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Actualités - CHRONOLOGIE

Crise sans précédent de l'économie japonaise

L’économie japonaise se débat dans une crise sans précédent, qui est aussi celle d’un système politique obsolète et corrompu, dominé par la vieille garde du Parti libéral démocrate (LPD), opposée à toute tentative de réforme économique du premier ministre, Ryutaro Hashimoto.
La vague d’angoisse qui a saisi l’économie japonaise au début de l’année 1997 devait retomber, les cours chancelants de la bourse retrouver leurs marques et la croissance atteindre un niveau modeste mais raisonnable.
C’était du moins le scénario officiel présenté par les autorités japonaises. Déjà peu crédibles sur le moment, ces projections optimistes ont été démenties par les faits.
«L’économie stagne et un risque de récession se développe», a indiqué Russell Jones, chef du département économique chez Lehman Brothers, à Tokyo.
«Un nombre significatif d’études prévoit une croissance proche de zéro, ou même négative, pour l’année fiscale 1997», note Takashi Kiuchi, chef du département économique à l’institut de recherche LTCB.
Les cours de la bourse sont déprimés avec un indice Nikkei qui atteint le seuil critique des 16.000 points. Les demandes de réduction d’impôts pour doper la consommation se font pressantes.
«Le secteur productif est en régression, la croissance du marché du travail et des revenus ralentit, les niveaux d’endettement sont trop élevés, la santé du système bancaire compromise... et l’absence de confiance est massive», constate Russell Jones.

Les caciques freinent

Face à cette situation inquiétante, les autorités japonaises, tout en insistant sur la fait que les fondamentaux de la reprise économique restent intacts, ont finalement admis que l’activité économique s’était ralentie depuis avril dernier.
Mais contrairement aux crises précédentes, lorsqu’il suffisait de favoriser le crédit ou les dépenses publiques pour relancer la croissance, l’économie japonaise ne dispose aujourd’hui que de très minces solutions.
Le faible niveau des taux d’intérêt, 0,5% depuis 1995, associé à la faiblesse du yen devaient favoriser les exportations. C’était du moins le dernier grand espoir de relance de l’activité économique japonaise. Espoir déçu avec le chaos survenu sur le marché des devises asiatiques et avec les prévisions de ralentissement de la croissance dans l’ensemble de la région, zone d’influence privilégiée des Japonais.
Les milieux d’affaires comptent sur le gouvernement pour réduire les impôts sur les sociétés et entreprendre des réformes visant à la déréglementation, seule capable de relancer la croissance, de l’avis de tous.
Le premier ministre, Ryutaro Hashimoto, semble d’ailleurs favorable à ces réformes mais il se heurte à l’opposition des caciques de son propre groupe politique, le Parti démocrate libéral (LPD).
Quelques semaines seulement après que les dirigeants du LPD aient réélu à l’unanimité Hashimoto pour un second mandat à la tête du parti, ils ont vidé de leur contenu tous ses projets.
La perspective des élections à la Chambre Haute du Parlement en juillet prochain n’a d’ailleurs fait que renforcer la politique économique traditionnellement interventionniste du LPD.

Hashimoto, produit
des bureaucrates

«Hashimoto a fait de nombreuses déclarations sur la nécessité des réformes et de la dérégulation, mais j’ai du mal à croire qu’il veuille réellement changer le système. Et même s’il le voulait vraiment, je doute qu’il en ait la possibilité», a ainsi déclaré le politologue Takahashi Tachibana.
Hashimoto est le produit d’un «système politique conçu par et pour les bureaucrates» selon Tachibana.
L’absence de réforme du système politique japonais, en dépit des timides mesures entreprises en 1994, a de lourdes conséquences économiques dans le contexte de la crise actuelle.
En effet, pendant le miracle japonais des années d’après-guerre, la réussite économique du pays s’accommodait relativement bien d’un système politique dirigiste, corrompu et clientéliste.
Mais depuis le début des années 1990, la faiblesse de la croissance économique implique une rupture avec ce système et le recours à une politique économique audacieuse.
Les difficultés d’Hashimoto à imposer ses réformes mettent en évidence combien il est difficile de rompre avec un système politique élaboré dans une période de forte expansion économique et reposant sur la généralisation de la corruption.(Reuter)
L’économie japonaise se débat dans une crise sans précédent, qui est aussi celle d’un système politique obsolète et corrompu, dominé par la vieille garde du Parti libéral démocrate (LPD), opposée à toute tentative de réforme économique du premier ministre, Ryutaro Hashimoto.La vague d’angoisse qui a saisi l’économie japonaise au début de l’année 1997 devait...