Israël accepterait que la prochaine édition ait lieu en territoire palestinien La conférence économique du P.O. à la recherche d'un pays d'accueil

La Conférence économique du Proche-Orient et d’Afrique du Nord, réunie à Doha pour sa quatrième édition, s’est lancée hier à la recherche un pays d’accueil pour l’année 1998.
Le ministre israélien du Commerce Nathan Chtcharansky a indiqué qu’aucune annonce sur le lieu de la cinquième édition ne serait faite au cours de la conférence actuelle, handicapée par le boycott de la plupart des pays arabes.
Une annonce devrait intervenir dans les «tout prochains mois», a ajouté M. Chtcharansky, affirmant qu’Israël accepterait qu’elle se tienne dans les territoires autonomes palestiniens, à Bethléem en Cisjordanie par exemple.
Dans les milieux proches du Forum économique mondial, organisateur de la conférence, on avance les possibles candidatures de la Tunisie ou d’Oman, deux des neufs pays arabes présents à Doha, hormis le Qatar, pays hôte.
Le ministre qatariote des Affaires étrangères Hamad Ben Jassem Al-Thani a estimé que la présence des hommes d’affaires et du secteur privé à Doha «justifiait la poursuite de ces conférences».
La difficulté de trouver un pays d’accueil pour la prochaine édition reflète le blocage du processus de paix dont les pays arabes et les Palestiniens attribuent l’entière responsabilité à Israël.
Le climat politique tendu s’est également fait sentir à Doha dans les difficultés à rédiger un communiqué final.
M. Chtcharansky a indiqué qu’Israël refusait que le principe de «la paix contre les territoires» (palestiniens et arabes) figure dans ce texte dans la mesure où il est «l’objet d’interprétations contradictoires» et que la conférence de Doha «est un événement économique et non politique».
Le chef de la diplomatie qatariote a cependant affirmé que «la communauté internationale soutient le principe de l’échange de la paix contre les territoires».
«Soixante-cinq des soixante-six pays présents à la conférence sont pour ce principe, Israël a la possibilité de s’abstenir de voter la résolution» mais ne pouvait pas l’empêcher, a-t-il dit.

L’agonie de la paix

L’agonie du processus de paix se répercute même au niveau économique: aucun nouveau projet de coopération régionale n’a été présenté à Doha, alors que ceux qui ont été élaborés au cours des précédentes conférences — Casablanca (1994), Amman (1995) et Le Caire (1996) — sont restés lettre morte.
Le sous-secrétaire américain à l’Economie et l’Agriculture, Stuart Eisenstat, a indiqué que son administration s’efforcerait d’obtenir du Congrès des fonds pour lancer la Banque de développement pour le Proche-Orient et l’Afrique du Nord.
Cette banque, qui devait être dotée d’un capital de cinq milliards de dollars et dont la création avait été annoncée à la conférence d’Amman en 1995, aurait dû ouvrir ses portes à la fin de cette année.
«Je serais plus optimiste» au sujet de la banque «si j’étais optimiste au sujet du processus de paix», a déclaré pour sa part Gideon Schurr, directeur des affaires internationales à la banque centrale d’Israël.
La conférence de Doha sert néanmoins le Qatar, qui cherche des partenaires et des investisseurs pour mener à bien ses projets industriels.
Le Qatar a signé une lettre d’intention avec Mobil Corporation (Etats-Unis) pour créer une entreprise conjointe d’un coût d’un milliard de dollars pour ravitailler le marché qatariote en gaz puisé dans ses énormes réserves, les troisièmes au monde après celles de la Russie et de l’Iran.
Deux autres accords avec Mobil ont été annoncés par le Qatar sur la création de compagnies de transport maritime pétrolier et gazier.
Ces accords portent à plus de deux milliards de dollars le montant des contrats signés par le Qatar depuis l’ouverture de la conférence.