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Actualités - CHRONOLOGIE

Les responsables du régime interdits de voyage Le conseil de sécurité renforce les sanctions contre l'Irak

Le Conseil de Sécurité de l’ONU a voté à l’unanimité une résolution qui renforce les sanctions contre l’Irak en interdisant de voyage des responsables de ce pays. Bagdad a aussitôt fait savoir qu’il rejetait cette décision. Auparavant, le régime irakien avait réaffirmé sa détermination à expulser les experts américains de la Commission spéciale (UNSCOM) et à tirer sur les avions alliés. Dans le même temps, les Etats-Unis donnaient l’impression d’être sur le point de renforcer leur dispositif de guerre (déjà très impressionnant) dans le Golfe, tandis que des voix s’élevaient au Congrès pour agiter la menace d’une action militaire.
La résolution 1.137 adoptée à l’unanimité des quinze membres du Conseil de Sécurité constitue une riposte à la décision prise le 29 octobre dernier par le président Saddam Hussein d’expulser les membres américain de l’UNSCOM, l’organisme onusien chargé de superviser le démantèlement des armes de destruction massive de l’Irak, condition du cessez-le-feu intervenu dans la guerre du Golfe, en 1991.
Ce texte a été présenté par neuf pays: Etats-Unis, Grande-Bretagne, Chili, Costa-Rica, Pologne, Suède, Portugal, Corée et Japon.
La résolution interdit de voyage les officiels irakiens et membres des forces armées qui entravent le travail de l’UNSCOM.
Elle souligne aussi «la ferme intention» du Conseil «de prendre d’autres mesures» au cas où Bagdad ne reviendrait pas sur sa décision.
Mais elle ne mentionne pas explicitement l’emploi de la force auquel sont opposées la Russie et la France.
«La résolution d’aujourd’hui marque notre détermination à continuer à avancer ensemble et fermement» pour contraindre Bagdad à revenir sur sa décision, a dit l’ambassadeur américain Bill Richardson devant le Conseil.
«L’Irak doit entendre ce message», a-t-il ajouté.

L’option militaire

Devant la presse, M. Richardson a reconnu que «la crise n’était pas terminée». «Ce n’est pas la fin de la partie», a-t-il dit en réitérant que les Etats-Unis «n’excluaient aucune option, y compris militaire».
Cette option a été clairement rejetée par l’ambassadeur chinois, Qin Huasun, qui a souligné dans son discours au Conseil que la Chine «est opposée à l’usage de la force, ou à la menace de la force, ou à toute action qui pourrait exacerber les tensions».
M. Qin, qui est aussi le président en exercice du Conseil de Sécurité, a appelé «les parties à la retenue et à trouver une solution par le dialogue et la coopération».
Le représentant de la Russie, Sergueï Lavrov, a mis en garde contre «toute action de force ou menace de force».
Cela, a-t-il dit, «effacerait d’un coup tous les résultats auxquels nous étions parvenus dans le règlement de la crise du Golfe et constituerait un grand recul».
Le même langage a été tenu par l’ambassadeur français Alain Dejammet qui a plaidé pour que «toute action à l’égard de l’Irak soit examinée dans le cadre du Conseil de Sécurité».
Les formulations de la résolution «n’alimentent ou ne justifient pas une escalade. Il nous faudra en effet, dans les jours à venir, persévérer à rechercher activement une issue diplomatique et éviter toute attitude contre-productive», a-t-il dit.
La réaction irakienne ne s’est pas fait attendre. «Cette résolution ne nous fera pas peur; nous sommes déterminés à poursuivre la défense de nos droits légitimes», a affirmé le vice-premier ministre Tarek Aziz, qui se trouve actuellement à New York. A Bagdad même, le ministre des Affaires étrangères Mohammed Saïd Sahhaf a confirmé l’intention de son gouvernement de procéder à l’expulsion des Américain de l’UNSCOM. Il a ajouté toutefois en réponse à la question d’un journaliste: «Oui, absolument, nous allons les expulser... un jour ou l’autre. C’est un détail». Le chef de la diplomatie irakienne a poursuivi: «Les zones d’exclusion aérienne imposées par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne sont une décision unilatérale et illégale. Lorsque nous verrons qu’il est approprié de tirer sur eux (les avions alliés), nous tirerons».

Appel aux pays arabes

M. Sahhaf a fait état de «violations accrues de l’espace aérien irakien dans le nord et le sud par des avions américains», et également affirmé «qu’un avion espion américain de type TR1 survole quotidiennement l’Irak»
M. Sahhaf a par ailleurs lancé un appel aux pays arabes, et notamment à l’Arabie Séoudite, pour ne pas permettre l’utilisation de leur territoire par les Américains pour lancer une frappe contre l’Irak.
«Il y a eu une bonne réponse officielle de la part des pays arabes, de la Jordanie, de l’Egypte et de la Syrie. Un pays du Golfe a refusé une demande des Etats-Unis d’utiliser son territoire (pour une opération) contre l’Irak», a poursuivi le ministre irakien. «Je n’ai pas l’intention de nommer ce pays, mais nous l’avons remercié», a-t-il dit.
Sur le terrain, les USA ont déployé dans le Golfe un impressionnant dispositif militaire qui peut être renforcé très rapidement si Washington optait pour une solution militaire à la crise en Irak, selon plusieurs responsables américains.
Depuis que la crise avec l’Irak a éclaté il y a deux semaines, les forces américaines dans le Golfe — 17 navires emmenés par le porte-avions «Nimitz» et 205 avions de combat — ont été quasiment inchangées.
Le groupe naval américain comprend deux croiseurs capables de lancer des missiles guidés, trois destroyers et un sous-marin d’attaque armé de missiles de croisière Tomahawk.
Le «Nimitz» emporte environ 77 appareils dont 14 chasseurs F-14 Tomcat et 36 F/A-18 Hornet.
Le reste des avions de combat américains se trouve a terre, principalement sur des bases aériennes en Arabie Séoudite. Alors que les négociations diplomatiques se poursuivent à l’ONU, l’armée américaine a mis sur pied un dispositif permettant l’envoi rapide de forces supplémentaires dans le Golfe, selon des responsables américains.
Le porte-avions «George Washington» se trouve actuellement en Méditerranée avec 17 autres navires de la VIe Flotte.
L’armée de l’air est pour sa part capable de déployer très rapidement dans la région une force d’une vingtaine de F-15 et F-16, même si une telle décision requiert l’approbation préalable des pays accueillant ces appareils.
A plusieurs occasions, des chasseurs-bombardiers F-117 ont été envoyés, ces dernières années, sur des bases de la région et des bombardiers B-52 capables de tirer des missiles de croisière ont été redéployés sur la base britannique de Diego Garcia dans l’océan Indien.
Les Etats-Unis ont utilisé de tels redéploiements comme un moyen de pression supplémentaire sur le président irakien Saddam Hussein.
Le général des Marines qui commande les quelque 18.500 GI’s actuellement présents dans le Golfe, Anthony Zinni, effectue depuis le week-end dernier une tournée dans la région visant à faire le point de la situation notamment avec les alliés arabes des Etats-Unis, ont indiqué plusieurs responsables américains.
A Washington, plusieurs membres du Congrès américain appellent ouvertement depuis plusieurs jours à une action militaire contre le régime de Bagdad. Mercredi, Tom Lantos, représentant démocrate de Californie, a introduit une résolution à la Chambre préconisant des efforts diplomatiques pour résoudre la crise actuelle, mais soulignant: «Si nécessaire, les Etats-Unis devraient avoir recours à une action militaire unilatérale pour assurer la destruction de la capacité irakienne à produire et tirer des armes de destruction massive».
Le leader de la majorité républicaine au Sénat, Trent Lott, avait pour sa part récemment estimé que le président démocrate Bill Clinton obtiendrait un soutien «bipartite» au Congrès s’il optait pour une réplique militaire.
John Kerry, un sénateur démocrate du Massachusetts, estimait récemment pour sa part que «le Conseil de Sécurité devrait donner le feu vert à une réponse militaire forte visant à causer des dégâts sinon détruire, le plus possible de l’infrastructure soupçonnée d’être utilisée pour la recherche et la production d’armes de destruction massive» en Irak.


Le Conseil de Sécurité de l’ONU a voté à l’unanimité une résolution qui renforce les sanctions contre l’Irak en interdisant de voyage des responsables de ce pays. Bagdad a aussitôt fait savoir qu’il rejetait cette décision. Auparavant, le régime irakien avait réaffirmé sa détermination à expulser les experts américains de la Commission spéciale (UNSCOM) et à...