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Actualités - OPINION

Tribune Nous déposséder de notre terre ?


Une fois de plus avec l’ouverture du capital de Solidere aux étrangers, les dispositions fondatrices de la loi instituant la société foncière chargée de la reconstruction du centre-ville et les motivations justifiant leur caractère exceptionnel, vont être violées.
Une fois de plus et comme je l’avais prévu, le Conseil des ministres va passer un accord avec son propre président à la demande expresse et dans l’intérêt personnel de ce dernier, principal actionnaire et dirigeant de Solidere.
La loi 112, à la rédaction de laquelle j’avais participé, avait formellement interdit l’accès des étrangers non arabes au capital de la société foncière, pour trois raisons principales:
1. Afin de se conformer à la loi générale prohibant, à juste titre, l’appropriation et la spéculation foncières étrangères susceptibles de peser lourdement sur le devenir social, économique et politique du pays.
2. Dans le but de laisser aux ayants-droit initiaux une chance de conserver la majorité dans la propriété et la gestion de leur patrimoine.
3. En vue de permettre aux Libanais en général de demeurer les maîtres d’œuvre de la reconstruction de leur ville et c’est la raison pour laquelle les actions ont été rendues nominatives.
Le premier ministre, en mettant sur le marché de Londres les certificats de dépôts (GDR) liés aux actions «A» des ayants-droit, avait déjà contrevenu gravement à l’esprit et à la lettre de la loi. Il demande aujourd’hui au Conseil des ministres et au Parlement d’autoriser tout individu et tout groupe possédant ou contrôlant, comme lui, d’innombrables sociétés, à manipuler les cours boursiers et le marché foncier en fonction de leurs propres ambitions. S’arrêtera-t-il là et dans un proche avenir, ne demandera-t-il et n’obtiendra-t-il pas que la loi générale restreignant l’acquisition des terrains par les nationaux arabes et étrangers soit abrogée afin de valoriser considérablement l’énorme patrimoine foncier qu’il s’est constitué?
Le jour viendra ainsi où seuls les riches et les puissants trouveront au Liban les moyens de prospérer, privant du même coup la population des moyens de se loger et de cultiver ses terres. Souvenons-nous enfin de ce qu’il advint des Palestiniens qui ont été conduits à vendre leur terre à des étrangers séduits par les prix qu’on leur offrait.

Henri EDDE
ancien ministre
Une fois de plus avec l’ouverture du capital de Solidere aux étrangers, les dispositions fondatrices de la loi instituant la société foncière chargée de la reconstruction du centre-ville et les motivations justifiant leur caractère exceptionnel, vont être violées.Une fois de plus et comme je l’avais prévu, le Conseil des ministres va passer un accord avec son propre...