même, par le président Berry, qui recevait les ténors de l’opposition parlementaire, MM. Sélim Hoss, Omar Karamé, Mohammed Youssef Beydoun et Nassib Lahoud. Pour ce dernier, «il ne s’agit pas d’une crise passagère, mais d’une crise profonde, qui exige une réforme fiscale, une révision des priorités de développement, un assainissement de l’Administration, bref toute une façon de gouverner. Et cette réforme, c’est au gouvernement à l’introduire, et non pas à l’opposition, qui reste prête à coopérer là où c’est souhaitable».
Le matin, M. Béchara Merhej, ministre d’Etat chargé du dossier de la réforme administrative, avait affirmé, après avoir été reçu par le chef de l’Etat, que le projet d’emprunt de 800 millions de dollars reviendra nécessairement sur le tapis, et avait de la nécessité de «véritablement rationaliser les dépenses publiques» et de «percevoir intégralement les recettes publiques», qui ne le sont que très partiellement dans certaines régions, au point que l’EDL ne perçoit que la moitié de ses recettes. M. Merhej a refusé de répondre à la question de savoir si, pour comprimer les dépenses, le gouvernement envisageait d’abolir certains départements ministériels.
Rappelons que l’examen du projet de Budget, entamé par les commissions, a buté sur la question de ce que la commission a considéré comme «une surestimation des dépenses». La commission réclame que les chiffres inscrits au budget soient révisés à la baisse dans une proportion de 20%.
Ainsi, s’il doit y avoir accord aujourd’hui, ce sera sur des grandes lignes d’action, plutôt que sur des détails, impossibles à finaliser en si peu de temps. Un consensus social gouvernement-opposition passe en effet par un débat national englobant plus que quelques personnes représentant le chef du gouvernement et celui de l’Assemblée.
«Nous avons parlé du budget et de nombreuses autres questions. Tout a été débattu avec une entière franchise et dans une atmosphère très positive. Je sors de la réunion extrêmement satisfait. C’est plus qu’un début d’accord». C’est par ces mots que le chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, a décrit le résultat de la réunion de travail élargie qu’il venait...