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Actualités - CHRONOLOGIE

Tirant la leçon des revers subis par cette technologie dans d'autres pays Le Japon met en veilleuse son programme de surgénérateurs

Le Japon s’apprête à son tour à mettre son programme de surgénérateurs en demi-sommeil, tirant les leçons des revers subis pour cette technologie d’une grande complexité déjà abandonnée par tous les autres pays industrialisés.
Un projet de rapport préparé sous l’autorité de la Commission nationale à l’énergie atomique (CEA) qui sera présenté dans une semaine ne mentionne plus de date pour une éventuelle mise en service commercial des surgénérateurs, a confirmé un responsable du CEA.
Ces réacteurs à neutrons rapides sont en théorie très prometteurs puisqu’ils produisent plus de plutonium qu’ils n’en consomment, représentant ainsi sur le papier une source d’énergie virtuellement inépuisable.
Ne possédant ni pétrole, ni gaz naturel, le Japon fondait de grands espoirs dans cette filière qui s’est cependant controversée, le plutonium étant l’élément de base servant à la fabrication des armes nucléaires.
La France a décidé en juin la fermeture du surgénérateur Superphénix à la suite d’une série d’avaries. L’Allemagne, les Etats-Unis et d’autres pays ont renoncé à la filière des réacteurs à neutrons rapides du fait de sa complexité et des coûts.
«Il serait exagéré de dire que nous recommandons l’abandon des surgénérateurs, mais nous sommes d’avis qu’il faudra maintenant faire preuve de souplesse pour la recherche et le développement s’agissant des dates et des objectifs», a souligné M. Kazunori Hirao, un responsable de la division développement des réacteurs du CEA.
Selon les termes de ce projet de rapport, la filière des surgénérateurs n’est plus désormais considérée que comme «une option» parmi les futures sources d’énergie non-liées au pétrole.

«Punition»

La date de 2030 qui était jusque-là retenue par la commission comme objectif pour la mise en service du premier surgénérateur commercial a purement et simplement disparu, les experts du CEA ne parvenant pas à se mettre d’accord, a-t-il dit.
«L’accident survenu dans le réacteur expérimental de Monju (en décembre 1995) a exercé une grande influence sur le programme», a reconnu M. Hirao, pour qui une décision sur un arrêt éventuel du programme est du seul ressort des autorités de tutelle.
Le rapport recommande toutefois la poursuite de recherches nécessaires «pour vérifier la viabilité des réacteurs à neutrons rapides». «Nous recommandons de poursuivre les travaux», a dit M. Hirao.
La Commission à l’énergie atomique est placée sous la tutelle de l’Agence (ministère) des sciences et techniques et du ministère du Commerce international et de l’Industrie (MITI).
Le projet de rapport, dont la rédaction n’est pas terminée, sera présenté au gouvernement et rendu public le 9 octobre, après la collecte des avis de l’opinion publique japonaise qui sera consultée par courrier et Internet, selon M. Hirao.
Une importante fuite de sodium s’était produite dans le circuit de refroidissement du réacteur à neutrons rapides à Monju en décembre 1995, le plus gros surgénérateur expérimental du Japon situé face à la Mer du Japon (ouest).
Cette affaire avait fait scandale après qu’il fut avéré que l’opérateur public Donen avait tenté de dissimuler la gravité de l’incident. Le surgénérateur est depuis à l’arrêt.
Le premier ministre Ryutaro Hashimoto a en outre exigé le mois dernier que Monju demeure fermé pendant encore un an à titre de «punition» contre Donen à la suite d’une série d’incidents nucléaires.
Or ce surgénérateur d’une puissance de 280 mégawatts dont la construction a pris dix ans et coûté 590 milliards de yens (4,9 milliards de dollars) est la pièce centrale du programme japonais de surgénérateurs.
La construction d’un autre réacteur plus gros de 660 MW devait commencer peu après l’an 2000 sur un site qui n’est pas encore déterminé. Mais ces travaux sont désormais reportés sine-die.
«Les travaux sont reportés. Il est peu probable que nous puissions respecter les délais», a expliqué M. Hirao.
Le Japon s’apprête à son tour à mettre son programme de surgénérateurs en demi-sommeil, tirant les leçons des revers subis pour cette technologie d’une grande complexité déjà abandonnée par tous les autres pays industrialisés.Un projet de rapport préparé sous l’autorité de la Commission nationale à l’énergie atomique (CEA) qui sera présenté dans une semaine ne...