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Actualités - ANALYSE

Résultat du match : un manque de confiance persistant dans le système...

Etait-il nécessaire de faire assumer au pays le prix d’une lourde crise politique, aux conséquences socio-économiques désastreuses, pour parvenir à un armistice dans la guéguerre permanente des présidents? Etait-il indispensable de forcer la Banque centrale à claquer des centaines de millions de dollars pour soutenir la livre face aux attaques du billet vert suscitées par la perte de confiance qu’a entraînée le dernier match Berry-Hariri? Fallait-il, avant d’aborder le budget, porter un coup à la crédibilité du pouvoir dans ses deux branches? Devait-on à tout prix montrer au monde qu’il fait bien de ne pas apporter son aide à un pays qui sait si mal se gérer et qui trahit les règles les plus élémentaires de la démocratie?
Tant d’inconscience et d’irresponsabilité effarent l’opposition dont l’un des piliers parlementaires souligne «combien il est stupide d’affaiblir le potentiel financier d’un pays déjà en plein marasme quand d’un côté on prétend défendre à la fois la livre et l’équilibre budgétaire, comme le fait M. Hariri, et que de l’autre côté on prétend soutenir la cause des démunis comme l’affirme M. Berry. Le bras de fer entre les deux hommes a causé du tort à ces trois objectifs à la fois. Evidemment, eux-mêmes, ne s’en ressentent pas, mais la population commence à payer la facture sous forme de cherté accrue, les prix flambant déjà sans contrôle et en attendant que le couperet des augmentations fiscales inscrites dans le budget lui tombe sur le cou... Rivaliser de surenchères démagogiques de part et d’autre dans ces conditions c’est pire que du cynisme, c’est de la frivolité. Quand on prétend parler «au nom du peuple» on commence par faire un petit tour au rythme galopant des prix. Et on cesse surtout de soutenir qu’on n’avait en vue, de part et d’autre, que l’intérêt économique des gens alors que les termes de l’accord conclu à Baabda portent sur tout autre chose. Avec sang-froid, presqu’avec imprudence, l’on a annoncé en effet que l’on a mis essentiellement au point des combinaisons politiques déterminées comme les élections municipales ou les désignations aux postes-clés de l’administration, deux créneaux qui déterminent en partie le taux d’influence de chaque leader dans ce pays. Il ne faut donc pas insulter à ce point l’intelligence des Libanais, en leur disant qu’on pense à leurs problèmes, ce qui n’est pas tout à fait vrai, après les avoir appauvris. Il est très clair en effet que M. Nabih Berry s’est engouffré dans la première brèche sociale venue pour tenter de déboulonner M. Rafic Hariri ou à tout le moins d’en saper l’influence politique, pour essayer d’occuper la position la plus dominante sur l’échiquier local ou à tout le moins mahométan. Il est tout aussi évident que M. Hariri n’avait nulle envie de se laisser déborder ou éliminer, d’où la bataille féroce que les deux hommes se sont livrée. Sur le plan technique, sur le vrai problème qui préoccupe les Libanais, à savoir l’arrêt du gaspillage comme de l’hémorragie financière que subit le Trésor, l’armistice conclu entre les deux présidents ne dit mot. Comment on va mettre fin au pillage des deniers publics, comment on va réduire la dette extérieure et intérieure qui se monte à 13 milliards de dollars, plus que le PNB, rien, pas même une allusion, dans la triomphale proclamation de réconciliation de mardi. La Cour des comptes a beau dénoncé les abus et tiré la sonnette d’alarme, les dirigeants n’entendent rien. Et vont même, comme M. Fouad Siniora l’a fait, jusqu’à soutenir que le rapport en question a été mal lu, qu’il ne s’agit que d’un inoffensif «tableau comparatif» (de quoi, on ne le saura jamais) établi par l’Inspection financière... Le texte, quel qu’en soit l’auteur, met pourtant le doigt sur la plaie et désigne clairement les mécanismes de gaspillage ou de dilapidation des fonds publics, mais MM. Hariri et Siniora ne veulent rien en retenir, pour eux tout cela est purement théorique. Le chef du gouvernement affirme qu’il n’a jamais utilisé les crédits excessifs de jardin qui lui sont dévolus; mais alors, où sont-ils passés ou plutôt, comment peut-on bloquer des fonds quand on en cherche désespérément pour couvrir de nécessaires dépenses...»
Ph.A-A.
Etait-il nécessaire de faire assumer au pays le prix d’une lourde crise politique, aux conséquences socio-économiques désastreuses, pour parvenir à un armistice dans la guéguerre permanente des présidents? Etait-il indispensable de forcer la Banque centrale à claquer des centaines de millions de dollars pour soutenir la livre face aux attaques du billet vert suscitées par la...