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Actualités - ANALYSE

Les propos de Hariri sur la prorogation déclenchent la bataille présidentielle

Dans son interview télévisée de mercredi dernier, le premier ministre Rafic Hariri avait affirmé qu’il n’y aurait pas cette fois-ci de prorogation du mandat de M. Elias Hraoui. Rappelant que le chef de l’Etat lui-même avait déjà rejeté une telle éventualité, le chef du gouvernement avait dit aux Libanais: «Préparez-vous à l’avènement d’un nouveau président de la République».
A la lumière de ces affirmations, nombre d’observateurs politiques se posent les questions suivantes:
— Est-ce au président Hariri de décider de la prorogation du mandat présidentiel, ou d’abord à la Syrie?
— Le chef du gouvernement révèle-t-il donc une position syrienne qui n’a pas encore été annoncée?
De toute manière, le premier ministre est le seul responsable officiel à rejeter a priori toute possibilité de prorogation du mandat, alors que d’autres — forts de leur dernière expérience dans ce domaine — s’abstiennent de le faire pour laisser la voie ouverte à toutes les éventualités. On se souvient en effet qu’en 1995, le mot d’ordre syrien était parvenu à Beyrouth quelques jours à peine avant l’échéance électorale.
— M. Hariri a-t-il pris cette position en connaissance de cause, ou par respect de la volonté du chef de l’Etat qui a réitéré, à plus d’une occasion, son désir de quitter la présidence dès la fin de son mandat? A cela, on peut toutefois rétorquer que la fois dernière, le chef de l’Etat s’était également juré de ne point signer le décret prorogeant son mandat avant de céder aux démarches de Damas, des ministres et des députés, et en raison de la précarité de la situation régionale.
En tout état de cause, par ses propos, le premier ministre a de toute évidence déclenché la bataille présidentielle, indissociable à ses yeux de celle des impôts et taxes qu’il mène actuellement. Son projet d’emprunt est vital pour son avenir politique. Si son plan venait à être définitivement rejeté, il perdrait effectivement la bataille présidentielle et le nouveau chef de l’Etat risquerait fort de se séparer de lui. En quittant le pouvoir, M. Hariri léguerait à son successeur une crise socio-économique sans précédent: un déficit budgétaire exorbitant, une situation sociale explosive, des ressources insuffisantes pour rembourser les dettes intérieures et extérieures. Et la seule possibilité qui s’offrirait alors au prochain gouvernement serait de dévaluer la livre libanaise et de réclamer une rééchelonnement de la dette extérieure pour éviter la faillite de l’Etat.
Quoi qu’il en soit, les affirmations du chef du gouvernement ont dû inquiéter le chef de l’Etat, qui doit se demander si la position de M. Hariri traduit celle de Damas. C’est ainsi qu’en toute logique, le président Hraoui devrait effectuer des contacts avec les différentes parties concernées en vue de déterminer les raisons qui ont incité le premier ministre à adopter une telle attitude à son égard. Le chef de l’Etat est d’autant plus intrigué que, lors de son dernier sommet avec son homologue syrien, il n’avait rien entendu au sujet de la prorogation.
En fin de compte, la question reste donc de savoir si M. Hariri s’exprimait en son nom personnel ou au nom de Damas en évoquant le mandat de M. Hraoui.
E.K.
Dans son interview télévisée de mercredi dernier, le premier ministre Rafic Hariri avait affirmé qu’il n’y aurait pas cette fois-ci de prorogation du mandat de M. Elias Hraoui. Rappelant que le chef de l’Etat lui-même avait déjà rejeté une telle éventualité, le chef du gouvernement avait dit aux Libanais: «Préparez-vous à l’avènement d’un nouveau président de...