Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Déficit budgétaire : manoeuvres subtiles en coulisse

Malgré les conseils de Damas, plus on va et plus l’affaire économique du déficit budgétaire (53%, aux dires des officiels, au lieu des 37% prévus initialement) se politise. Un amalgame que reconnaît le chef du gouvernement qui cependant en rejette la responsabilité sur ses contempteurs. Miné de l’intérieur, confronté pour la première fois à un vote négatif en Conseil des ministres (sur son plan de développement), il tente actuellement de renouer une alliance avec le président Nabih Berry, indiquent des sources informées.
Le président de la Chambre a pourtant ferraillé ferme, et M. Hariri ne l’ignore certainement pas, contre ce plan, plus exactement contre la surtaxation de l’essence qu’il prévoyait et c’est principalement son action auprès des ministres qui a été à l’origine du revers subi par le chef du gouvernement en Conseil des ministres lors du vote fatidique.
Mais quand le roi est nu il va se rhabiller dit-on, et il est donc normal que M. Hariri se cherche des alliés qui puissent le sortir de l’impasse. Il ne peut décemment pas se tourner vers Baabda: l’affaire des nationalités et M. Walid Joumblatt l’en empêcheraient. Alors qu’avec M. Berry, il n’y a à tout prendre, selon les haririens que «ce léger différend» sur l’essence. De plus, au-delà du problème des huit cent millions de dollars, il y a le Budget de l’an prochain qui est en préparation et dont l’examen à la Chambre pourrait tourner à l’aigre pour le Cabinet si le «Speaker», M. Berry, devait se montrer peu coopératif...

Recouplage


Alors pour faire plaisir à M. Berry et l’amadouer, le gouvernement envisage de donner effectivement suite à sa pressante demande de package deal concernant l’élaboration simultanée des nouvelles lois sur les municipales, sur les législatives et sur la décentralisation administrative qui sont à son avis interactives, interdépendantes et doivent être étudiées en même temps par les commissions parlementaires réunies.
Mais bien entendu ce «cadeau» qui annonce un recouplage Berry-Hariri forcément dirigé contre Baabda, ne plaît pas beaucoup aux hraouistes. Le chef de l’Etat serait selon ses visiteurs agacé par la puérilité du comportement de nombre de pôles ou de responsables, qu’il soupçonne de multiplier les incidences à seule fin de faire diversion et de gagner du temps jusqu’à ce que les crispations socio-économiques de la rentrée se soient détendues d’elles-mêmes. Toujours selon ces sources, M. Hraoui accuse à son tour les autres de tout politiser à dessein et ses proches ajoutent que cela serait également pour faire passer certains bazars en douce, aux dépens de l’intérêt public bien compris.
Le chef de l’Etat, indiquent encore ces témoins, estime qu’on aborde avec trop peu de sérieux la grave question socio-économique qui mériterait l’élaboration d’un plan de fond, bien étudié, pour traiter le mal à la racine sans plus recourir à des palliatifs plus ou moins hasardeux.
Les hraouistes notent ensuite qu’au cours de la dernière séance du Conseil des ministres mardi le président Hraoui a manifestement tenté d’utiliser le volet des crédits des ministères comme levier de pression, menaçant de forte réduction les département détenus par ses opposants et laissant filer les devis des ministres qui lui sont fidèles. Ces sources ajoutent que s’il peut paraître normal de ne pas amputer les budgets du Conseil du Liban-Sud ou du ministère des Déplacés, il devrait en aller de même de ministères de services vitaux comme la Santé ou les Affaires sociales. Pour les hraouistes, il parait évident que M. Hariri cherche à travers cette question des crédits ministériels et sous couvert d’austérité, à faire voler en éclats le camp de ses opposants à l’intérieur du Cabinet.

Ph.A-A.
Malgré les conseils de Damas, plus on va et plus l’affaire économique du déficit budgétaire (53%, aux dires des officiels, au lieu des 37% prévus initialement) se politise. Un amalgame que reconnaît le chef du gouvernement qui cependant en rejette la responsabilité sur ses contempteurs. Miné de l’intérieur, confronté pour la première fois à un vote négatif en Conseil...