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Actualités - CHRONOLOGIE

La surtaxe sur l'essence ayant été écartée provisoirement Le gouvernement prépare un budget d'austérité

LA SURTAXE SUR L’ESSENCE AYANT ÉTÉ ÉCARTÉE «PROVISOIREMENT»


Le gouvernement entame aujourd’hui l’examen du projet de budget pour l’année en cours. De sévères mesures semblent avoir été prises par le ministère des Finances pour empêcher des fuites concernant les chiffres de ce budget, comme du déficit prévu, etc. Ces précautions s’expliquent, en partie, par le fait que la polémique sur le déficit prévu pour l’exercice en cours bat son plein. Ce déficit atteindrait finalement 63%, alors qu’il devait se situer autour de 40%.
En prévision d’une réunion du Conseil des ministres, au cours de laquelle les grandes lignes du projet de budget seront exposés, le chef du gouvernement entame ce matin une série de réunions, avec chaque ministre en particulier.
Citant le président de la République, des visiteurs de Baabda affirment que le gouvernement va approuver «un budget d’austérité» dans lequel les dépenses «dans la plupart des ministères et administrations» seront comprimées au maximum. L’amélioration de la perception des recettes et l’arrêt du gaspillage figureront également en tête des préoccupations du Conseil des ministres, assurent ces sources, qui ajoutent que «l’idée d’une surtaxe sur l’essence a été provisoirement écartée, et que des substituts à ce projet sont examinés».
Même mis entre parenthèses par la nécessité d’approuver le projet de budget 98, le rejet, par le Conseil des ministres, du projet d’emprunt de 800 millions de dollars alimente de fiévreux débats sur les sources de financement de substitut, et a déclenché — artificiellement, aux yeux de certains —, des décisions à portée sociale et politiques considérables, comme «l’arrêt des activités» du ministère des Déplacés, annoncé par M. Walid Joumblatt, et celui du système d’assurance-hospitalisation.
Le rejet du projet pose en outre la question de la confiance d’une partie des ministres dans une vision politique et un style de gouvernement. Il souligne enfin, à sa manière, l’impérieuse nécessité d’une moralisation de la vie publique, condition indispensable au succès de toute réforme administrative sérieuse, et de l’arrêt du pillage

Au cœur du débat financier figure la taxe de 5.000 L.L. sur le prix des vingt litres d’essence, sur laquelle le gouvernement comptait pour disposer rapidement de liquidités. Les syndicats ont menacé de se mettre en grève, si une telle taxe était instaurée. Le président de l’Assemblée nationale avait même affirmé que cette surtaxe, intervenant aux portes de l’hiver et coïncidant avec la rentrée scolaire, aurait pu conduire à de véritable émeutes. Depuis le Conseil des ministres, MM. Hariri et Berry ne se sont plus rencontrés, bien que tous deux se soient rendus à Damas, pour y être reçus par les responsables syriens.

Sondé au sujet d’une éventuelle rencontre dans les prochains jours, M. Hariri est resté hier soir évasif.
Reçu en soirée à Koraytem, M. Ghanim Zoghbi, président de la CGTL reconnue par l’Etat, et regroupant 18 fédérations, a réaffirmé au président du Conseil son opposition à cette taxe. Le responsable syndical a estimé qu’une majoration se répercuterait immédiatement sur le prix des transports publics et pratiquement de toutes les denrées.

Le responsable syndical a proposé, en échange, une taxe sur le travail des étrangers, en plus de la taxe sur les biens-fonds maritimes. Il a en outre réclamé la publication de l’indice de cherté pour l’année en cours et le relèvement en conséquence du salaire minimum, comme cela se faisait traditionnellement. Ce salaire minimum est actuellement de 250.000 livres dans le secteur public et de 300.000 livres dans le secteur privé.

Au sujet de la nouvelle échelle des traitements et salaires dans le secteur public, à partir du 1er janvier 1996, M. Zoghbi a assuré que les fonds pour la financer existent virtuellement. Il a rappelé qu’à l’époque, le prix de l’essence avait été majoré de 3.000 L.L., et des taxes avaient été imposées sur les produits de luxe et le tabac.
Selon M. Zoghbi, la nouvelle échelle des salaires verra le jour après l’approbation du budget. Quant au séminaire consacré à l’ensemble des questions sociales, qui devait se tenir avec le chef du gouvernement, le président de la CGTL a affirmé qu’il a été reporté à fin octobre.
M. Zoghbi avait participé, durant la journée, à la réunion de M. Hariri avec les propriétaires d’hôpitaux (VOIR AUSSI PAGE 4). Une assemblée générale des propriétaires d’hôpitaux privés se tiendra aujourd’hui. On en escompte un assouplissement de leur attitude, et un ajournement de la décision de faire payer les factures d’hospitalisation par les patients, à partir du 1er octobre.
Interrogé par «L’Orient-Le Jour», le président du syndicat des hôpitaux, le Dr Faouzi Adaïmi, a affirmé que «M. Hariri lui a paru sincère dans ses promesses de trouver les fonds nécessaires pour payer la dette de l’Etat (ministère de la Santé, coopérative des fonctionnaires et forces armées) à l’égard des hôpitaux» (300 milliards de L.L.). En ce qui concerne la CNSS, les fonds sont disponibles, a reconnu le Dr Adaïmi, qui s’est plaint de la lourdeur administrative de la CNSS, dont 20% du budget va aux salaires.
Le Dr Adaïmi a reconnu enfin que l’un des objectifs de la décision des hôpitaux, qui a involontairement coïncidé avec le rejet du projet d’emprunt de M. Hariri, était de «réveiller l’opinion par un traitement de choc». Le président du syndicat des hôpitaux s’est félicité de ce que la situation des établissements de soins ait été «cette fois prise au sérieux».
Au passage, le Dr Adaïmi s’est déclaré affligé par les propos tenus par le président de l’Ordre des médecins et par ceux du regroupement des compagnies d’assurances. Il a jugé en particulier «inopportuns et malheureux» les propos du Dr Fayek Younès, dans lesquels il a relevé «des contradictions» et qui, selon lui, «ne servent aucunement l’intérêt des médecins». Pour le Dr Adaïmi, les problèmes qui peuvent surgir entre les hôpitaux et les médecins doivent être discutés au sein des instances prévues à cet effet — commissions mixtes ou conseil de discipline de l’Ordre.
Le président de l’Ordre des médecins s’en était pris violemment aux hôpitaux privés, les accusant notamment de «vivre en parasites» aux crochets du secteur public et de pratiquer une véritable «usure» dont sont victimes les médecins, en retenant, des mois durant, les traitements qui leur reviennent.
LA SURTAXE SUR L’ESSENCE AYANT ÉTÉ ÉCARTÉE «PROVISOIREMENT»Le gouvernement entame aujourd’hui l’examen du projet de budget pour l’année en cours. De sévères mesures semblent avoir été prises par le ministère des Finances pour empêcher des fuites concernant les chiffres de ce budget, comme du déficit prévu, etc. Ces précautions s’expliquent, en partie, par le...