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Actualités - REPORTAGE

Un pont à Antelias pour mettre fin au cauchemar des embouteillages Mais le projet suscite de sérieuses réserves parmi les habitants, les notables et les commerçants de la région (photo)


MAIS LE PROJET SUSCITE DE SÉRIEUSES RÉSERVES PARMI LES HABITANTS, LES NOTABLES ET LES COMMERÇANTS DE LA RÉGION
Tous les matins 50.000 automobilistes vivent un cauchemar à Antélias. Une zone résidentielle qui compte, selon les sources de la municipalité, 27.000 habitants et qui forme un point de passage entre la montagne du Metn-Nord et la côte. D’inextricables embouteillages se forment ainsi quotidiennement au niveau de la place d’Antélias. Une solution devait donc être trouvée. Le Conseil du développement et de la reconstruction a ainsi entamé un projet qui consiste à bâtir un pont au niveau de la route de Bickfaya.
Ce projet suscite de nombreuses réserves et critiques de la part des notables et des habitants de la région. Pourtant, à différentes périodes de la journée, des milliers d’automobilistes sont bloqués à Antélias à partir de la route principale de Bickfaya. Les rues mal asphaltées et étroites se croisent sur deux axes: Bickfaya-Beyrouth et Antélias-Naccache. Après avoir dépassé ce premier croisement, l’automobiliste doit encore attendre pour atteindre l’autoroute. Effectivement, la route principale et commerçante est trop étroite, et de surcroît, les voitures se garent devant les banques, la municipalité, le bureau des PTT, le cambiste, le libraire... D’autres circulent en double file, voire en triple file, du côté du catholicossat arménien. Ces véhicules attendent pour parvenir à la sortie de l’autoroute qui rejoint Beyrouth et qui forme un autre croisement, avec la route menant d’Antélias à Naccache.
Afin de résoudre le problème, le Conseil du développement et de la reconstruction propose donc de construire un pont dont le plan a été élaboré par Dar el-Handassa et dont les travaux ont été confiés à la «joint venture» Rocheid el-Khazen et ALCO. Le CDR affirme que «l’entreprise ELKA a été choisie sans adjudication car elle se trouvait à proximité du chantier»... L’entreprise possède donc tout son matériel près du chantier d’Antélias, «ce qui permet, selon le CDR, de réduire considérablement le coût de l’opération». Rappelons qu’ELKA est en charge du projet de l’autoroute de Nahr el-Kalb. Le CDR note aussi qu’«un appel d’offres aurait retardé ce projet vital de trois à six mois». Ce pont, prévu depuis 1984, sous le mandat de M. Amine Gemayel, n’avait pas vu le jour car selon l’actuel président du Conseil municipal d’Antélias, M. Sami el-Khazen, «les habitants avaient protesté», arguant du fait que ce pont risquerait d’enlaidir la place d’Antélias et de porter préjudice à l’activité commerciale. Une douzaine d’années plus tard, les habitants d’Antélias reviennent à la charge quand ils «découvrent» que le CDR a relancé le projet.

Le plan du CDR

Le projet du CDR consiste à construire un pont qui traverse la place d’Antélias. La première phase prévoit la construction de deux voies de circulation en élévation qui seront empruntées dans le sens Bickfaya-Beyrouth, à proximité du «Restaurant Halabi». Le pont aura 300 mètres de longueur et 12 mètres de largeur. Au-dessous du pont, passeront les voitures empruntant l’axe Antélias-Naccache, près du «Centre Saint-Elie». Selon le CDR, les travaux ont commencé en juillet 1997 et s’achèveront en mai 1998. Le projet coûtera 2,5 millions de dollars. Le CDR affirme que «le projet améliorera l’écoulement du trafic au niveau de la place, aidant ainsi à résoudre considérablement les problèmes d’encombrement».
Les habitants, eux, ont une autre version des faits. Ils affirment que «les travaux ont commencé entre mars et avril 1997» (et non pas en juillet 97, comme le souligne le CDR). La municipalité, les commerçants et les habitants ont été surpris par des blocs de béton posés sur la route principale. Le président du Conseil municipal affirme à ce propos: «Ils ne nous ont pas mis au courant car ils ont considéré que le décret de la construction du pont était signé déjà en 1984». La municipalité a envoyé au CDR une note administrative, datée du 5 mars 97, qui conteste cette construction avant le règlement du problème de la sortie de l’autoroute vers Beyrouth. M. Sami Khazen précise en effet que «c’est la sortie de l’autoroute qui est la raison initiale de l’encombrement à Antélias». «La note n’a pas été prise en considération», affirme M. Khazen. Et les travaux ont continué...

Comité d’habitants

Par la suite, un comité formé de membres de la municipalité, de commerçants, de prêtres et de quelques habitants a été mis en place pour suivre l’affaire. Selon ce comité, une délégation d’Antélias s’était rendue au CDR et s’était entretenue avec le conseil d’administration qui lui aurait demandé de présenter une solution de rechange dans un délai d’une semaine. Cette délégation n’aurait pas eu toutefois accès aux données techniques lui permettant d’élaborer un autre projet. Elle a demandé donc de rencontrer le président du CDR, M. Nabil el-Jisr, qui depuis sept mois n’aurait pas encore fixé de rendez vous. Entre-temps, le comité travaille conjointement avec la municipalité pour «sauver Antélias». Il propose de construire un tunnel qui «n’enlaidira pas la localité». Il a fait signer une pétition à ce sujet et organiser une conférence de presse. Mais les travaux continuent...
L’ingénieur du comité, M. Ziad Lteif, affirme que le pont ne réglera pas le problème du trafic. «Il le transposera du premier croisement vers le deuxième allant vers l’autoroute», souligne-t-il. Il précise que le projet ne considère pas Antélias «comme une localité habitée mais comme une rase campagne».
En juillet 97, les habitants, qui réalisent que le projet va effectivement être exécuté malgré leurs protestations, décident de faire parvenir une pétition, «signée par un millier de personnes», au président de la République, M. Elias Hraoui. Afin «d’user de moyens démocratiques», ils auraient décidé de faire appel au ministre de l’Intérieur et député du Metn-Nord, M. Michel Murr. «Appel», selon les habitants, qui serait resté «jusqu’à présent sans réponse».

Un nouveau plan

Quant à M. Murr, il affirme avoir reçu la visite, «il y a quelques mois», d’un membre du Conseil municipal, proposant la construction d’un tunnel comme solution de rechange au pont. M. Murr affirme que depuis «plus de deux mois, aucun membre du comité d’Antélias ne m’a contacté» et il ajoute que «ma porte est toujours ouverte à tout le monde». Le ministre de l’Intérieur a déclaré aussi qu’il négocie actuellement un projet avec le CDR, qui consiste à améliorer le pont en le transformant en ouvrage en double sens: les automobilistes arrivant à Antélias et se dirigeant vers la montagne emprunteront, eux aussi, le pont au niveau de la station service «Caltex», derrière l’immeuble de la banque «Société Générale». Ce pont, selon M. Murr «résoudra en deux sens le problème de l’encombrement au niveau du croisement de l’axe Antélias-Naccache et l’axe de la route de Bickfaya».
Cependant, d’autres problèmes restent en suspens, notamment la sortie de l’autoroute vers Beyrouth, qui contribue essentiellement à l’encombrement quotidien d’Antélias. Antélias sera en mai 1998 l’une des rares zones résidentielles pourvue d’un pont de béton armé qui la coupera en deux parties. Le choix, selon certains experts, demeure «une étrange initiative urbaine».
Au bureau de l’ingénieur du comité des habitants, beaucoup de plans traînent. Parmi eux, figure une carte verte et fleurie, datée du 2 février 1997. Elle représente un projet de la place d’Antélias avec un joli jardin public. Avec la construction du pont, ce jardin ne verra jamais le jour...

Patricia KHODER
MAIS LE PROJET SUSCITE DE SÉRIEUSES RÉSERVES PARMI LES HABITANTS, LES NOTABLES ET LES COMMERÇANTS DE LA RÉGIONTous les matins 50.000 automobilistes vivent un cauchemar à Antélias. Une zone résidentielle qui compte, selon les sources de la municipalité, 27.000 habitants et qui forme un point de passage entre la montagne du Metn-Nord et la côte. D’inextricables embouteillages...