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Actualités - CHRONOLOGIE

Le chef de l'état italien a achevé sa visite officielle de quatre jours au Liban Rencontre instructive de Scalfaro avec les représentants de l'opposition (photos)

Le quatrième et dernier jour de la visite officielle du président italien Oscar Luigi Scalfaro au Liban, samedi, a été marqué par sa rencontre avec les représentants de l’opposition parlementaire et extra-parlementaire, ainsi qu’avec le patriarche Sfeir. Ce que le chef de l’Etat italien n’avait pas entendu de la bouche du président Elias Hraoui et de celles de MM. Rafic Hariri et Nabih Berry, il a pu l’entendre, bien que résumé, de la bouche du chef de l’Eglise maronite, ainsi que de celles des ténors de l’opposition parlementaire et des représentants de ce qu’il est convenu d’appeler «l’opposition chrétienne».

La journée de M. Scalfaro a été entamée par une visite au centre-ville. Le chef de l’Etat italien devait y faire preuve d’une grande curiosité, s’informant aussi bien des détails des vestiges phéniciens découverts dans le centre-ville que de la nationalité des sociétés engagées dans les efforts de reconstruction. Il devait également insister pour voir la base navale où le Pape avait célébré, en mai dernier, une messe en plein air.
Le chef de l’Etat italien s’est ensuite rendu au domicile de l’ambassadeur d’Italie, M. Carlo Calia, à Naccache, où il a rencontré, 45 minutes durant, les ténors de l’opposition parlementaire MM. Hussein Husseini, Sélim Hoss, Omar Karamé, Mohammed Youssef Beydoun et Nassib Lahoud. A l’issue de la réunion s’exprimant au nom de ses confrères parlementaires, M. Husseini a souligné que «la position des Libanais en faveur de la libération du sol national de l’occupation israélienne est unifiée», mais qu’en ce qui concerne «la politique intérieure», et notamment «le respect de la loi et des institutions démocratiques», l’opposition et le gouvernement sont en profond désaccord. Toutefois, M. Husseini a tenu à souligner que si ces divergences ont été présentées au chef de l’Etat italien, pour information, aucune demande spécifique ne lui a été transmise. «Les débats se font avec le gouvernement, dans le cadre de l’Assemblée nationale», a-t-il précisé.

«Rue des maronites»
à Rome

Le président Scalfaro s’est ensuite rendu à Bkerké. Arrivé vers 11h20, le chef de l’Etat italien s’est directement rendu à la chapelle du siège patriarcal, où il a assisté à une messe célébrée par le patriarche Sfeir, à laquelle ont assisté les ténors de l’opposition extra-parlementaire chrétienne.
Dans son homélie, prononcée en italien, ce dernier devait remercier l’Italie pour son appui au Liban, notamment à travers la FINUL, et rappeler les liens tissés par la communauté maronite avec la Ville Eternelle, dès le XVe siècle, affirmant même qu’il existe, à Rome, une «rue des Maronites» qui ne se révèle qu’à ceux qui la cherchent. L’homélie devait également rappeler que le pape a confié aux Libanais la mission de réussir la «convivialité islamo-chrétienne». Enfin, le patriarche a rendu hommage au chef de l’Etat italien, «exemple de dignité, d’honnêteté et d’honorabilité», que le patriarche Sfeir avait déjà rencontré à Rome.

Sfeir et les
«ingérences externes

Tout de suite après la messe, le chef de l’Etat et le patriarche se sont dirigés vers le salon d’honneur, d’où ils ont gagné le pavillon des hôtes, où ils ont eu un tête à tête d’environ trente minutes. Selon une source informée, après les civilités d’usage, le patriarche maronite aurait exposé à son hôte son point de vue au sujet de la crise interne. Une fois de plus, il devait affirmer qu’«entre les Libanais, il n’y a aucun désaccord», mais que «ce sont des ingérences externes qui empêchent le retour à la normale».
Le patriarche aurait également souligné «la mauvaise gestion des affaires publiques, qui a engendré une situation de déséquilibre et le sentiment frustrant qu’il existe un vainqueur et un vaincu».
Le patriarche a également relevé, devant son hôte, que l’accord de Taëf est appliqué de façon sélective, et que certaines de ses clauses les plus importantes restent inexécutées, notamment: la formation d’un gouvernement d’unité nationale fruit de l’entente nationale, le retour des populations déplacées, le redéploiement des forces syriennes et leur remplacement progressif par les forces armées libanaises, en prévision d’un retrait complet des forces non-libanaises du Liban.
Le chef de l’Eglise maronite a conclu en remerciant l’Italie pour son constant soutien au Liban, et lui demandant un surcroît d’efforts en vue de l’application des résolutions internationales concernant le Sud occupé.

Application sélective
de l’accord de Taëf

Accompagné du patriarche, le chef de l’Etat italien a ensuite regagné le grand salon du patriarcat, où l’attendaient les représentants de l’opposition extra-parlementaire chrétienne. Après avoir présenté le groupe à son hôte, le chef de l’Eglise maronite s’est retiré, laissant le président Scalfaro, étonné du nombre de ses interlocuteurs, avec MM. Fouad Boutros, Albert Moukheiber (RPR), Melhem Riachi ( conseiller de M. Moukheiber), Pierre Hélou (Ligue maronite), Pierre Daccache (député de Beyrouth), Dory Chamoun (PNL), Sélim Salhab (Bloc national) , Joseph Amm (B.N.), Georges Saadé (Kataëb), Joseph Kosseify (Kataëb), Elie Karamé (opposition Kataëb) Massoud Achkar et Antoine Richa (opposition Kataëb), Pierre Amine Gemayel, le général Nadim Lteif (congrès national aouniste), Toufic Hindi (courant Forces libanaises) et Emile Rahmé (Parti solidarité).
Après s’être rapidement concertés, les présents devaient confier à M. Boutros le soin de s’exprimer en leur nom. Avec son art consommé de la diplomatie et de la nuance, M. Boutros devait déclarer en substance que «tous les présents ne sont pas totalement d’accord sur tous les aspects de la crise. Chaque opposition a des données qui lui sont propres. La plupart de ceux qui se trouvent ici sont en-dehors des institutions de l’Etat, bien qu’il y ait parmi nous d’anciens ministres et d’anciens députés. Tous pourtant sont d’accord sur les données essentielles suivantes:
— Les difficultés du Liban sont essentiellement dues à Israël et à son refus de respecter les résolutions de l’ ONU, et en particulier la résolution 425.
— L’accord de Taëf: certains ont appuyé l’accord de Taëf et d’autres l’ont rejeté au départ. Mais ceux qui l’appuient ont révisé leur attitude, au vu de la manière dont son application sélective les a marginalisés, puis exclus de la vie politique, et de la manière dont les élections de 1992 et 1996, ont été organisées.
— Le déséquilibre interne se traduit aussi par un déséquilibre intercommunautaire.
— L’interaction entre la situation régionale et la situation interne conduit beaucoup à croire que l’autonomie de décision du Liban n’existe pas.

Précisions de
Moukheiber

A peine M. Boutros avait-il achevé sa présentation et remercié son hôte pour l’intérêt que porte l’Italie au Liban en général, et à la position de l’opposition en particulier, que le Dr Moukheiber intervenait pour préciser l’identité des «ingérences extérieures» dont venait de parler l’ancien ministre des Affaires étrangères. Le chef de l’Etat italien devait toutefois interrompre promptement un discours qui, a-t-il laissé entendre, peut dépasser le cadre protocolaire et aboutir à une ingérence dans les affaires intérieures d’un autre pays. La politique étrangère de l’Italie, devait préciser M. Scalfaro en substance, est tracée par le gouvernement italien, et ma visite au Liban est une visite d’amitié au peuple libanais.
L’audience devait d’achever par la réaffirmation du soutien de l’Italie à l’application de la résolution 425 de l’ ONU.
Alors que ses hôtes, se retiraient après lui avoir remis des notes écrites reflétant les positions des courants qu’ils représentent, le président Scalfaro s’est approché du Dr Moukheiber et lui a tapoté l’épaule et l’interrogeant sur son âge. Question sur laquelle M. Moukheiber a bondi pour répondre «vingt ans!», avant de profiter de ce moment d’attention du chef de l’Etat italien pour lui dire le fond de sa pensée. «L’essentiel, devait-il affirmer, c’est un retrait israélien et l’arrêt du cycle de la violence et des morts au Sud, et la récupération de la liberté de décision libanaise après le retrait des forces syriennes».

Chamoun:
«symbolique»

A l’issue de l’entretien, s’adressant aux représentants de la presse, M. Boutros devait expliquer que «la rencontre a été bonne, du fait même qu’elle s’est tenue... Le président italien a voulu, peut-être en raison des traditions démocratiques auxquelles il croit, se réunir avec certains représentants de l’opposition. J’ai essayé de parler au nom de tous, et de trouver les dénominateurs communs, bien que le chef de l’Etat italien ait souligné qu’il ne pouvait s’ingérer dans certaines des affaires internes de notre pays. Les deux points que j’ai soulignés portent, le premier, sur l’accord de Taëf, qui n’a pas été appliqué comme convenu, l’entente nationale et l’équilibre entre les communautés et les courants politiques en constituant l’essentiel... qui est malheureusement absent. Le deuxième point, c’est que la crise interne a ses origines lointaines dans la question d’Israël et de l’application de la résolution 425, qui ouvrirait la voie au rétablissement de la souveraineté et de la liberté de décision du Liban... Ceci ne pourra que se répercuter positivement et éliminer certains des reproches que nous faisons au pouvoir en ce qui concerne notre liberté de décision».
Pour sa part, affirmant que la réunion avait été «symbolique», M. Chamoun a regretté le fait que l’attention accordée à la question du retrait de toutes les forces étrangères du Liban ait été insuffisante.
M. Toufic Hindi, pour sa part, devait affirmer que même si les «Forces libanaises» sont un parti dissous, elles n’en constituent pas moins un courant populaire. Il a précisé par ailleurs qu’il a remis à M. Scalfaro un mémorandum dans lequel le cas de l’emprisonnement de M. Samir Geagea est soulevé.
Ecoutant sa visite, qui comprenait une visite aux vestiges de Byblos, le chef de l’Etat italien devait regagner Baada, et quitter le Liban, conformément au calendrier prévu, à 16h15.
Le quatrième et dernier jour de la visite officielle du président italien Oscar Luigi Scalfaro au Liban, samedi, a été marqué par sa rencontre avec les représentants de l’opposition parlementaire et extra-parlementaire, ainsi qu’avec le patriarche Sfeir. Ce que le chef de l’Etat italien n’avait pas entendu de la bouche du président Elias Hraoui et de celles de MM. Rafic...