Pan Pan Pro Patria

Chrétiens et musulmans, six soldats sont morts sous les drapeaux.
Rien que sur le plan protocolaire, social, les dirigeants auraient dû saluer en personne ce sacrifice. Ils n’hésitent pas, que nous sachions, à se précipiter, à discourir, presque à décréter un deuil national quand la chère maman de l’un d’entre eux vient à rendre son âme à Dieu.
Mais au-delà des convenances, c’est l’Histoire — qu’on nous pardonne cette légère emphase — que ces messieurs laissent passer sans marquer le coup, avec la belle impassibilité d’un handicapé de la nature devant les charmes de Pamela.
Car après tout, ce n’est pas rien, ce n’est pas la sinistre routine habituelle du drame sudiste que de voir coup sur coup, c’est le mot, le mouvement Amal puis l’armée libanaise se distinguer en infligeant quatre puis douze tués à l’ennemi. Et la loi du Talion ensuite, la loi du plus fort qui se déchaîne à l’aveugle pour assassiner le fils de Nasrallah et prendre en traîtres nos réguliers, ce n’est pas peu non plus.
On se serait attendu que les dirigeants décommandent les kermesses festives avec nanas dépoitraillées qu’ils devaient parrainer en week-end. Ou s’en reviennent dare-dare de leurs lointains voyages d’agrément.
Pour montrer qu’ils sont là, aux côtés de ceux qui luttent ou qui souffrent malgré eux.
Comme pour recevoir Albright à trois plutôt qu’à deux.

J.I.