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Actualités - CHRONOLOGIE

Jospin face aux routiers qui durcissent leur mouvement La France paralysée

Le gouvernement français est intervenu hier pour réamorcer d’urgence les négociations entre patrons du transport routier et camionneurs en colère qui bloquent depuis dimanche soir les grands axes et des dépôts d’essence, provoquant de premiers incidents sérieux.
Hier en fin d’après-midi, on comptait quelque 150 barrages un peu partout en France contre 70 en début de matinée, et la tension, manifeste dès les premières heures entre grévistes et routiers étrangers pris en otages dans ce conflit salarial, a laissé place aux premières violences.
A Villefranche-sur Saône près de Lyon (est) où 400 poids-lourds étrangers pour la plupart espagnols étaient bloqués depuis dimanche, un routier français a été blessé à la tête par un gréviste alors qu’il tentait de forcer avec une douzaine de camionneurs espagnols le barrage installé sur l’autoroute Paris-Lyon. Après quelques échauffourées, — un gréviste a même sorti une arme à feu sans en faire usage —, les transporteurs étrangers ont été autorisés à partir. L’agresseur a été arrêté par la police. Le barrage a été reconstitué peu après.
La grève des routiers constitue la première crise sociale sérieuse en France pour le gouvernement de gauche de Lionel Jospin, qui a décidé d’utiliser la fermeté, en déployant les forces de l’ordre pour faire sauter les barrages aux frontières, tout en exhortant au retour au dialogue.
Jehan de Marne, le président de la principale fédération patronale, l’UFT, s’est déclaré «favorable au principe» d’une reprise des négociations après un entretien avec le ministre des Transports Jean-Claude Gayssot.

Epreuve de force

Il a précisé qu’il examinerait avec les membres de l’UFT «les bases sur lesquelles nous participerons dans les meilleurs délais à cette reprise des négociations».

Négociations

M. Gayssot a prévu un redémarrage des négociations dès aujourd’hui matin et a rencontré en fin d’après-midi les représentants de l’autre fédération patronale l’UNOSTRA qui avait conclu dimanche un projet d’accord avec les syndicats de camionneurs.
L’UFT avait rejeté ce projet qui accordait une augmentation immédiate de 5% et un salaire mensuel de 10.000 FF (1725 dollars) pour 200 heures de travail. Sa réaction avait encouragé les camionneurs, qui sont environ 220.000 en France, à se lancer dans l’épreuve de force.
La grève des routiers a provoqué des ralentissements sérieux dans de nombreuses régions en particulier dans le Nord-Pas de Calais, la Champagne, la Haute Normandie et les pays de Loire, et la vallée du Rhône. Elle a entraîné un véritable rush des usagers sur les stations d’essence, provoquant des pénuries de carburant. Pour éviter que la panique ne s’installe, les autorités ont institué des mesures de rationnement d’essence dans plusieurs régions.
Le blocus des routes est suivi avec inquiétude par les partenaires européens de la France qui craignent que leurs transporteurs ne fassent aussi les frais de ce mouvement, comme lors de la dernière grande grève des routiers français il y a un an. La France constitue une plaque tournante pour le transport routier entre le nord et le sud de l’Europe.
Dimanche en fin de soirée, une centaine de CRS, la police antiémeute, sont intervenus au péage de Biriatou sur l’autoroute A-63 à la frontière franco-espagnole pour rétablir le trafic. L’intervention s’est déroulée sans violence.
Les forces de l’ordre sont également intervenues hier matin à Strasbourg pour dégager le pont de l’Europe, point de passage avec l’Allemagne, dans l’est de la région parisienne pour faire lever un barrage filtrant sur l’autoroute A-104 contournant la capitale, et à Lille (nord) pour dégager un centre de messageries.
Plusieurs dirigeants syndicaux ont dénoncé ce recours à la force du gouvernement en estimant qu’il était «dangereux».
Les routiers paraissent d’autant plus déterminés qu’ils ont le sentiment d’avoir été bernés l’an dernier, certaines dispositions de l’accord ayant mis fin à leur grève de novembre 1996, comme le paiement d’une prime de 3000 FF (520 dollars) ayant été ignoré par une majorité d’entreprises. (AFP, Reuter)

Le gouvernement français est intervenu hier pour réamorcer d’urgence les négociations entre patrons du transport routier et camionneurs en colère qui bloquent depuis dimanche soir les grands axes et des dépôts d’essence, provoquant de premiers incidents sérieux.Hier en fin d’après-midi, on comptait quelque 150 barrages un peu partout en France contre 70 en début de...