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Actualités - ANALYSE

Audiovisuel : même les modérés critiquent sévèrement le pouvoir

Le président Sélim Hoss, que l’on n’entend pas beaucoup à dire vrai quand la Chambre n’est pas en session car il n’est pas très porté sur les gesticulations médiatiques, n’en reste pas moins vigilant. Toujours «constructif», mais toujours opposant, il note sur son calepin scrupuleusement les fautes de parcours du gouvernement. Et il reproche principalement au pouvoir en place son laxisme, tout en reconnaissant qu’il y va aussi de la faute d’une mentalité politique générale qui ne fait que régresser.
L’ancien président du Conseil condamne notamment le traitement du dossier de l’information, géré à son avis contre l’esprit même de la Constitution. A l’en croire, les dirigeants ne se sont souciés dans cette affaire que des critères du fameux «système de partage» des créneaux donnant de l’influence, donc du contrôle des médias audiovisuels. Pour M. Hoss, il aurait fallu laisser la concurrence jouer librement, à condition que les entreprises concernées respectent les conditions techniques, légales et financières requises. Il ajoute que de toute évidence, et l’opinion ne s’y trompe pas, des institutions qui ont été fermées offraient de meilleures prestations que des télés ou des radios qui ont été autorisées, sans compter que parmi celles-ci il en est qui n’ont jamais fait leurs preuves, pour la bonne raison que jusqu’à présent elles ne fonctionnent pas encore!
Le pouvoir se voit donc très critiqué actuellement pour sa partialité ostensiblement intéressée dans cette affaire de l’audiovisuel, si tragiquement remise sur le tapis à Tripoli. A gauche comme à droite on souligne que les méthodes discriminatoires creusent de plus en plus dangereusement le fossé entre le système et la population dans ses diverses composantes. Les choses se compliquent en effet de jour en jour. Globalement, c’était, comme on sait, les chrétiens qui se plaignaient d’être mis à l’écart, marginalisés, voire opprimés. Voici que le mouvement gagne des franges islamiques radicales qui ne voient pas pourquoi (et elles ont bien raison, d’après les opposants) les dirigeants disposeraient de médias à leur solde, en se payant même le luxe dans certains cas de ne pas les faire fonctionner, alors que les autres parties s’en trouvent privées. Les dramatiques développements d’Abou Samra mobilisent bien sûr nombre de députés qui se proposent d’ouvrir le feu à ce propos sur le gouvernement dès la première séance de la session parlementaire d’automne. Ils veulent demander, disent-ils, pourquoi la loi établie par le gouvernement ne prévoit pas un créneau pour l’information religieuse, alors que le Conseil supérieur de l’audiovisuel ne s’est pas encore prononcé à ce sujet. A cela, les gouvernementaux répondent que les députés se réveillent un peu tard, car cette loi ils l’ont approuvée et ils ajoutent que les intéressés n’ont même pas pris la peine de demander des licences au Conseil supérieur de l’audiovisuel, se contentant d’émettre comme si l’Etat et ses lois n’existaient pas...
Mais sans craindre la contradiction, les opposants, après avoir reproché au gouvernement de ne pas laisser la bride sur le cou aux médias, lui reprochent de s’être montré coulant dans l’application de ses réglementations, de n’avoir pas pris tout de suite le taureau par les cornes et, au moment même où il sévit contre certains, de fermer les yeux sur la poursuite par d’autres de leurs émissions illégales. En clair, les opposants veulent savoir pourquoi le pouvoir réprime Saïd Chaabane et pas Sobhi Toufayli...
Question de rapport de forces et de protections sans doute, mais il n’en reste pas moins qu’en appliquant une fois de plus une politique de deux poids deux mesures, le pouvoir affaiblit son crédit et son autorité. D’autant plus qu’il va trop loin, aussi bien dans la répression que dans la complaisance: il est difficilement admissible que des jets de pierre par quelques dizaines de manifestants provoquent deux morts parmi eux à Tripoli; comme il est difficilement admissible que le chef de la «révolte des affamés» continue impunément à braver l’Etat, voire à l’insulter. et le pire, relèvent les opposants, c’est que le système réagit en vaincu, c’est-à-dire propose de «dialoguer» avec le leader subversif au lieu de le neutraliser, pour ne pas dire de le mater.

Ph. A-A.
Le président Sélim Hoss, que l’on n’entend pas beaucoup à dire vrai quand la Chambre n’est pas en session car il n’est pas très porté sur les gesticulations médiatiques, n’en reste pas moins vigilant. Toujours «constructif», mais toujours opposant, il note sur son calepin scrupuleusement les fautes de parcours du gouvernement. Et il reproche principalement au pouvoir...