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Actualités - ANALYSE

La situation intérieure plus que jamais soumise aux circonstances régionales

Cet ancien ministre refuse d’être dupe: «l’avènement d’un nouveau président de la République, dit-il, ne peut modifier en rien une situation socio-économique dont le mauvais état tient aussi bien au blocage du processus régional qu’à une gestion interne qui n’est en tout cas pas du ressort de Baabda. Il faut d’ailleurs rappeler à ce propose les fortes limites apportées par Taëf au pouvoir de la présidence qui sur le plan décisionnel cède désormais le pas au Conseil des ministres. Mais même si le prochain chef de l’Etat devait bénéficier de prérogatives plus étendues, il ne pourrait rien changer ni au système intérieur de traitement des affaires économiques ni, bien entendu, à la conjoncture régionale. Affirmer dès lors, comme le font certains loyalistes, que des élections présidentielles anticipées peuvent apporter une solution aux difficultés du pays revient à tromper l’opinion».
Cet observateur chevronné note ensuite qu’un «nouveau président qui tenterait par idéalisme de faire bouger les choses dans un sens ou dans un autre, en refusant de s’adapter aux contraintes des circonstances, serait vite balayé de la scène ou subirait de si fortes pressions qu’il devrait s’y soumettre. Nul en effet, jusqu’à nouvel ordre régionalo-mondial, n’est autorisé ici à rêver de souveraineté totale, de sécurité non empruntée comme on dit, d’indépendance véritable et de décision autonome. Ceux qui croient à de telles idées feraient mieux d’ailleurs de ne pas se porter candidats à la présidence de la république: si par une chance extraordinaire, incroyable, l’un d’eux devait réussir, il serait très vite forcé de démissionner, à moins de quitter la scène d’une façon encore plus dramatique… En pratique cependant seuls vont être en course les candidats prêts à accepter toute condition, voire à se lancer dans des surenchères de docilité entre eux. En principe il n’y a pas dans le lot d’éléments qui puissent répondre vraiment aux souhaits de la population. On dira que ce n’est pas très important, puisque le président n’a plus tellement de pouvoirs mais il reste un symbole et les gens tiennent à ce qu’il ait une bonne image, pour avoir confiance dans l’Etat qu’il représente».
Cet ancien ministre laisse entendre ensuite qu’une prorogation du mandat de l’actuel chef de l’Etat ne serait pas une mauvaise chose car «la perpétuation pour six nouvelles années d’une situation de sujétion encore plus accentuée qu’à présent rendrait presque impossible par la suite l’effort à fournir pour abolir cette anomalie. Plus on s’ancre dans la dépendance plus il est difficile de s’en dégager, tous les toxicomanes le savent. D’autant que le prochain régime pourrait bien n’avoir pas les qualités de l’actuel qui lutte quand même, il faut le lui reconnaître, pour la promotion de certains mécanismes positifs en termes de démocratie et de libertés. Parallèlement les Libanais s’habitueraient encore plus aux aberrations institutionnelles ou autres qui leur sont imposées et auraient de moins en moins tendance à réagir sainement pour défendre les vrais intérêts nationaux».
Pour l’ancien ministre «il n’y aura de solution pour le Liban, sur tous les plans, que le jour où un règlement régional global sera conclu. Et même alors rien, évidemment, n’est acquis pour nous. L’arrangement, comme la France dit le craindre, pourrait se faire à nos dépens. De plus, si nous devions retrouver l’intégralité de notre territoire et notre souveraineté totale, il nous resterait sur le plan intérieur à nous guérir de tant de maux, notamment sur le plan des pratiques politiques… Mais, conclut-il, il reste certain que nous sommes en droit de placer des espérances dans une paix régionale. Et il reste tout aussi certain que c’est faire fausse route que de se focaliser sur les prochaines présidentielles, rapprochées ou pas, car objectivement il ne peut en sortir aucun changement sur le fond».
«Sauf que, peut-être, répond brièvement un loyaliste, un nouveau président pourrait mettre à profit l’état de grâce qui lui serait consenti lors de son avènement pour renforcer un peu les institutions et faire initier une réforme de l’Administration».
On peut, en effet, toujours espérer…

E.K.
Cet ancien ministre refuse d’être dupe: «l’avènement d’un nouveau président de la République, dit-il, ne peut modifier en rien une situation socio-économique dont le mauvais état tient aussi bien au blocage du processus régional qu’à une gestion interne qui n’est en tout cas pas du ressort de Baabda. Il faut d’ailleurs rappeler à ce propose les fortes limites...