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Actualités - CHRONOLOGIE

L'anniversaire de l'assassinat de Bechir Gemayel Messe du souvenir et rassemblement place Sassine "Nous voulons savoir qui nous gouverne et d'où les ordres sont donnés" déclare Solange Gemayel (photos)

«Nous voulons savoir qui nous gouverne et d’où
les ordres sont donnés», déclare Solange Gemayel

Non moins de 2000 personnes ont pris part hier à la messe et à la cérémonie commémorant le quinzième anniversaire de l’assassinat du président Béchir Gemayel.
La commémoration s’est caractérisée cette année par l’importance de l’assistance, mais aussi par la nature des discours tenus. Mme Solange Gemayel a ainsi tiré à boulets rouges sur le Pouvoir, dénonçant «la politique de deux poids deux mesures qu’il adopte». «Nous voulons savoir qui nous gouverne, d’où les ordres sont donnés et si cet Etat existe ou s’il attend qu’on lui transmette des ordres», a-t-elle encore dit.
La messe a eu lieu, comme chaque année, en l’église de l’Icône Miraculeuse d’Achrafieh, à 16h10, heure à laquelle l’attentat à l’explosif, qui avait coûté la vie au président Gemayel, avait eu lieu en 1982. L’office divin a été célébré par le vicaire patriarcal, Mgr Roland Aboujaoudé, qui représentait le patriarche Sfeir, en présence de la famille du président martyr, du ministre Michel Eddé, des députés Pierre Daccache, Habib Hakim, Jean Ghanem et Khatchig Babikian, des anciens députés Osman Dana, Michel Samaha, Joseph Hachem et Henri Chédid, de Mme Sithrida Geagea, de M. Dory Chamoun, chef du Parti national libéral, du général Nadim Lteif, représentant le courant aouniste, de MM. Emile Rahmé, chef du parti «Solidarité», Georges Saadé, Mounir Hajj et Karim Pakradouni, respectivement chef et vice-présidents des Kataëb, Elie Karamé, chef de l’opposition Kataëb, Pierre Hélou, président de la Ligue maronite, Habib Efrem, président de la Ligue syriaque, Elias Abou Rizk, président de la CGTL opposante, Raymond Raphaël, président du Conseil général maronite, Rafic Chélala, directeur général de l’ANI, de MM. Fouad Turk, Gebrane Tuéni, Neematallah Abi Nasr, Hareth Chehab et des anciens camarades de Béchir Gemayel, MM. Fouad Abou Nader, Massoud Achkar, Joe Eddé, Nizar Najarian, Alfred Madi, Samir Tawilé, Fawzi Mahfouz, Charles Ghostine et Assaad Chaftari.
Dans l’homélie qu’il a prononcée au nom du patriarche Sfeir, Mgr Aboujaoudé a rendu un vibrant hommage au président Gemayel, mettant notamment l’accent sur son attachement à un Liban unifié, souverain et libre, ainsi qu’aux valeurs du christianisme. «Quinze ans plus tard, nous sentons toujours dans nos cœurs l’espoir que le président Béchir Gemayel avait donné au Liban et la douleur et la déception laissées par son assassinat», a-t-il déclaré. Mgr Aboujaoudé a estimé que si Béchir Gemayel avait vécu, il aurait mis en application les principes définis par le pape Jean-Paul II dans l’Exhortation apostolique, du moment qu’il œuvrait dans son vivant dans le même esprit, selon lui.
Puis au moment de l’énumération des intentions, c’est Nadim Béchir Gemayel qui a pris la parole. Les quelques mots qu’il a prononcés lui ont valu une ovation debout de l’assistance: «Tu es parti il y a 15 ans et j’ai aujourd’hui 15 ans. Aussi loin que mes souvenirs remontent, ce sont les mêmes propos que j’entends, depuis que j’ai commencé à assister à cette messe: tu vis toujours dans notre cœur et notre esprit. J’ai 15 ans et j’entends toujours les mêmes propos. Je sais que nombreux sont ceux qui parmi nous, — ou même parmi ceux qui n’ont pas pu venir — voudraient que ces propos se transforment en actes. On raviverait le souvenir de Béchir en réalité si on transformait ces paroles en actes. Le temps des paroles est révolu. N’ayons crainte de dire la vérité».

Une marche en dépit de l’interdit

Au terme de la messe, des fleurs ont été distribuées à la foule qui s’est dirigée vers le monument commémoratif de la Place Sassine, en dépit de la décision du mohafez de Beyrouth d’interdire cette marche, devenue traditionnelle. La Fondation Béchir Gemayel avait adressé une demande d’autorisation au mohafez qui l’a rejetée. Le monument érigé en mémoire du président martyr et de ses 23 compagnons a été récemment restauré par la Fondation Béchir Gemayel et les «Compagnons de Béchir».
En quelques minutes, la Place Sassine, quadrillée par l’armée, avait disparue, noyée sous une dense marée humaine. Plusieurs jeunes gens brandissaient des portraits du président défunt, des banderoles portant l’inscription «Nous resterons», sous la croix des FL, des fanions des FL et des Kataëb. Dans le même temps, des voitures sillonnaient en convois les rues d’Achrafieh, brandissant des portraits du président assassiné.
Sur le lieu de l’attentat, devenu un jardin public, la foule s’est recueillie pendant que Mme Solange Gemayel, ses enfants Nadim et Youmna, puis les cadres Kataëb et une représentante de l’Association d’amitié libano-italienne déposaient des gerbes de fleurs au pied du monument commémoratif et plus précisément autour de la flamme symbolique. Par la suite, ce sont les centaines de personnes, venues des quatre coins du Liban, qui ont chacune déposé une fleur au pied de la stèle commémorative du «jardin public de recueillement».
Mme Solange Gemayel a ensuite prononcé un discours dans lequel elle a vivement critiqué les autorités avant de s’engager à poursuivre la lutte en vue de la récupération de la souveraineté et de la liberté de décision libanaise. Mme Gemayel a entamé son allocution en évoquant l’interdiction de la marche. «Nous sommes au-dessous des lois que nous ne voulons pas défier, surtout lorsqu’elles sont justes et qu’elles touchent tout le monde. Mais lorsque nous sommes en présence de lois qui consacrent la politique de deux poids, deux mesures et qui nous défient, nous ne pouvons que relever ce défi. Voilà 15 ans que nous prions pour Béchir, mort pour que reste cette République et pour que se maintienne la liberté, et voilà qu’aujourd’hui certains pôles de cette République refusent de nous permettre de déposer une fleur sur le mausolée du chef de l’Etat. Il est certain que ce n’est pas de cette République que rêvait Béchir et il est sûr qu’il n’aurait pas pu déléguer des responsabilités à des gens qui ont retourné leurs vestes 100 fois pour préserver leurs intérêts», a-t-elle déclaré.
Mme Gemayel s’est ensuite félicitée de la présence massive des compagnons de Béchir pour la commémoration de son souvenir. «Béchir se sent rassuré parce qu’il existe aujourd’hui encore des hommes prêts à défendre les principes et les valeurs pour lesquels beaucoup sont morts et qu’il existe aussi dans ce pays qui va à la dérive des jeunes gens désireux de se réunir, de conjuguer leurs efforts et d’oublier leurs querelles pour restituer au Liban sa dignité et sa fierté», a-t-elle ajouté avant de s’engager à poursuivre la lutte engagée par le président Gemayel: «Nous resterons fidèles à notre pays et nous ne le laisserons pas, comme d’autres l’ont fait, aller à la dérive; nous continuerons de lutter pour la liberté. Notre souci est de nous entraider et de conjuguer nos efforts pour restituer à ce pays sa souveraineté et sa liberté de décision».
Et de poursuivre: «Nous refusons d’être dépendants de quelqu’un ou sous la protection de quelqu’un. Nos martyrs nous avaient protégé et avaient préservé notre cause et notre présence dans ce pays. Il est du devoir de l’Etat de préserver la sécurité et la liberté de chaque citoyen». Puis Mme Gemayel a informé l’assistance qu’une chaîne de télévision qu’elle n’a pas nommée (la LBCI) avait été empêchée de retransmettre en direct la messe et la cérémonie. «Vous connaissez l’autorité supérieure qui a décidé cette interdiction», a-t-elle ajouté. «Ils se trompent s’ils croient que cela nous poussera davantage au désespoir. La répression ne peut que renforcer notre détermination à défendre les libertés sans lesquelles le Liban ne peut pas rester. Il m’importe de poser aujourd’hui la question suivante: qui nous gouverne? D’où les ordres sont-ils lancés? Cet Etat existe-t-il ou ne fait-il qu’attendre les ordres»?
Elle s’est dit ensuite «fière parce que Béchir continue de «leur» faire peur même après sa mort, de sorte à ce que quinze ans après son assassinat, ils ne peuvent toujours pas supporter de voir des portraits brandis dans les rues ou une messe célébrée à sa mémoire».
«Nous voulons savoir qui nous gouverne et d’oùles ordres sont donnés», déclare Solange GemayelNon moins de 2000 personnes ont pris part hier à la messe et à la cérémonie commémorant le quinzième anniversaire de l’assassinat du président Béchir Gemayel.La commémoration s’est caractérisée cette année par l’importance de l’assistance, mais aussi par la nature...