Après un long entretien à l'Elysée Chirac très préoccupé et Arafat extrêmement pessimiste "Le dialogue avec Israël se trouve dans un tunnel noir", affirme le dirigeant palestinien(photo)

«Le dialogue avec Israël se trouve dans un tunnel noir», affirme le dirigeant palestinien

Devant le blocage du processus de paix au Proche-Orient, Jacques Chirac s’est dit «très préoccupé», alors que Yasser Arafat, «extrêmement pessimiste» selon l’Elysée, constatait qu’«aucun résultat» n’avait été obtenu lors des dernières réunions palestino-israéliennes tenues sous l’égide de l’émissaire américain Dennis Ross. Plus tard, le président de l’Autorité palestinienne adoptait un ton plus alarmiste encore, estimant que le dialogue avec l’Etat hébreu se trouvait «dans un tunnel noir» et accusant le gouvernement Netanyahu d’être responsable de «la création d’un climat de fanatisme et de désespoir qui constitue un terrain fertile pour les extrémistes et les ennemis de la paix».
A l’issue d’un long entretien avec le chef de l’Etat français, M. Arafat, évoquant les dernières rencontres avec ses partenaires israéliens, a lancé: «Malheureusement, les discussions n’ont donné aucun résultat».
Avec M. Chirac, «nous avons discuté des défis du processus de paix», a dit M. Arafat, qui a estimé que «le plus important, c’est voir comment amener le gouvernement israélien à mettre en œuvre» les accords signés.
«Nous comptons sur la France et l’Europe», a insisté le dirigeant palestinien qui paraissait très fatigué.
Le dirigeant palestinien devait, en outre, rencontrer le premier ministre français Lionel Jospin avant de se rendre en soirée à Bonn où il s’entretiendra aujourd’hui vendredi avec le chancelier allemand Helmut Kohl.
De son côté, M. Chirac, après avoir fait état de sa «préoccupation» devant «une situation qui reste totalement bloquée», a lancé «un appel aux bonnes volontés pour le retour du dialogue et de la confiance».
M. Chirac a redit à Yasser Arafat son «souhait de pouvoir contribuer au retour du dialogue, de la confiance, dans l’esprit du travail que fait tous les jours l’envoyé spécial de l’Union européenne (UE) pour le Proche-Orient Miguel Angel Moratinos, en liaison avec les Etats-Unis, mais aussi en tenant compte de ce que peut apporter la Russie», a indiqué le porte-parole de l’Elysée.
Jacques Chirac a également réaffirmé le soutien de la France à «la mise en œuvre de l’accord d’association entre l’Union européenne et l’Autorité palestinienne», conclu en juillet. Il a aussi souhaité, «au titre des gestes de bonne volonté, voir débloquée la situation du port et de l’aéroport» dans la bande de Gaza, dont l’ouverture n’a pas été autorisée par Israël.


Appel aux USA

Devant la 29e session de la conférence générale de l’UNESCO à Paris, M. Arafat a jugé que le processus de paix se trouve «dans un tunnel noir».
«La crise est exacerbée par le gouvernement israélien qui a persévéré en annexant les territoires palestiniens, en construisant des colonies de peuplement, en agrandissant les implantations qui existaient déjà», a-t-il ajouté.
Dans son discours, le dirigeant palestinien a stigmatisé la politique israélienne, qui «tente implacablement de finaliser la judaïsation de la ville sainte de Jérusalem, en effaçant son identité palestinienne et religieuse, en tant que symbole de civilisation et de coexistence pacifique».
«Bethléem, où Notre Seigneur le Christ est né, est dans un état de siège continu», a lancé le prix Nobel de la paix à l’assemblée de l’UNESCO.
Il a demandé à Israël de mettre fin à cette crise, en appliquant les accords intérimaires signés avec les Palestiniens, citant notamment la libération des prisonniers palestiniens, le redéploiement de l’armée israélienne en Cisjordanie et la mise en marche d’un aéroport et d’un port dans la bande de Gaza.
M. Arafat a aussi réaffirmé la «position ferme et claire des Palestiniens condamnant et rejetant tous les actes de violence et de terrorisme, sous toutes leurs formes, et quelle que soit la partie qui les fomentent».
«Nous avons exercé, et continuons de le faire, tous les efforts possibles afin de maintenir la sécurité et la stabilité, et pour empêcher de tels actes de terrorisme. Nous avons réalisé des succès notables» dans notre action, a-t-il conclu.
Mercredi, a-t-on révélé hier, M. Arafat s’était entretenu avec M. Benjamin Netanyahu. La discussion, selon la présidence du Conseil israélienne, avait porté sur la lutte contre le terrorisme, l’ouverture d’un aéroport palestinien dans le sud de la bande de Gaza et la création d’une zone industrielle au point de passage de Karni, entre Gaza et Israël.
Les pourparlers dans le cadre de neuf commissions israélo-palestiniennes sur l’application des accords intérimaires sur l’autonomie doivent, de leur côté, reprendre la semaine prochaine, a-t-on poursuivi de mêmes sources.
Ces discussions portent notamment sur l’ouverture d’un aéroport, d’un port dans la bande de Gaza, sur les moyens d’assurer la libre circulation des Palestiniens entre la bande de Gaza et la Cisjordanie.
En prévision de ces entretiens, l’Autorité palestinienne a appelé les Etats-Unis à en «préparer sérieusement» l’agenda. Les rencontres doivent se dérouler à Washington, sous l’égide du secrétaire d’Etat Madeleine Albright, et avec la participation du numéro deux de l’OLP Mahmoud Abbas (Abou Mazen) et David Lévy, ministre israélien des Affaires étrangères.
l Le chef de la diplomatie égyptienne Amr Moussa a estimé jeudi nécessaire de soutenir les pacifistes israéliens, deux jours après une visite dans l’Etat hébreu pour l’inauguration du Centre Pérès pour la paix.
«Il existe en Israël un important courant favorable à la paix, à une réconciliation arabo-israélienne, à l’établissement d’un Etat palestinien, qui doit être encouragé», a indiqué à la presse M. Moussa.