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Actualités - OPINION

Pan Pan Le cri du silence


Il n’a personne où aller.
Elle n’a nulle part à qui parler.
Les êtres sont pour Elle, vingt ans, cet espace clos qui crie sa souffrance.
Pas loin, dans un quartier à peine moins misérable, Il tourne en rond depuis mille lunes autour de la mère, cet objet mort qui le dissimule au regard du monde.
Et leurs frères, et leurs sœurs inconnus, par grappes diffuses, recluses dans les villages pauvres, dans les ruelles trouées des banlieues, dans la boue et la honte ignare, peuplent pour tout un âge l’interminable cauchemar d’un pitoyable entourage.
Leurs familles, peut-on leur en vouloir, ont peur de la marque d’infamie, peur de la risée publique, peur de se reconnaître maudites parmi les mal-aimés de l’existence. Et font retomber sur ces guenilles d’êtres, sur nos pauvres «majanines», sur nos malades invisibles le rideau de fer, la chape du silence. Sur ces cerveaux hagards que l’agrégat égare, que la société tant pis cache sous son tapis.
Çà et là quelque échappée du destin, quelque miracle de la Providence ou quelque bon tour du hasard son vieux rival: des âmes charitables qui apprennent, qui recueillent, qui soignent, qui sauvent peut-être... Mais sur dix mille un cas sorti des caves, comme on l’a vu au Sud à la télé, ce n’est rien. Il reste pour les services sociaux, les associations, une immense enquête à mener pour sortir de l’ombre cette part de nous qui sombre, qui résume toute douleur humaine, qui est à bout.
Pour briser, autant que faire se peut, l’intolérable, l’archaïque tabou.

J. I.

Il n’a personne où aller.Elle n’a nulle part à qui parler.Les êtres sont pour Elle, vingt ans, cet espace clos qui crie sa souffrance.Pas loin, dans un quartier à peine moins misérable, Il tourne en rond depuis mille lunes autour de la mère, cet objet mort qui le dissimule au regard du monde.Et leurs frères, et leurs sœurs inconnus, par grappes diffuses, recluses dans les...