Alors que commence à Madrid le procès de Herri Batasuna, le bras armé de l'organisation séparatiste L'ETA multiplie ses actions armées en quête d'une publicité mondiale

L’ETA a intensifié ses actions armées contre des cibles symboliques, les championnats du monde de cyclisme et le musée Guggenheim de Bilbao, pendant que commence à Madrid le procès des 23 dirigeants de son bras politique Herri Batasuna.
L’ensemble des partis politiques basques, à l’exception des nationalistes radicaux de Herri Batasuna (HB), ont manifesté lundi et mardi leur indignation contre ces attentats qui visent, selon eux, à détruire l’image du Pays basque.
L’unique objectif de l’ETA est de «faire perdre son prestige à Euskadi (Pays basque) tandis que l’immense majorité des citoyens fait un effort pour aller de l’avant et faire progresser le pays», a déclaré le chef du gouvernement autonome basque José Antonio Ardanza.
En l’espace de 48 heures, l’organisation séparatiste a cherché à donner une publicité mondiale au conflit basque, estiment les milieux politiques.

«Bande armée»

Samedi à Saint-Sébastien (Pays basque, nord), une voiture piégée a explosé au passage d’une patrouille de la Garde civile, blessant légèrement trois agents, à quelques dizaines de mètres du circuit où se déroulaient les championnats du monde de cyclisme couverts par des centaines de journalistes.
Lundi après-midi, l’ETA s’est attaqué à un des symboles les plus prestigieux du Pays basque, le musée Guggenheim de Bilbao, succursale de la célèbre fondation de New York, qui doit être inauguré samedi par le roi Juan Carlos et ouvert dimanche au public.
Un commando de l’organisation séparatiste, déguisé en jardiniers, a tenté d’installer des lance-grenades et douze grenades dissimulées dans des bacs à fleurs face au musée lorsuq’il a été surpris par un agent de la police basque (Ertzaintza). Le policier a été grièvement blessé d’une balle dans la poitrine et il se trouvait mardi matin hospitalisé dans un état critique. Un des activistes, au nombre de deux ou trois selon la police, a été arrêté.
Cette intensification des actions armées de l’ETA intervient alors que la direction collégiale de Herri Batasuna, la vitrine légale de l’organisation militaire, comparaît depuis lundi devant le Tribunal suprême à Madrid.
Les 23 dirigeants sont accusés de «collaboration avec une bande armée» pour avoir diffusé une cassette vidéo de l’ETA avant les élections législatives de 1996.
Selon des sources proches de HB, la coalition radicale cherche depuis quelques semaines à se démarquer de l’ETA, même légèrement, du moins dans l’opinion publique. Elle continue cependant de ne pas condamner les attentats de l’organisation.
Ce changement de tactique est intervenu après l’assassinat en juillet du conseiller municipal d’Ermua (Pays basque) Miguel Angel Blanco qui avait provoqué une vague de protestations sans précédent en Espagne contre le terrorisme.

«HB n’est pas ETA»
Ainsi, lors d’une manifestation de plusieurs milliers de militants de HB dimanche à Bilbao contre le procès, les slogans en faveur de «L’ETA militaire» ont été moins nombreux que d’habitude.
Dans un discours à la fin de cette manifestation, le porte-parole de HB, Floren Aoiz, a affirmé que «HB n’est pas ETA» quoi qu’en pense le gouvernement. Deux portraits géants de membres de l’ETA, tués quelques jours auparavant par la Garde civile, avaient cependant été placés par les organisateurs sur la tribune de l’orateur.
L’absence de coordination apparente entre HB et l’ETA suscite aussi des interrogations au sein de la coalition. L’un des 23 accusés, M. José Luis Elkoro, confiait dimanche à l’AFP qu’il était difficile de comprendre pourquoi l’ETA avait commis un attentat à Saint-Sébastien quelques heures avant la manifestation d’HB et l’ouverture du procès. «Ça ne va pas améliorer notre situation» avait-il ajouté. (AFP)