Tel-Aviv récupère ses deux agents en libérant des dizaines de détenus palestiniens et jordaniens Netanyahu paie le prix de la bavure du Mossad à Amman

Création d’une commission d’enquête chargée d’examiner les circonstances de l’attentat manqué mené par le Mossad contre Khaled Mechaal, un dirigeant du Hamas à Amman; libération de 20 détenus palestiniens qui seront suivis de 50 autres dans les prochains jours et de 23 prisonniers jordaniens, en échange de l’élargissement par la Jordanie des deux agents israéliens accusés de l’attentat; la libération surtout de cheikh Yassine, fondateur du Hamas: le gouvernement Netanyahu a déjà payé le prix fort pour tenter de circonscrire les retombées de la «bavure» de ses services secrets à Amman qui a tant irrité le roi Hussein de Jordanie.
A ce propos, la Jordanie a affirmé avoir obtenu d’Israël des «garanties qu’il appliquera toutes les clauses des accords de paix» entre les deux pays en échange de la «libération des deux agents israéliens porteurs de passeports canadiens falsifiés».
Dans un communiqué officiel, la Jordanie a précisé avoir libéré les deux agents «après avoir complété l’enquête et obtenu des garanties israéliennes pour une application
intégrale de toutes les clauses des accords de paix, signés entre les deux pays», en octobre 1994.
«Les contacts entrepris (avec Israël) ont permis également de renforcer un climat garantissant la reprise des négociations palestino-israéliennes (...) selon le principe que la sécurité ne peut être séparée d’une paix juste et globale», a ajouté le communiqué.
La Jordanie a en outre indiqué avoir réussi à renforcer sa «position immuable de soutien au peuple palestinien et sa direction, l’Autorité palestinienne (...) pour qu’il parvienne à recouvrer ses droits sur son sol national et établir un Etat indépendant».
Amman a obtenu enfin de l’Etat hébreu la libération de 23 prisonniers jordaniens, dont neuf ont déjà été relâchés.
«Neuf prisonniers jordaniens ont été libérés par Israël et sont arrivés à Amman, alors que 14 autres prisonniers jordaniens seront libérés prochainement», a indiqué un responsable jordanien, précisant qu’après leur libération il ne restera plus de détenus jordaniens en Israël.
Pour en revenir à la commission d’enquête, sa création a été décidée à l’issue d’un Conseil des ministres extraordinaire hier à Jérusalem.
«Nous avons décidé de créer une commission pour examiner l’affaire et présenter des recommandations», a ainsi déclaré M. Netanyahu lors d’une conférence de presse, à l’issue de la réunion hier soir.
La commission devra étudier les erreurs de la tentative d’assassinat avortée contre le chef du bureau politique du Hamas, Khaled Mechaal, menée le 25 septembre à Amman par deux agents du Mossad, le service secret israélien.
Le premier ministre a assumé la «responsabilité globale» des actions des services secrets mais il a exclu de démissionner après le désastre d’Amman, comme l’a réclamé son prédécesseur travailliste Shimon Pérès.
La commission, dont les travaux se dérouleront à huis clos, sera présidée par l’ancien conseiller juridique du ministère de la Défense, M. Yossef Chekhanover, et comprendra notamment l’ancien chef du Mossad Nahum Admoni, a ajouté M. Netanyahu.
«Cette commission rendra compte de ses travaux au gouvernement et lui présentera ses recommandations», a indiqué le premier ministre.
Selon la télévision publique, cette commission n’aura pas de pouvoirs réels car ses recommandations n’auront pas le poids d’une commission d’enquête officielle qui aurait pu mettre en cause directement le premier ministre, dont dépend le Mossad.
En outre, la télévision a noté que les membres de la commission n’ont ni le prestige ni l’autorité qui leur permettraient de déstabiliser le chef du gouvernement.
«En créant cette commission, M. Netanyahu cherche à éviter que l’enquête remonte jusqu’à lui ou au chef du Mossad», a pour sa part estimé le commentateur de la radio de l’armée.
Le premier ministre a souligné qu’il menait une «guerre totale, sans compromis» contre le terrorisme. «Les objectifs que nous choisissons dans la lutte antiterroriste sont justifiés», a-t-il dit.
«Nous avons beaucoup de réussites. De temps en temps, il y a des accrocs et il y a des revers, comme dans toute guerre. J’ai la responsabilité globale de la lutte. Il faut lutter contre le terrorisme pour garantir la vie des Israéliens», a-t-il expliqué.
M. Netanyahu a lancé une violente diatribe contre les journalistes israéliens. «C’est à vous de faire votre examen de conscience après tous les mensonges que vous avez colportés», a-t-il dit.