Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Hollywood refuse d'oublier la chasse aux sorcières


Cinquante ans après la naissance de la «liste noire» excluant des studios les communistes et supposés tels, Hollywood commémore une des pages les plus sombres de son histoire en rendant hommage aux victimes de la «chasse aux sorcières».
Le 27 octobre, jour anniversaire du début des dépositions de personnalités hollywoodiennes devant la commission des activités anti-américaines de la Chambre des représentants, une soirée intitulée «Hollywood se souvient de la liste noire» va se tenir à Beverly Hills au siège de l’Académie des arts et des sciences du cinéma, qui décerne tous les ans les Oscars du 7e art.
L’événement, auquel participeront nombre d’acteurs et scénaristes interdits d’emploi il y a un demi-siècle, est parrainé par les quatre principaux syndicats d’artistes du spectacle, avec l’assistance de studios comme Universal, Warner, Paramount, Sony et MGM.
Puis, le musée d’art du comté de Los Angeles présentera à partir du 21 novembre un festival intitulé «Hollywood rouge», durant lequel seront projetés des films écrits ou interprétés par des artistes dont le nom figurait sur la «liste noire».
Au début de la guerre froide, la commission des activités anti-américaines avait entamé le 20 octobre 1947 des auditions pour mettre au jour un supposé complot communiste et l’extirper de Hollywood. L’événement avait divisé le monde du cinéma, opposant vedettes «de droite», comme Gary Cooper, Ronald Reagan et Robert Taylor, à d’autres «de gauche», comme Humphrey Bogart, Kirk Douglas, Judy Garland, John Huston ou Gene Kelly.
Dix personnalités, citées à comparaître devant la commission, avaient refusé de répondre aux questions sur leur appartenance au parti communiste, une attitude qui leur valut d’abord de perdre leur emploi puis de passer un an en prison.

Une tragédie

L’anti-communisme se mêlait d’un anti-sémitisme à peine masqué. Le révérend Gerald Smith avait ainsi fait état devant la commission «d’une croyance générale selon laquelle les juifs russes contrôlent une trop grande partie de la propagande hollywoodienne et tentent d’utiliser cet instrument pour populariser le communisme russe en Amérique».
Après avoir traîné les pieds, les patrons des grands studios, accompagnés d’une armée d’avocats, se réunissaient à la fin du mois de novembre 1947 à l’hôtel Waldorf Astoria de New York. Tout en reconnaissant «le danger de créer une atmosphère de peur», ils adoptaient une résolution dans laquelle ils s’engageaient à ne plus employer de communistes.
Les historiens estiment que des centaines de personnes — acteurs, metteurs en scène ou scénaristes — ont perdu leur emploi dans les années 50. Certains ont quitté les Etats-Unis, d’autres ont travaillé sous des noms d’emprunt.
Une légende de Hollywood, Abraham Polonsky, aujourd’hui professeur de cinéma à l’université de Californie du sud, avait tourné en 1948 son premier film, «Force of Evil», considéré comme un classique du cinéma américain. Il dut attendre 1969 pour réaliser son second, «Tell Them Willie Boy Is Here».
«Ce fut une tragédie dont l’industrie (du cinéma) ne s’est jamais totalement remise», a déclaré au «Los Angeles Times» l’auteur d’un nouveau livre sur cette période, Patrick McGilligan, selon qui le souvenir de la «liste noire» «est toujours vivant parce que les survivants, et leurs enfants, n’ont pas oublié».
En janvier dernier, l’association des critiques de Los Angeles a refusé de décerner une récompense pour l’ensemble de son œuvre au metteur en scène Elia Kazan, qui avait accepté de donner les noms de membres du parti communiste. L’Institut du film américain a adopté la même attitude.
La Guilde des scénaristes d’Amérique révise pour sa part les génériques de films tournés dans les années 50 et 60, qui ont souvent des prête-noms comme auteurs de leurs scénarios, parce que les vrais étaient sur la «liste noire».
Trente-quatre films ont ainsi été rendus à leurs véritables auteurs, comme «Vacances romaines» (scénario de Dalton Trumbo), «Lawrence d’Arabie» (Michael Wilson) ou «Le Pont de la rivière Kwai» (Michael Wilson et Carl Foreman). (AFP)
Cinquante ans après la naissance de la «liste noire» excluant des studios les communistes et supposés tels, Hollywood commémore une des pages les plus sombres de son histoire en rendant hommage aux victimes de la «chasse aux sorcières».Le 27 octobre, jour anniversaire du début des dépositions de personnalités hollywoodiennes devant la commission des activités...