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Actualités - CHRONOLOGIE

Les lignes cellulairs sont-elles surveillées ? réponse dans deux à huit mois...

On l’avait oubliée cette histoire de mise sur écoute des lignes cellulaires, depuis le temps qu’on n’en parle plus et la voilà qui refait surface aujourd’hui mais sans qu’on sache à quoi il faut s’en tenir. Pour en avoir le cœur net, il faudra attendre encore deux à huit mois, annonce M. Sami Khatib, en charge, avec le procureur de la République, M. Adnan Addoum, de l’enquête sur cette affaire. Entre-temps, de nouvelles techniques d’écoute auront été mises au point, vu la rapidité du développement technologique de nos jours, ce qui commandera une mise à jour des méthodes d’enquête, de nouveaux délais et ainsi de suite...
Trêve d’ironie. Après des mois de travail, la sous-commission d’enquête, formée de MM. Khatib et Addoum, et désignée par le chef du Parlement, M. Nabih Berry, a remis hier ses conclusions au chef du Législatif: la surveillance des lignes cellulaires est tout à fait possible et le matériel d’écoute serait disponible au Liban.
Ce matériel se présente sous la forme d’un logiciel qui peut être installé dans les centraux téléphoniques, à l’insu même des responsables des sociétés de téléphonie mobile. C’est ce qu’a annoncé M. Khatib au terme de son entretien avec le chef du Législatif. M. Addoum s’est abstenu, pour sa part, de répondre aux questions de la presse à ce sujet, laissant au député de la Békaa le soin d’apporter les explications souhaitées.
M. Khatib a commencé par préciser que les résultats de l’enquête auraient dû être soumis depuis un mois et demi au chef du Législatif, ajoutant que s’il y a eu de retard, c’est à cause des congés parlementaire et judiciaire. Après avoir indiqué, qu’avec M. Addoum, il a sollicité l’assistance d’«experts libanais et étrangers», le député a déclaré: «En définitive, nous avons trouvé que, pour pouvoir affirmer catégoriquement que les lignes cellulaires ne sont pas mises sur écoute, il est nécessaire que des experts-techniciens restent en permanence dans les centraux téléphoniques afin de se familiariser avec ce système complexe» qu’est le GSM.
Selon les explications du député, c’est M. Berry qui, après avoir pris connaissance du rapport, a pris la décision de nommer deux spécialistes qui «s’installeront» dans les centraux durant une période allant de deux à huit mois, afin de pouvoir déterminer si les lignes cellulaires sont surveillées ou pas. «C’est que l’affaire est très délicate, a ajouté M. Khatib, n’importe quel ingénieur peut entrer dans les centraux, même à l’insu des responsables des deux compagnies de téléphonie mobile et installer jusqu’à 300 disquettes, qui seront reliées, grâce à une antenne parabolique, à un ordinateur installé à des kilomètres des centraux. A travers cet ordinateur, les informations enregistrées et réceptionnées par ce logiciel peuvent être envoyées à un «abonné fictif» également situé à des kilomètres des centraux, d’où la complexité de la technique d’écoute», a expliqué M. Khatib.

Le rapport de la
sous-commission

Ces informations techniques sont plus détaillées dans le rapport présenté au chef du Législatif. MM. Khatib et Addoum y précisent qu’ils ont essentiellement consulté trois spécialistes en télécommunications, deux Allemands et un officier libanais. L’un des deux experts allemands travaille pour le compte d’une firme qui est considérée comme le numéro un européen en matière de production d’équipement mobiles d’écoute. Il a assuré que sa société n’a pas vendu ce genre de matériel au Liban.
Pour sa part, l’officier, également ingénieur en informatique, a indiqué que chaque société de fabrication des installations du système GSM vend normalement à ses clients en même temps que les distributeurs, une cellule dite d’écoute, formée d’un programme «control-network». Ce programme est installé dans l’ordinateur central du central téléphonique, qui regroupe environ 180 disques servant à organiser le système de communications, et peut être utilisé pour envoyer, à travers une antenne parabolique et un modem, des informations enregistrées à un ordinateur installé à 100 kilomètres du distributeur.
MM. Khatib et Addoum mettent en garde dans leur rapport contre le danger que des sociétés entièrement étrangères contrôlent les distributeurs de lignes téléphoniques. «Qui nous garantit qu’un service de renseignement ennemi n’a pas réussi à s’infiltrer dans l’un de nos centraux à travers un simple employé?» s’interrogent-ils. Avec M. Addoum, il a proposé dans le rapport qu’un service de sécurité soit chargé de contrôler les centraux des sociétés de téléphones cellulaires.
Si les lignes sont surveillées, ceux qui ont ordonné l’installation du logiciel ne cesseront-ils pas leurs activités lorsqu’ils apprendront que des techniciens vont vérifier les programmes de chaque central? M. Khatib explique que, dans un même central, les logiciels utilisés sont innombrables. «Un spécialiste pourra établir la différence entre un programme qui est en panne et un autre qui a été arrêté», a-t-il déclaré. M. Khatib s’est abstenu de répondre à la question de savoir si la sous-commission a réussi à s’assurer que le matériel d’écoute a été introduit au Liban à travers l’AIB.
Etant donné que plusieurs mois sont passés depuis que l’enquête a été décidée, il convient d’indiquer que la question avait été soulevée au printemps dernier, à la faveur d’une question adressée par le président Sélim Hoss au gouvernement. M. Hoss avait demandé à savoir s’il était vrai que les lignes téléphoniques des hommes politiques étaient surveillées, pour le compte et sur ordre de qui, et dans quel but. Sa démarche avait fait boule de neige parmi les responsables et même le chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, avait annoncé que ses communications étaient surveillées. Le Parlement s’était saisi du dossier et M. Berry avait lui-même présidé les réunions des commissions parlementaires, au cours desquelles les députés posaient une série de questions aux chefs des divers services de sécurité convoqués. Après avoir écouté les explications des responsables des deux sociétés de cellulaires, le président de la Chambre avait décidé de former une sous-commission d’enquête comprenant MM. Khatib et Addoum.
On l’avait oubliée cette histoire de mise sur écoute des lignes cellulaires, depuis le temps qu’on n’en parle plus et la voilà qui refait surface aujourd’hui mais sans qu’on sache à quoi il faut s’en tenir. Pour en avoir le cœur net, il faudra attendre encore deux à huit mois, annonce M. Sami Khatib, en charge, avec le procureur de la République, M. Adnan Addoum, de...