Selon cet ancien responsable «en appliquant scrupuleusement les règles de l’orthodoxie budgétaire, tout pouvoir peut améliorer — sinon assainir complètement — les finances publiques, alléger les charges du Trésor et se trouver en mesure dès lors de ne plus pressurer à mort le contribuable pour alimenter ses caisses. D’autant que, comme on sait, les surcharges qui s’articulent uniquement sur la taxation indirecte de produits nécessaires constituent une terrible injustice, en frappant bien plus fort les économiquement faibles que les nantis».
Inflation
«De plus, enchaîne cette personnalité, chaque augmentation entraîne, par réaction en chaîne, une hausse générale des prix, toujours au détriment des bas revenus. Si le pouvoir, attaché à une ligne plus ou moins illusoire, d’attraction des capitaux, ne veut pas réviser sa politique d’exemption fiscale sur les impôts directs à savoir sur l’impôt sur le revenu et les bénéfices des particuliers comme des sociétés, il peut toujours trouver le moyen de procéder à des ponctions raisonnables dans l’escarcelle des riches, qu’il peut contraindre à des «donations librement consenties», sans quoi plusieurs facilités ou privilèges leur seraient retirés. La Grande-Bretagne, l’Allemagne, la France, l’Italie, les Etats-Unis et d’autres usent d’innombrables subterfuges qui vont dans ce sens et ce ne sont pas des pays où le libéralisme économique manque…Et même le cas échéant, nécessité faisant loi, on peut décréter un versement obligatoire, pour réduire le déficit du Budget et soutenir la monnaie nationale.
Faisant donc semblant d’ignorer que la «fortune libanaise résidente statique» n’est pas grande chose aux côtés de la «fortune libanaise expatriée mobile», et ne se résignant pas à réclamer l’interdiction de la fuite des capitaux, cet ancien chef de gouvernement qui prête volontiers à autrui les meilleures intentions du monde, ajoute que «les banques, les grandes sociétés, les grosses fortunes, n’hésiteront pas à se montrer largement généreuses si c’est un pouvoir capable, transparent et propre qui fait appel à leur concours bénévole pour sortir le pays de l’ornière».
«L’effort, dit l’ancien président du Conseil, serait tout à fait naturel quand on saurait qu’il n’est plus destiné à remplir les poches des gens en place mais bien à servir l’intérêt commun. Il faut donc de toute nécessité pour redresser la barre, un président qui soit à la hauteur».
Contribution
«Et à ce propos, estime ce vétéran qui se montre soudain sévère, on ne trouve pas en lice plus de quatre candidats valables, dont deux appartiennent à la Chambre des députés. Il y a du reste des disparités entre eux et ils ne répondent pas d’une manière égale aux critères requis. L’un est capable mais plutôt parasitaire; l’autre est dévoué mais n’a pas les pieds sur terre; le troisième manque un peu de civisme et le dernier de charisme… Bref aucun d’eux n’est parfait, mais ils se dégagent du lot par leurs qualités respectives. Il s’agit de savoir pour commencer, souligne cette personnalité, si le principal grand électeur, qui pourrait cette fois d’ailleurs être amené par les circonstances à choisir tout seul, sans participation ni droit de regard ou de veto des Américains comme en 89, va établir une liste des critères de qualité requis et des candidats qui y répondent, en fonction des intérêts bien compris du Liban. Il est évident en effet, et les députés en conviennent les tout premiers, que ce n’est pas la Chambre qui désigne vraiment le président de la République libanaise, ni d’ailleurs l’opinion locale, bien qu’il peut arriver qu’on en tienne compte dans une certaine mesure.Le Parlement, comme en 89, comme en 95, attend le mot d’ordre et c’est tout. Le peuple n’a constitutionnellement pas son mot à dire mais même s’il l’avait, on l’a bien vu pour les législatives, sa volonté ne pèserait pas bien lourd dans la balance. Tout est donc de savoir, répétons-le, si les décideurs réalisent que pour aider le Liban à surmonter ses graves difficultés économiques il faut le doter d’un régime capable…»
Cette remarque n’est pas très gentille pour l’actuel occupant de Baabda et paraît d’autant plus injuste que justement, répétons-le à notre tour, depuis Taëf le pouvoir n’est plus aux mains de la présidence de la république qui ne peut dès lors être tenue pour responsable de la mauvaise gestion des affaires économiques et financières du pays. Il reste cependant qu’il n’y a pas de mal à souhaiter d’avoir de nouveau un bon président…
Et d’espérer à tout hasard que les décideurs oeuvrent encore une fois dans ce sens.
E.K.
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