La tension monte à Jérusalem après l'affaire de Ras El-Amoud La police israélienne en état d'alerte après un appel des palestiniens à la résistance par tous les moyens (photo)

La police israélienne en état d’alerte après un appel des Palestiniens à la résistance «par tous les moyens»
Les forces de sécurité israéliennes sont en état d’alerte depuis hier, en prévision de troubles qui pourraient éclater à la suite du maintien d’une présence juive dans une maison du quartier de Ras el-Amoud, dans la partie arabe de Jérusalem (Est). De fait, les Palestiniens ont appelé à la résistance «par tous les moyens» et annoncé qu’ils se préparaient à ressortir le dossier de nombreuses propriétés arabes dans le secteur occidental de la ville (sous occupation israélienne).
L’affaire a été au centre d’un entretien téléphonique que le premier ministre israélien a eu avec le secrétaire d’Etat US, quelques heures après ce qui a été présenté comme un «compromis». Selon cet arrangement, les trois familles de colons installées depuis le début de la semaine dans une maison de Ras el-Amoud, où vivent 11.000 Palestiniens, ont accepté de quitter les lieux jusqu’à dimanche, mais seront remplacés par une dizaine d’étudiants talmudiques.
Israël a ainsi entériné le coup de force du millionnaire juif américain Irving Moskowitz qui a acquis cette maison et un terrain qui l’entoure, avec le projet d’y construire une enclave comptant 72 logements juifs.
Alors que, du côté palestinien, des réactions commençaient d’être enregistrées, d’importants renforts de police étaient envoyés à Jérusalem.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, trois cocktails Molotov ont été lancés par des Palestiniens sans faire de dégâts en direction de la maison occupée depuis dimanche par des colons, a-t-on appris de source policière. Les Palestiniens ont réussi à prendre la fuite.
Le dispositif autour de la maison restera en place au moins jusqu’à samedi, des barrages ont été renforcés aux abords de la ville et la police vérifiera l’identité de tous les jeunes qui iront prier sur l’Esplanade des mosquées, selon M. Yitzhaki.
En Cisjordanie et dans la bande de Gaza, l’armée israélienne reste sur le qui-vive, a-t-on appris de source militaire.
Les Palestiniens ont appelé à la résistance «par tous les moyens» contre les colons qui occupent la maison à Jérusalem-Est.
«Nous refusons cette situation et nous allons y résister par tous les moyens», a déclaré aux journalistes à Gaza le ministre de l’Information Yasser Abed Rabbo.
Le ministre a qualifié le «compromis» conclu entre Benjamin Netanyahu et les représentants des colons de «basse comédie» destinée à masquer le maintien des colons dans le quartier arabe de Ras el-Amoud. Il a critiqué la réaction positive des Etats-Unis à cet arrangement.
Un conseiller de M. Arafat, Ahmed Abdel Rahmane, a pour sa part mis de nouveau en garde contre le risque «d’explosion». Le Cabinet palestinien, réuni dans la nuit de jeudi à vendredi sous la présidence de M. Arafat, a affirmé que «la dangereuse agression des colons, soutenue par le gouvernement, ne peut être acceptée».
«Le peuple de Jérusalem résistera à cette agression jusqu’au départ des colons du bâtiment», a indiqué le Cabinet dans un communiqué, ajoutant qu’«il ne peut y avoir de sécurité à l’ombre de la colonisation».
«Les Israéliens ne doivent pas oublier que des milliers de Palestiniens disposent de documents qui établissent leurs droits de propriété à Jérusalem-Ouest», a affirmé de son côté un responsable de l’Autorité sous couvert de l’anonymat.
«Ces Palestiniens étudient la possibilité d’avoir recours aux tribunaux pour récupérer leurs biens immobiliers», a-t-il ajouté.
Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu «a choisi de lancer la bataille de Jérusalem sur le terrain plutôt que de négocier, ce qui pousse les Palestiniens à prendre des mesures non prévues», a-t-il dit.
M. Netanyahu a entériné le fait accompli des colons en affirmant que leur initiative était «légale» car leur bailleur de fonds américain, Irving Moskowitz, détient des droits de propriété sur la maison.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, la police avait évacué les trois familles qui occupaient la maison et qui ont emprunté une porte arrière de la maison. Mais une dizaine d’étudiants talmudistes chargés d’assurer la maintenance des lieux les ont remplacés.
Des accords conclus dans le passé entre les autorités israéliennes et des activistes d’extrême droite ont permis la création d’une série d’implantations en Cisjordanie.
C’est ainsi que l’implantation de Shilo, au sud de Naplouse, a débuté comme un «site archéologique» et celle de Beit El, près de Ramallah, comme un «camp militaire».
Selon le quotidien «Yediot Aharonot», des organismes de colonisation ont intensifié depuis quelques mois les achats de propriétés arabes à Jérusalem-Est, notamment dans le quartier de la vieille ville.
Ces organismes religieux ultranationalistes ont accumulé une somme d’un montant de 35 millions de dollars dans un «fonds pour la rédemption de la terre» destiné à financer des achats de biens fonciers, selon le journal.
Ce fonds a permis l’acquisition de treize maisons du quartier arabe, situées près du Mur des Lamentations à Jérusalem, et d’appartements dans les quartiers modernes de Jérusalem-Est.
Les acheteurs utilisent divers intermédiaires et hommes de paille ainsi que les services de sociétés écran enregistrées en Amérique centrale pour acquérir des biens immobiliers.
Les sommes offertes sont tellement élevées par rapport aux maigres revenus des résidents palestiniens que des acheteurs n’ont pas trop de difficultés à trouver des vendeurs en dépit des menaces de mort qui pèsent sur eux.
La principale société Elaad achète des biens immobiliers arabes pour le compte d’une institution religieuse juive ultranationaliste Ateret Cohanim.