Israël se hâte de rejeter l'offre de Cheikh Yassine Profession de foi pacifiste du Hamas Plus d'attaques suicide si la colonisation cesse Main tendue à Arafat et aux USA

l PLUS D’ATTAQUES-SUICIDE
SI LA COLONISATION CESSE l MAIN TENDUE À ARAFAT ET AUX USA

«Plus d’attaques-suicide si la colonisation cesse». Et encore: «Nous ne riposterons pas à des actes hostiles à notre encontre de la part de l’Autorité palestinienne». Enfin: «Si l’Amérique veut nous faire la guerre, nous lui dirons merci». C’est à une véritable profession de foi pacifiste que s’est livré hier cheikh Ahmed Yassine dans trois directions que l’on croit à ce jour être les principaux objectifs de son Mouvement de la résistance islamique. Mais l’Etat hébreu a refusé la proposition du guide spirituel du Hamas et rejeté toute négociation avec une organisation qu’il continue de qualifier de «terroriste» (VOIR AUSSI PAGE 7).
Le guide spirituel du mouvement intégriste palestinien a affirmé que les attaques-suicide contre les Israéliens pourraient s’arrêter si ces derniers s’abstenaient d’agresser les Palestiniens en détruisant des maisons ou en confisquant des terres.
Si l’on en croit la télévision publique israélienne, ce n’est pas la première fois que l’Etat hébreu rejette ce genre de proposition. En effet, selon le présentateur qui cite un «très haut responsable» israélien, le Hamas avait fait une offre de cessez-le-feu à Israël, deux jours avant l’attentat raté du Mossad contre un dirigeant du mouvement islamiste à Amman. Le gouvernement israélien a implicitement confirmé, précisant toutefois que Benjamin Netanyahu, qui fait face à une avalanche de critiques au sujet de cet attentat, «n’avait pas été informé à temps». C’est une question qui devrait être examinée par la commission d’enquête sur la bavure du Mossad à Amman, selon le porte-parole du gouvernement israélien, Danny Naveh.
«Si Israël stoppe ses attaques contre les civils palestiniens, nous stopperons les nôtres contre des civils» (israéliens), avait déclaré cheikh Yassine aux journalistes à son domicile.
«Je parle des attaques de martyrs, ce qu’ils appellent des attentats- suicide», a précisé le dirigeant intégriste, au lendemain de son retour à Gaza après plus de huit ans de détention en Israël.
Le premier ministre Benjamin Netanyahu avait affirmé dès lundi qu’Israël «n’a jamais négocié avec le Hamas et ne négociera jamais avec lui». Mardi, son porte-parole David Bar-Illan a renchéri: «Nous ne pouvons pas négocier avec une organisation qui est vouée à la destruction d’Israël et au meurtre de juifs parce qu’ils sont juifs».
Cheikh Yassine a également affirmé que son mouvement n’attaquerait ni l’Autorité palestinienne de Yasser Arafat, ni les Etats-Unis.
«Si l’Autorité palestinienne nous attaque, nous ne riposterons pas. S’ils nous tuent, nous ne les tuerons pas. Nous ne permettrons pas que le sang des Palestiniens soit versé», a-t-il dit.
L’Autorité, sous la pression d’Israël et des Etats-Unis, a arrêté ces dernières semaines des dizaines de militants du Hamas. Mais elle a averti que maintenant qu’Israël avait relâché cheikh Yassine, il lui serait difficile de poursuivre sa répression.
Cheikh Yassine a souligné que la lutte du Hamas se concentrait sur Israël et épargnait les autres pays. «Si les Etats-Unis veulent nous faire la guerre nous leur disons simplement merci. Mais nous ne ferons pas la guerre à l’Amérique», a-t-il dit.

Le Shass favorable

La branche armée du Mouvement de la résistance islamique Hamas a conduit une campagne d’attaques-suicide à la bombe depuis le début de l’autonomie palestinienne, en 1994. Les deux dernières attaques, perpétrées les 30 juillet et 4 septembre à Jérusalem-Ouest, ont tué 21 Israéliens.
«Nous n’aimons pas attaquer des civils, pour des raisons religieuses», a affirmé cheikh Yassine. «Mais vous (les Israéliens) vous attaquez des civils. Vous détruisez des maisons, vous voulez des terres, vous expulsez des gens, vous tuez des femmes, des enfants et des prisonniers», a-t-il poursuivi.
«Epargnez nos civils et nous épargnerons les vôtres», a lancé le fondateur du Hamas.
Comme on lui demandait si le Hamas proposait aussi d’arrêter les autres types d’attaques contre Israël, le dirigeant intégriste a souligné: «Si l’occupation cesse, nous arrêterons la résistance».
«Si Israël est prêt à se retirer des territoires occupés et à cesser ses agressions contre notre peuple, nous observerons une trêve», a-t-il dit.
Cheikh Yassine a fait une référence à sa maison natale à Ashkelon, dans le sud d’Israël, soulignant que «si mon propre frère volait ma maison, je le combattrais. C’est pourquoi nous devons combattre les juifs lorsqu’ils prennent nos maisons et notre terre».
Malgré le rejet par le gouvernement israélien des offres de cheikh Yassine, un haut responsable de la coalition au pouvoir, M. Arié Déri, s’est prononcé au contraire pour un dialogue politique avec le Hamas, à condition qu’il abandonne le «terrorisme».
«Le dialogue avec un ennemi, tel que le Hamas serait plus efficace que toutes les guerres que nous pourrions mener contre le terrorisme», a affirmé à la radio M. Déri au nom du Shass, le troisième parti israélien (10 députés). (AFP, Reuter)