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Actualités - ANALYSE

FSI : Hariri persiste et... ne signe pas !

Dans un climat sous pression accentuée, où l’on pourrait craindre des désordres internes découlant de la tension au Sud, les récentes prises de position en flèche de M. Walid Joumblatt tombent à point nommé pour occulter un sourd, un lourd conflit d’influence axé sur le contrôle des forces de police dans ce pays.
En effet, le président du Conseil M. Rafic Hariri bloque depuis deux mois déjà la nomination d’un nouveau commandant en chef de la gendarmerie et d’un nouveau commandant de la police de Beyrouth. Un vide sans précédent à ce niveau sécuritaire, car même pendant les années de guerre, les dirigeants en place s’arrangeaient toujours pour pourvoir à de tels postes quand par le jeu des mises à la retraite ils se trouvaient vacants. M. Hariri refuse de signer les décrets de désignation, sans se soucier de trouver une justification légale à son obstructionnisme. Attitude qui prend valeur de pression, dans le cadre du projet haririen dit «de la réforme des forces de sécurité», et qui vise tout simplement à en confier le contrôle direct à la présidence du Conseil, en retirant donc cette responsabilité au ministre de l’Intérieur qui, déjà privé des Municipalités, n’aurait plus qu’à se tourner les pouces… En outre M. Hariri, pour annuler un système de commandement individuel basé sur la compétence personnelle — donc peu favorable à certaines franges — veut le remplacer dans tous les corps en uniforme (FSI, gendarmerie, police judiciaire etc) par l’autorité collective d’un état-major, toujours placé sous sa propre tutelle. Il disposerait ainsi, face à une institution militaire qu’il n’apprécie pas beaucoup comme on sait, d’un bras armé bien à lui, d’une sorte de force de frappe en somme. Et il s’en servirait sans doute, comme atout d’influence, dans le cadre de la prochaine bataille des présidentielles, où son double objectif serait de barrer la route à certains candidats pour faire désigner une personnalité qui lui serait proche.
Mettant plusieurs fers au feu, et pour parer à toute éventualité, M. Hariri a fait préparer par ses conseillers non pas un seul mais deux projets de refonte de l’organisation des FSI. En face, le ministre de l’Intérieur M. Michel Murr a pris les devants: il a lui-même proposé des changements notables au conseil de commandement des FSI qui, après y avoir apporté quelques retouches, a adopté cette proposition. Cependant pour éviter une confrontation directe avec M. Hariri, M. Murr, homme de bonne composition, a choisi de ne pas saisir le Conseil des ministres, comme il aurait pu le faire, du problème de la vacance des deux postes clés dans le système policier A noter que des officiers de haut rang, tout en évitant tout battage médiatique et en respectant le devoir de réserve, ont fermement fait savoir aux autorités que si le plan de réforme du chef du gouvernement devait leur être imposé, ils quitteraient de suite le service.
A noter également que M. Farès Boueiz, qui déploie beaucoup d’ardeur de défi confessionnalisé que prennent les initiatives haririennes en matière de police, initiatives susceptibles de susciter un clivage, un esprit de rivalité entre les FSL et les militaires.
Un avis que partagent en gros d’éminents spécialistes, en l’occurrence d’anciens chefs des FSI en retrait comme les trois Antoine, les généraux Nasr, Barakat et Saadé qui ont établi une étude démolissant techniquement le plan de réforme, étude qui a été remise au chef de l’Etat.
Toujours est-il que pendant que la controverse entre responsables bat son plein, les «îlots d’insécurité» dénoncés par le chef de l’Etat en personne, et en réponse à M. Joumblatt, au cours du dernier Conseil des ministres, vont on ne peut mieux merci....
«Une bonne santé d’autant plus remarquable et remarquée, souligne un ministre, que tandis que des citoyens qui tentent de récupérer leur voitures volées se font refouler à coups de crosse dans la région de Baalbeck par des éléments protégeant les voleurs, à Beyrouth-Est les rafles et les arrestations se multiplient parmi les personnes qui ont «eu l’impudence» dimanche dernier de déposer une fleur à l’endroit où Béchir Gemayel, le président martyr, et ses compagnons avaient péri...».
Mais n’est-ce pas cela l’Etat de droit, du droit du plus fort?

Ph. A-A.
Dans un climat sous pression accentuée, où l’on pourrait craindre des désordres internes découlant de la tension au Sud, les récentes prises de position en flèche de M. Walid Joumblatt tombent à point nommé pour occulter un sourd, un lourd conflit d’influence axé sur le contrôle des forces de police dans ce pays.En effet, le président du Conseil M. Rafic Hariri bloque...