Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Economie et politique, un amalgame aussi inévitable qu'indubitable

Expliquant pourquoi il est difficile de dissocier, comme le conseille Damas, l’économie et la politique, un ministre rappelle que «tous les dérapages financiers ou budgétaires, toute la crise qui fait rage aujourd’hui sur ce plan vital trouvent leur origine dans les décisions, ou dans l’indécision, du pouvoir politique en place».
«On ne peut traiter les effets sans résoudre les causes, fait-il valoir. Le gaspillage global, qui inclut des affaires sentant très mauvais, a entièrement bénéficié d’une couverture politique, parfois au plus haut niveau, comme l’a reconnu il y a quelques mois le président de la Chambre M. Nabih Berry, en mettant en cause la troïka dont lui-même fait partie. Et ne parlons pas des aveux publics, antérieurs ou ultérieurs, de M. Walid Joumblatt».
«Le mal est donc si patent, ajoute ce ministre, que les responsables les mieux placés ne prennent même plus la peine d’en parler à mots couverts. La corruption, c’est la politique et l’administration ensemble, la première passant même avant puisqu’elle détient le pouvoir et qu’elle est à l’occasion aussi corruptrice que corrompue...».
Comme on le voit, ce ministre n’y va pas de main morte, tout en s’abritant sous le couvert de l’anonymat. «Car, se justifie-t-il, l’objectif n’est pas de faire scandale pour le plaisir ou de se lancer dans des propos purement provocateurs comme tel collègue de premier plan, mais de contribuer à remettre le débat sur les bons rails, à cerner le vrai problème».
Une explication qui vaut ce qu’elle vaut et dont on se contentera, le point étant tout à fait mineur.

Double carte

Ce ministre bavard mais discret enchaîne: «Je ne connais aucun collègue qui soit contre le concept d’un plan de développement ou contre l’idée d’aider le Akkar et Baalbeck-Hermel. Et je n’en connais qu’un seul, M. Siniora, qui croit vraiment dans la taxe sur l’essence. Les neuf autres qui ont voté aux côtés de M. Hariri l’ont fait sans conviction, pour des raisons diverses, politiques ou personnelles, qu’il serait fastidieux et peu intéressant de décortiquer».
«Disons que grosso modo, nous nous sommes tous fait à l’idée d’emprunter huit cents millions de dollars, poursuit-il. Et si la majorité a voté contre en Conseil des ministres, c’est parce qu’elle a estimé qu’on ne peut pas s’arrêter à cette proposition, qu’elle doit nécessairement s’accompagner d’un plan d’utilisation soigneusement étudié, parfaitement détaillé et justifié, dans le sens très pointilleux, très chiffré que les informaticiens donnent à cet adjectif. L’improvisation, à ce niveau, dans ce domaine, c’est pire qu’un crime, c’est de la folie. On mènerait le pays à la ruine et après on s’en laverait les mains».
Selon lui, «la majorité ministérielle a eu assez de réflexes pour voir que cette fois on ne pouvait plus «marcher» et je crois que M. Hariri n’en a pas vraiment été surpris. Peut-être même en est-il satisfait au fond. Car politiquement, il peut penser que notre refus lui ôte toute responsabilité par rapport au traitement de la crise économique. Et lui donne en plus une double carte: se retrouver en droit soit de changer le Cabinet soit de le remanier, sous couvert d’une nécessaire meilleure cohésion ministérielle. Par voie de conséquence, pour rester en place et tout garder comme tel au niveau du Cabinet, comme le lui conseille Damas, M. Hariri peut vouloir poser ses conditions. S’il ne l’a pas fait encore, c’est qu’il espère toujours, comme il l’a ouvertement déclaré, emporter le morceau et pouvoir encore faire passer son projet, peut-être en acceptant de rabaisser la surtaxe sur l’essence, qu’il avait déjà consenti entre un vote et l’autre en Conseil des ministres, à ramener de 5.000 à 3.000 livres sur le bidon de 20 litres».
«Et c’est peut-être cette vague espérance, ajoute ce ministre, qui a produit le climat plutôt sérieux qui a régné en Conseil des ministres lors des deux dernières séances, consacrées à un défrichage du prochain budget, en attendant la phase du chiffrage, le déchiffrage devant ensuite appartenir à la Chambre. Les participants ont fait comme s’il n’y avait aucun litige entre eux et comme si le conflit sur les huit cents millions de dollars était maintenant chose réglée, ce qui n’est pas tout à fait exact. Dans une ambiance de bonne coopération, ils ont discuté du chapitre global concernant les dépenses et procédé à une approche sur les budgets des différents ministères. Mais c’est peut-être, conclut ce ministre, le calme qui précède la tempête car, répétons-le, M. Hariri ne veut pas renoncer à son plan et tôt ou tard, le conflit interne risque d’éclater de nouveau».

Ph. A.-A.
Expliquant pourquoi il est difficile de dissocier, comme le conseille Damas, l’économie et la politique, un ministre rappelle que «tous les dérapages financiers ou budgétaires, toute la crise qui fait rage aujourd’hui sur ce plan vital trouvent leur origine dans les décisions, ou dans l’indécision, du pouvoir politique en place».«On ne peut traiter les effets sans...