Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Sa visite à Beyrouth s'est caractérisée par une grande franchise et une volonté de dialogue Albright : le Liban, un pays ami qui a un rôle essentiel dans le processus de paix Mais le secrétaire d'état ne cache pas ses appréhensions concernant le sud et la sécurité des américains (photos)

Sa visite à Beyrouth s’est caractérisée par une grande franchise et une volonté de dialogue


Madeleine Albright a donné leur satisfaction morale aux Libanais. Le secrétaire d’Etat américain a finalement effectué une escale symbolique de quatre heures au Liban, usant d’un langage fort, chaleureux, concret auxquels les Libanais ont été sensibles. Le Liban est «un pays ami», et «le volet israélo-libanais (des pourparlers de paix) est absolument essentiel» a-t-elle dit, soulignant les affinités morales qui lient son pays au nôtre, et notamment la tradition de «tolérance» religieuse qui les caractérise.

Mme Albright n’a pas caché non plus ses appréhensions: le Liban est toujours un pays où il est dangereux de mettre les pieds, pour un Américain, a-t-elle dit. A ceux qui ont estimé que sa venue est une sorte de consécration de la levée — fin juillet — de l’interdit frappant le voyage des Américains au Liban, son périple vers Baabda oppose un démenti: elle n’a pas emprunté l’aéroport de Beyrouth. En revanche, des observateurs ont estimé qu’il est significatif que le secrétaire d’Etat soit venue de Chypre, et non pas de Damas, comme l’ont fait ses prédécesseurs, MM. James Baker et Warren Christopher. Dans le même sens, les observateurs ont apprécié que Mme Albright se soit rendue à Baabda, et non pas au ministère de la Défense nationale, comme l’avait fait M. Warren Christopher, ou encore dans la Békaa. La dernière visite normale d’un secrétaire d’Etat US à Beyrouth date de 1984, lorsque George Shultz occupait cette fonction.
Autre signe distinctif de la visite: la rencontre au Forum de Beyrouth avec une centaine de personnalités du monde politique, diplomatique, et de celui des affaires, hâtivement contactés par les services de l’ambassade. Visiblement, cet aspect des choses importait, aux yeux de la responsable, qui a souhaité pouvoir amener à son achèvement le processus de normalisation des rapports civils, commerciaux et économiques entre les Etats-Unis et le Liban, qui ont beaucoup souffert de la guerre, des attentats et des prises d’otages. Pour les observateurs, le forum des Amis du Liban, qui s’est tenu en décembre 1996 à Washington, n’est visiblement pas loin. En tout état de cause, le discours réaliste, mais d’une grande tenue, qu’elle a prononcé au Forum de Beyrouth est à lui seul un gage: les Etats-Unis donnent l’impression d’avoir bien compris le Liban. Mais la question demeure de savoir si la conjoncture régionale leur permettra de concrétiser cette sympathie autrement que par des effusions verbales.
L’étape libanaise du périple régional de Mme Albright s’est située en fin de parcours. Le secrétaire d’Etat a quitté la Jordanie à destination de Chypre, d’où elle a gagné par voie aérienne le périmètre de l’ambassade américaine à Aoukar, placé sous haute surveillance. Mme Albright et son entourage ont voyagé à bord de quatre hélicoptères de type Blackhawk, et leur sécurité était renforcée par le croiseur lance-missiles USS Spruance, dépêché par l’OTAN au large des côtes libanaises. Quatre tireurs d’élite étaient déployés sur les toits de l’ambassade des Etats-Unis à l’arrivée de Mme Albright et sa suite.
Arrivée à 12h50, Mme Albright s’est directement rendue à Baabda dans un convoi de voitures blindées de l’ambassade U.S. circulant toutes sirènes hurlantes. Elle y a rencontré le président de la République, M. Elias Hraoui, le président du Conseil des ministres, M. Rafic Hariri, et le chef de la diplomatie, M. Farès Boueiz, avec lesquels elle a eu un entretien de quatre-vingt-dix minutes. M. Boueiz devait souligner par la suite que Mme Albright les avait informés de ses entretiens avec les dirigeants arabes et israéliens au cours de sa tournée.
Côté libanais, le secret de cet entretien était toujours jalousement gardé, hier soir. Les seules bribes qui en ont filtré font état de trois principaux sujets abordés: les moyens de relancer le processus de paix, la situation au Liban-Sud et la question cruciale, pour les Etats-Unis, du «terrorisme». Les responsables auraient saisi l’occasion pour exposer de vive voix, à Madeleine Albright, les principes qui guident la politique libanaise à l’égard d’Israël: attachement à la résolution 425, dispositions pacifiques en cas de retrait de l’armée israélienne, concomitance des volets syro-israélien et libano-israélien, légitimité de la résistance.
Selon une source informée, à des idées précises émises par le secrétaire d’Etat, le Liban aurait promis de répondre par le biais du ministre des Affaires étrangères, qui rencontrera Mme Albright à New York, fin septembre, en marge des travaux de l’assemblée générale annuelle de l’ONU.
Par ailleurs, le chef de l’Etat a remercié Mme Albright pour sa confiante décision de lever l’interdit sur le voyage des Américains, a précisé une source informée. De son côté, le secrétaire d’Etat a insisté sur la nécessité de permettre aux Américains qui souhaitent voyager au Liban, de ne pas se mettre en situation illégale. Une source officielle soucieuse d’anonymat n’a pas manqué de souligner, pour sa part, que l’escale de Mme Albright, malgré les réserves verbales dont elle a été assortie, ne manquera pas d’avoir un impact positif sur l’image de notre pays, dans l’opinion publique américaine.
Dans une déclaration à l’issue de l’entrevue, Mme Albright a déclaré avoir eu une «excellente rencontre» avec les dirigeants du pays et estimé «tout à fait approprié» d’achever au Liban sa première tournée au Moyen-Orient. «Le Liban est un pays ami, et nous pensons qu’il va dans la bonne direction. Le volet israélo-libanais est absolument essentiel pour un règlement juste et global auquel les Etats-Unis sont engagés. Nous devons aller de l’avant sur tous les volets de négociations» a-t-elle ajouté.
«J’ai été heureuse de voir ce bel endroit, et de jeter un regard d’admiration sur ce que Beyrouth représente, et ce qu’elle peut devenir. J’ai été très touchée de l’occasion qui m’a été donnée de voir Beyrouth», a poursuivi Mme Albright.
«Avec le Liban, nous avons des intérêts communs, et nous chercherons les moyens de permettre aux Etats-Unis de contribuer au rétablissement du Liban. Nous œuvrons, avec le peuple et le gouvernement libanais, pour asseoir l’Etat de droit, d’autant que le Liban est, comme les Etats-Unis, un symbole de tolérance, et ce symbole est vital ici ainsi que dans le reste du monde».
«Je suis très heureuse d’avoir pu visiter le Liban, a conclu Mme Albright. J’y reviendrai pour voir les progrès qui auront été accomplis, car je pense que ce pays va au devant de grands changements, et que les Etats-Unis veulent y contribuer», a conclu Mme Albright.
Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères devait émettre l’espoir que le processus de paix puisse être relancé sous l’égide de Washington.
«Nous espérons que les Etats-Unis poursuivront leur rôle d’honnête courtier et relanceront le processus de paix au point où il s’est arrêté» en février 1995 sur le volet libanais, a dit M. Boueiz.
Le chef de la diplomatie libanaise a en outre réclamé l’application de la résolution 425 du Conseil de Sécurité de l’ONU exigeant un retrait inconditionnel d’Israël du Liban-Sud, ainsi que les résolutions 242 et 338 prévoyant un retrait israélien des territoires arabes occupés en 1967.
A l’issue d’une visite guidée du palais présidentiel, sous la conduite du président Hraoui, Mme Albright s’est ensuite rendue au Forum de Beyrouth.
Le secrétaire d’Etat est ensuite repartie à Aoukar, d’où les hélicoptères américains l’ont transportée à Larnaca, où son avion l’attendait.
Le chef de l’Etat a eu un entretien téléphonique, hier soir, avec le président syrien Hafez el-Assad, au sujet de la visite de Mme Albright. Par ailleurs, M. Hraoui a reçu un appel téléphonique du président égyptien Hosni Moubarak, qui s’est informé du bon déroulement de la visite.
Sa visite à Beyrouth s’est caractérisée par une grande franchise et une volonté de dialogueMadeleine Albright a donné leur satisfaction morale aux Libanais. Le secrétaire d’Etat américain a finalement effectué une escale symbolique de quatre heures au Liban, usant d’un langage fort, chaleureux, concret auxquels les Libanais ont été sensibles. Le Liban est «un pays...